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Talking (Parler) est le livre qui marque un tournant décisif dans la réflexion poétique de David Antin. Rompant avec les poèmes de ses débuts, il inaugure les pièces qui feront de David Antin l'un des poètes les plus singuliers de sa génération.
En 1972, Antin imagine ses « talk pieces », parfois appelées « talk poems », en réécoutant sur son autoradio l'enregistrement d'une conférence (« talk ») qu'il vient de donner à des étudiants d'art à Pomona. La retranscription de cette conférence, sans capitales, virgules ni points, mais ponctuée par de simples espaces plus grands qu'il emploiera chaque fois que sur la bande il s'entendra respirer, devient le premier des talk poems : « talking at pomona », publié dans ce livre charnière qu'est Talking.
Aux côtés de ce tout premier « poème parlé » sont publiées d'autres pièces proches de l'art conceptuel amércain, poème-journal et pièces improvisées au magnétophone (en privé dans une premier temps), qui rassemblent sans hiérarchie tout ce que l'acte de parler convoque : anecdotes, hésitations, exemples, divagations, silences, plaisanteries, méditations... Autant d'éléments qui laissent affluer de façon plus ou moins directe des questions philosophiques, littéraires, politiques, artistiques ou sociales.
Car la pensée, pour Antin, est inséparable de la parole. Parler, c'est dialoguer avec une idée, c'est offrir au discours un espace critique et une marge de manoeuvre.
Il importe ensuite de trouver une forme pour transposer ce dire à l'écrit. Pour ce faire, David Antin opère toute une série de décisions typographiques qui donnent à ses textes une dimension visuelle remarquable. Plus proches d'un d'enregistrement que d'une partition, c'est pourtant à l'oeil que ces enregistrements s'adressent en premier.
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Les verbes de la jubilation, les verbes de la libération
Emmanuel Fournier
- Héros-Limite
- Revue L'Ours Blanc
- 19 Novembre 2021
- 9782889550616
Initié dans la revue Contrat Maint, la Théorie des verbes d'Emmanuel Fournier trouve son achèvement aujourd'hui. Chacun des textes qui composent cette suite résulte du montage de fragments de textes prélevés dans deux livres de deux auteurs différents. Pour Les verbes de la jubilation, Fournier puise dans Le gai savoir de Nietzsche et dans Roland Barthes par Roland Barthes. Pour Les verbes de la libération ce sont Notre-Dame du Paris de Victor Hugo et Léonard et les philosophes de Paul Valéry qui sont mis à contribution. Comme jadis John Cage « préparait » son piano, Emmanuel Fournier « prépare » ses fragments pour les imbriquer dans le montage final. Le statut d'auteur se trouve ainsi mis radicalement en jeu. L'exercice de la pensée qui va de pair avec l'énonciation de la parole poétique se trouve soumis aux aléas de l'extériorité paradoxalement recherchée comme une chance d'approfondissement. Il en résulte des textes d'une étrange beauté et d'une intelligence provocante.
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Nous avons de pluie assez eu
Laurie Clark, Erica Van horn
- Héros-Limite
- 18 Septembre 2020
- 9782889550272
Les courts textes qui composent Nous avons de pluie assez eu sont autant de petits morceaux d'une vie dans la campagne irlandaise. Mais ce quotidien s'articule uniquement autour d'anecdotes qui ont trait - d'une façon ou d'une autre - aux oiseaux croisés par la narratrice En ornithologue peu avisée, elle traque les oiseaux qui peuplent son quotidien, ainsi que leurs interactions involontaires avec la société humaine : la fierté de celui ou celle qui aura aperçu « la première hirondelle », au moment du retour de ces oiseaux ; l'agacement des habitants face à leurs voitures, maisons et meubles de jardin couverts d'excréments ; un pigeon mort qui devient une représentation de l'absence ; des coquilles d'oeufs difficiles à reconnaître, un oiseau en plastique qui semble vrai,...
Avec légèreté et délicatesse, Erica van Horn observe chacun des oiseaux rencontrés avec le même soin. Elle propose un recueil ornithologique inattendu, poétique, où il ne s'agit pas tant de reconnaître les oiseaux que de les observer dans leurs rencontres quotidiennes avec les humains, et de voir comment leur présence influence et marque la vie d'un village elle-même.
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Le pas du coq réunit quelques-uns des billets qu'Erica Van Horn rédige régulièrement pour rendre compte de l'état du monde vu depuis son petit village du comté de Tipperary, en Irlande. A travers la série des portraits hauts en couleurs de ses voisins immédiats, elle s'attache à décrire la trajectoire de gens simples dont le génie consiste à s'approprier des conditions de vie parfois rudes, rarement propices à l'épanouissement personnel, pour réinventer des modes d'occupation poétique du monde. Ainsi de l'indestructible optimiste Tom Browne, un vieil ouvrier qui continue, après sa retraite, à construire des maisons mais en modèles réduits et s'invente, pour régler son existence, des listes fantaisistes dont il ne sait plus énumérer les items.
Avec beaucoup de délicatesse et un sens aigu de l'observation, Erica Van Horn pose sur le monde immédiat du quotidien un regard plein de l'intelligence du coeur. Ce faisant elle délivre une leçon de vie que nous aurions tort de minimiser.