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Macula
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L'Empreinte de la séduction : Estampes du XVe au XXIe siècle
Nathalie Strasser
- Macula
- 13 Septembre 2024
- 9782865891603
Les gravures de la collection Jean Bonna complètent à merveille l'ensemble de dessins réunis par lui, qui ont fait l'objet de catalogues raisonnés et de plusieurs expositions, notamment au Metropolitan Museum of Art de New York et à l'École des Beaux-Arts de Paris. Pour le choix de ces estampes, le collectionneur revendique un critère simple : la grâce et la beauté de feuilles qui s'échelonnent sur plus de cinq cents ans. Les maîtres anciens comme Antonio Pollaiuolo et Andrea Mantegna, Albrecht Dürer et Hans Baldung Grien, Lucas van Leyden et Hendrick Goltzius dialoguent ainsi avec Rembrandt et Francisco de Goya, Odilon Redon ou les graveurs suisses Félix Vallotton et Franz Gertsch. Libres ou réunies dans des albums, près de deux cents feuilles sont ici commentées, selon une perspective permettant d'esquisser une histoire de l'image multipliée. Contrairement aux dessins de la collection, ces gravures n'ont jamais été présentées au public et cet ouvrage est donc l'occasion de découvrir un ensemble d'épreuves souvent inédites.
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L'apostrophe muette : essai sur les portraits du Fayoum
Jean-Christophe Bailly
- Macula
- 19 Mai 2023
- 9782865891481
Les portraits du Fayoum sont cette population silencieuse incarnée par des visages que les fouilles ont peu à peu fait sortir des tombeaux. Réalisés dans l'Égypte romaine des trois premiers siècles de notre ère, et relevant à la fois d'une tradition mimétique grecque et d'un accompagnement rituel proprement égyptien, ils n'étaient pas destinés à être vus. Mais depuis qu'ils ont été retrouvés et identifiés, ils n'ont cessé de fasciner. Dispersée à travers le monde, leur énigme reste intacte, nous sommes avec eux devant un seuil : depuis le côté de la mort où ils ont basculé ils nous regardent, les yeux ouverts, comme s'ils étaient vivants. Du coup, via leurs noms, leurs parures, et comme sortis du réseau de bandelettes entourant les momies où ils étaient encastrés, ils nous renvoient à tout un monde qui n'existe plus et qui fut le leur. Avec eux c'est toute l'histoire du portrait et sa relation à la mort qui s'inaugure, dans une douceur étrange et insistante.
Passionné par ces visages, Jean-Christophe Bailly, a tenté, tout en reconstituant l'atelier de pensées qui les a libérés, de rendre transparente la relation que nous pouvons désormais avoir avec eux.
La présente édition reprend celle publiée en 1997 par les éditions Hazan* en lui ajoutant une préface qui souligne l'actualité sans fin reconduite de cet exceptionnel moment où plusieurs civilisations méditerranéennes se sont rencontrées autour d'images qui furent d'abord des gestes d'observance.
* livre traduit en italien (Quodlibet, 1998) et en espagnol (Akal, 2001). -
Le Dehors dedans : Averroès en peinture
Jean-baptiste Brenet
- Macula
- Patte D'Oie
- 4 Octobre 2024
- 9782865891580
Cet essai sur la représentation du penseur arabe dans la peinture italienne entre les XIVe et XVIe siècles s'appuie sur la lecture d'oeuvres particulières. Il est suivi d'un corpus de textes latins médiévaux témoignant de la querelle théorique que présupposent ces représentations d'Averroès. L'ensemble remet en question l'image de l'Europe chrétienne comme héritière directe de la pensée grecque
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Pour cet ouvrage, Érik Bullot s'est inspiré de notes et de fragments sur le devenir du cinéma du poète Saint-Pol-Roux (1861-1940), écrits dans les années 1930, réunis et publiés par Gérard Macé en 1972 sous le titre Cinéma vivant.
L'ouvrage d'Érik Bullot est composé en trois parties : un essai principal sur le cinéma mental et imaginaire en vingt-quatre images ; un portfolio de 12 images produites par l'IA et un court essai sur l'anti-cinéma. L'auteur emmène son lecteur avec beaucoup de finesse de la préhistoire du septième art (Daguerre) à son histoire (Lumière), pour terminer avec une proposition de post-histoire du cinéma. Par l'insertion de la série de douze photographies, produites en 2024 avec l'intelligence artificielle générative, Erik Bullot se propose d'illustrer le programme visionnaire de Saint-Pol-Roux et ouvre ainsi un dialogue entre les générations et les techniques.
Une certaine actualité en 2025 permettra d'accompagner la sortie de l'ouvrage. En janvier, s'ouvrira une exposition personnelle, Voyages en kaléidoscope, de l'artiste au centre d'art contemporain Le Tanneries, Amilly, où sera présentée sa série de photographies générées par l'intelligence artificielle. Cette série sera également montrée dans l'exposition, Le Monde selon l'IA, au Jeu de Paume du 11 avril au 21 septembre 2025. -
Il se pourrait que le rituel du serpent soit la meilleure introduction à l'oeuvre profonde et singulière d'aby warburg (1866-1929), le chemin le plus direct pour atteindre le coeur de sa pensée.
Entreprise à 29 ans, son équipée chez les hopis nous apparaît comme l'expression spatialisée d'un désir incoercible d'échapper aux confinements, aux conditionnements de son milieu et de sa discipline académique : " j'étais sincèrement dégoûté de l'histoire de l'art esthétisante. " pour ce spécialiste déjà réputé du quattrocento, attentif à la grande voix impérieuse de nietzsche, " la contemplation formelle de l'image " ne pouvait engendrer que " des bavardages stériles ".
Warburg passera cinq mois en amérique. il observe, dessine, photographie les rituels indiens. rentré à hambourg, il organise trois projections dans des photo-clubs. puis plus rien. silence. il reprend sa vie de chercheur, publie des essais qui feront date : " art italien et astrologie. " (1912), " la divination païenne et antique dans les écrits et les images à l'époque de luther " (1920), etc. l'épisode indien est oublié, refoulé.
Mais voici qu'en 1923, vingt-sept ans après son enquête chez les hopis, warburg, interné dans la clinique psychiatrique de ludwig binswanger, à kreuzlingen, pour de graves troubles mentaux accentués par la guerre, demande avec insistance à prononcer une conférence. alors ressurgissent devant soignants et malades tous les détail du voyage américain : danses, sanctuaires, parures, gestes, habitats, dessins, rencontres ; mais aussi la chaîne d'associations qui, sur le thème ambivalent du serpent - cruel avec laocoon, bénéfique avec asclépios, séducteur et mortifère avec les nymphes serpentines de botticelli ou de ghirlandaio - n'a cessé d'entraîner warburg d'une antiquité millénaire jusqu'aux pratiques cérémonielles des " primitifs " (et vice et versa).
Du même coup deviennent inséparables dans sa bouche la part de l'oeuvre et la part du rite, la part de " l'énergie naturelle " et la part de " l'intelligence organisée ", la part de l'art et la part de l'anthropologie.
Ce qu'il cherchait, ce qu'il a trouvé chez les hopis, il en prend conscience à kreuzlingen : c'est le point de distance dont il avait besoin pour reformuler son travail, revisiter l'art européen : " après mon retour, écrira-t-il en 1927, je me penchai sur la culture florentine du quattrocento, afin d'examiner sur une tout autre base, plus large cette fois, la structure psychique de l'homme de la renaissance.
" son " pas de côté " dans l'univers " primitif " des indiens a permis à warburg d'en terminer avec l'idée de l'oeuvre comme fin en soi, réduite à la delectatio, de dépasser l'histoire du goût, le connoisseurship, l'attributionnisme, le biographisme, le formalisme restreint de wölfflin. a ses yeux, l'art relève de l'anthropologie culturelle, et rien ne doit échapper aux investigations du chercheur ethnologie, mais aussi astrologie, mythologie, théories du geste, psychologie.
Warburg est par excellence le héraut du décloisonnement des savoirs. introduit par l'historien de l'art joseph koerner, le rituel du serpent s'accompagne du journal tenu par warburg aux etats-unis, d'un texte de son élève et successeur fritz saxl, " le voyage de warburg au nouveau-mexique " (1930), et d'un essai inédit de benedetto cestelli guidi sur warburg collectionneur d'objets pueblos. -
En 2019, Gilberte Tsaï a invité l'artiste italien Giuseppe Penone à donner une conférence à l'adresse des enfants sur sa pratique artistique de la sculpture. Elle explique sa première rencontre avec son travail au détour d'un sentier : « Il y a une vingtaine d'années, je me promenais dans le parc du Domaine de Kerguehennec, en Bretagne, et au détour d'un chemin, j'ai vu une sculpture qui m'a beaucoup émue. Un être humain en bronze était en mouvement vers l'avant, on pouvait voir au sol les traces de ses pas, et son corps était traversé par un petit arbre frêle. Cette oeuvre, apparaissant comme un symbole de la relation entre les humains et la nature, m'a énormément marquée ; comme cela arrive parfois, on tombe en arrêt devant une oeuvre, on se sent très ému, et elle va vous accompagner toute votre vie. C'est la première oeuvre que j'ai vue de Giuseppe Penone, elle s'intitulait Un sentier decharme. » Dans un texte court et précis, Giuseppe Penone explique sa démarche artistique et plus spécifiquement les liens qu'il entretient avec les éléments qui l'entourent tels que l'air, les pommes de terre, les arbres, les courges, les feuilles : « Un travail de sculpture ce n'est pas un travail de parole, c'est un travail de matière, [...]. Mon travail, au fond est un travail d'émerveillement, par rapport à la réalité, par rapport à la matière. » En se concentrant sur la matérialité de la sculpture dans son travail, il nous permet de suivre ses mains et d'entrer - littéralement - dans le bronze, le bois et le souffle du vent. À la fois poétiques et pratiques, ces pages nous emmènent sur les sentiers de l'un des plus saisissants créateurs de son époque.
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Des neuf millénaires d'histoire et d'art que couvrent les collections du musée du Louvre, des confins de l'Indus à la cordillère des Andes, de toutes les matières qui y sont employées, Grégory Quenet s'est inspiré pour faire résonner autrement les enjeux communs de l'écologie. En faisant revivre les mondes de cinq des oeuvres exposées, il tente d'ouvrir des pistes nouvelles, au coeur du musée, pour penser notre rapport à l'environnement - et d'abord à nous-mêmes.
En « un après-midi au Louvre », le passage de l'intérieur à l'extérieur, l'action sur l'environnement en Mésopotamie, les paysages métaphysiques, les animaux du Brésil, le changement climatique, prennent corps dans les espaces et les collections du Louvre, rassemblant des expériences humaines de trente siècles. En prenant en considération les « environnements de l'oeuvre d'art », suivant les termes de Grégory Quenet, ce sont les nôtres que nous pouvons ensuite découvrir.
Laurence des Cars, Présidente-directrice du musée du Louvre -
De la description
Johann-Joachim Winckelmann
- Macula
- La Littérature Artistique
- 17 Novembre 2023
- 9782865891528
Winckelmann observe sur sa personne les effets de cette empathie : « [...] ma poitrine a semblé se dilater et se gonfler. Transporté par une émotion puissante qui me hissait au-dessus de moi-même, j'adoptai, pour regarder avec dignité l'Apollon, un port sublime ». De telles extases ne vont pas sans combats intérieurs. L'auteur ne cesse d'osciller de la norme à sa transgression, de la raison au vertige, de la sublimation à l'effusion. Son impressionnant savoir historique, anatomique, technique est traversé de bouffées désirantes qui s'apparentent à des poèmes, des chants d'amour.
Pour mettre en évidence ces écarts, ces tensions, ces oscillations, Élisabeth Décultot a pris le parti de présenter, traduire, juxtaposer et comparer les diverses descriptions que « le père de l'histoire de l'art » a consacrées à chacune des trois plus célèbres sculptures antiques : le Laocoon, le Torse et l'Apollon du Belvédère. Spécialiste de la période, Élisabeth Décultot nous offre une réinterprétation radicale de Winckelmann et de son influence sur les modernes, depuis Diderot à nos jours. -
Voici le premier livre en français sur Aby Warburg (1866-1929). Fondateur de la discipline iconologique, créateur du prestigieux institut qui porte son nom, Warburg a compté parmi ses disciples les plus célèbres historiens d'art du siècle : E. Panofsky, E. Wind, F. Saxl...
Avec Warburg, l'histoire de l'art n'opère plus aux confins de l'anthropologie : elle en est une catégorie. Plutôt que leur beauté, il met en évidence l'efficacité des images. Ses mots clés sont : survivance, magie, astrologie, empathie, animisme, totémisme...
À trente ans, en 1896, par un geste raisonné de rupture, il se rend chez les Hopis du Nouveau-Mexique. Étrange parcours mélancolique d'un historien qui va trouver dans les rituels des Indiens pueblos les réponses aux énigmes que lui posait la Renaissance de l'Occident.
À partir de 1924, Warburg élabore avec son Atlas intitulé Mnémosyne une «histoire de l'art sans texte» qui procède par juxtaposition de documents empruntés à tous les champs du savoir, esquisse mystérieuse d'un nouveau type d'exposé et d'exposition, loin des généalogies établies.
L'ouvrage de Philippe-Alain Michaud n'est pas seulement un livre sur Warburg, c'est un livre avec Warburg - dont il prolonge les intuitions en introduisant dans son analyse le daguerréotype, les expériences de Marey, le cinéma primitif, la danse de Loïe Fuller, toutes pratiques qui affleurent dans l'interprétation warburgienne des images et qui en éclairent la singularité.
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Ut musica poesis : poésie visuelle et sonore au Moyen âge et aujourd hui
Nathalie Koble
- Macula
- 17 Mai 2024
- 9782865891559
De la partition sur la page médiévale à la partition d'opéra prise à la source du lyrisme courtois, en passant par les expériences poétiques qui associent le corps à la voix, le mot à l'image, cet ouvrage met en évidence des filiations peu connues entre les avant-gardes poétiques du second XXe siècle et des corpus poétiques médiévaux. Collaboratif, ce livre réunit des médiévistes et des contemporanéistes, et propose quatorze analyses de cas pour approfondir l'histoire de la poésie visuelle et sonore. Le livre est organisé en trois chapitres ; le premier, « Partitions poétiques, poésies sonores », explore conjointement la façon dont la poésie, de l'époque médiévale à l'extrême contemporain vit hors du livre, transite par les voix et les corps, et la manière dont les supports (manuscrits, livres, revues, rouleaux, partitions, disques, cassettes...) gardent la mémoire et la trace de ces performances. Le deuxième chapitre, « Les yeux des oreilles : poèmes à voir », se concentre sur la poésie visuelle, dans la longue durée. Du brocard de soie perdu, brodé par la poétesse chinoise du IVe siècle Su Hui, aux oeuvres typographiques et tissées de Josef et Anni Albers, en passant par les dessins, rébus et calligrammes des copistes médiévaux, les différents supports accueillent de multiples jeux de lettres, de formes, de formats et de signes qui font de la poésie un terrain d'expérimentations graphiques. Enfin, le troisième chapitre, « Ut poesis musica : scènes courtoises contemporaines », confronte deux opéras récents qui s'emparent de légendes attachées à des troubadours et font littéralement revenir deux poètes médiévaux sur le devant de la scène - L'Amour de loin de la compositrice finlandaise Kaija Saariaho sur un livret d'Amin Maalouf et Written on skin de George Benjamin et Martin Crimp. Pour réfléchir au lien entre mémoire et performance, poésie et expérience, mais aussi geste critique et invention, le livre s'ouvre aussi à la parole des poètes et des artistes : y figurent trois entretiens, avec les poètes Michèle Métail et Vincent Barras, dont des extraits d'oeuvres sont offerts à la lecture, ainsi qu'avec le metteur en scène Benjamin Lazar, au sujet de sa mise en scène par temps de confinement de l'opéra Written on skin.
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Clement Greenberg est le critique d'art américain le plus influent du XXe siècle - et ce livre, son maître-livre. Deux générations d'artistes et d'historiens de l'art moderne en ont tiré une manière de penser et, pour certains, de peindre et de sculpter. Toute la New York Scene s'est définie pour ou contre Greenberg - mais toujours par rapport à lui et, depuis vingt ans, des centaines d'articles polémiques lui ont été consacrés.
Qu'est-ce que l'art moderniste ? Qu'est-ce que le main stream, de Manet à Pollock ? D'où vient l'explosion de l'art américain d'après-guerre ? À quoi tient l'importance de Monet et Cézanne aujourd'hui ? Y a-t-il une spécificité de la sculpture contemporaine ? Faut-il préférer l'art abstrait ? Que vaut la peinture française depuis 1945 ? Kandinsky, Rouault, Soutine, Chagall sont-ils surfaits ? Le cubisme est-il la grande révolution artistique du siècle ?
C'est à ces questions que Greenberg répond dans Art et Culture : trente-huit articles - tous de circonstance - qui sont devenus autant de références pour la critique internationale.
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Le photographique ; pour une théorie des écarts
Rosalind Krauss
- Macula
- 15 Février 1990
- 9782865890279
Rosalind krauss est non seulement l'une des figures les plus considérables de l'histoire et de la critique de l'art moderne en amérique, mais celle dont les préoccupations devraient rencontrer les plus d'écho en france.
Rompue à la tradition du formalisme américain, elle s'en dégagea, sans jamais en renier les acquis critiques, pour fonder en 1976 la revue october, rapidement devenue l'organe essentiel d'un dialogue transatlantique. de fait son oeuvre critique fournit l'exemple même d'un dialogisme en acte, soit qu'elle réarticule un champ donné en y faisant travailler des concepts hétérogènes, soit qu'elle change tout simplement de champ pour y tester l'efficacité ou la précarité de méthodes éprouvées en histoire de l'art.
Venue de la critique des arts plastiques, rosalind krauss s'attaque ici à la photographie. ce déplacement produit d'abord une vérification négative : s'opposant à la pratique courante, elle-même déterminée par le marché, rosalind krauss démontre qu'il est erroné de vouloir penser la photographie selon les critères historiques et taxinomiques qui ont cours pour la peinture : l'univers de la photographie est celui de l'archive et non celui du musée, et on ne peut rien comprendre à atget si l'on n'en tient pas compte au préalable.
Deuxième moment logique : constitution de la photographie en tant que champ spécifique. la réfutation de la catégorie fluctuante de style par l'intervention de la notion d'écriture permet un redécoupage stratégique et fonctionnel de la production photographique de ce siècle, la nouvelle objectivité du bauhaus et la "beauté convulsive" du surréalisme prenant désormais sens l'une par rapport à l'autre.
Troisième moment logique, sans doute le plus important puisqu'il permet un retour critique sur certains mouvements de ce siècle dont l'analyse picturale s'était révélée stérile, par exemple le surréalisme : la photographie devenue modèle théorique et grille de lecture s'abolit en tant que domaine empirique. a l'heure oú l'antithéorie domine, ce livre apporte la preuve qu'il n'est pas de meilleur instrument que conceptuel pour aborder la radicale diversité du photographique.
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Qu'est-ce que la sculpture ? principes et procédures de l'Antiquité au XXe siècle
Rudolf Wittkower
- Macula
- Histoire De L'Art
- 8 Avril 2022
- 9782865891320
En racontant l'histoire de la sculpture depuis les premiers kouroï grecs jusqu'à Brancusi, l'auteur non seulement décrit la constitution matérielle des oeuvres, leur état physique, mais s'attache aussi au point de vue de l'esthétique. Wittkower nous indique pourquoi l'artiste choisit tel matériau, tel instrument, tel type de jointoiement ou de report, et en quoi ces procédures conditionnent à leur tour sa visée artistique.
Quel était l'avantage de la rapidité de modelage du Bernin pour ses célèbres modèles (ses bozzetti) ? Et pourquoi Canova lissait-il ses marbres ? Que montre le creusement des pupilles ? Quand s'autorise-t-on à fabriquer des oeuvres en combinant plusieurs blocs ?
Quels sont les effets d'un trépan, qui vrille et creuse la pierre (Michel-Ange n'en voulait pas), ou d'une gradine, qui la laboure (c'était son instrument favori) ? En quoi les pantographes et autres appareils de transfert ont-ils déplacé l'intérêt du sculpteur en deçà du marbre vers la maquette originelle en plâtre ?
Pour répondre à ces questions, Wittkower examine tour à tour 192 sculptures célèbres, permettant au lecteur d'accéder à la compréhension des oeuvres elles-mêmes et de ce qui a été un moteur pour leurs auteurs.
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Ut pictura poesis : humanisme et théorie de la peinture, XVe-XVIIIe siècles
Rensselaer W. Lee
- Macula
- 17 Mai 2024
- 9782865891542
Ut pictura poesis : la formule d'Horace (« la poésie est comme la peinture ») a été paradoxalement inversée par les hommes de la Renaissance et de l'Âge classique. Pendant trois siècles, de Léonard à Reynolds, la peinture s'est flattée d'être « comme la poésie » : subordonnée à la littérature, dont elle a tiré ses sources d'inspiration et sa raison d'être.
Cette rencontre se défait au XVIIIe siècle : affirmation d'un réalisme qui entend puiser ses thèmes directement dans la nature ; théories du génie et du sublime qui autorisent les excès de l'expression individuelle ; travail des philosophes qui, tel Lessing (1766), veulent dégager la spécificité de chaque pratique artistique ; autonomie croissante des constituants picturaux : couleur, texture, surface, etc.
Pour nous conter l'histoire de cette transformation, l'auteur procède par rapprochements, citations, références ; il explicite tour à tour la théorie de l'art en Italie (de Dolce à Bellori), la doctrine de l'Académie et de ses adversaires (Félibien, De Piles, Du Bos), enfin les débats en Angleterre autour du magistère de Reynolds à l'aube du romantisme.
Publié pour la première fois en français aux Éditions Macula en 1991, l'Ut pictura poesis de Lee est encore aujourd'hui un texte majeur et méritait à ce titre d'être réédité. -
Quand les faibles se prennent pour des forts
Alexandre Constanzo, Daniel Costanzo
- Macula
- 18 Novembre 2024
- 9782865891627
Cet ouvrage est né de la correspondance de Thomas Hirschhorn avec les philosophes Alexandre et
Daniel Costanzo, principalement concentrée entre 2014 et 2019. Alors qu'il réalise à cette période
certains projets emblématiques (on pense notamment à l'exposition Flamme Éternelle, organisée au
Palais de Tokyo, Paris, en 2014 et à la Robert Walser Skulptur inaugurée à Bienne, Suisse, en
2019), cette correspondance offre à l'artiste suisse l'occasion de préciser ses méthodes de travail, de
revoir parfois ses ambitions à l'aune de la réalisation d'une pièce, et de clarifier ce qu'il nomme luimême
ses « plans ». On y retrouve la manière unique que Thomas Hirschhorn a d'organiser une
pensée politique, esthétique et sociale, en croisant expérimentations plastiques collectives et
lectures théoriques. Il y est toujours question de l'art comme d'un « combat », de la nécessité de
créer des oeuvres qui répondent au principe de « non-satisfaction », et de celle de rester « positif
face au noyau dur de la réalité ».
L'ouvrage est introduit par un court essai de Daniel et Alexandre Costanzo qui isole, réorganise et
définit avec précision les termes théoriques, les méthodes et les stratégies esthétiques à l'oeuvre
dans le travail de Thomas Hirschhorn. Il est accompagné d'un riche cahier iconographique, d'une
chronologie et d'un index.
Quand les faibles se prennent pour des forts est le deuxième ouvrage que Thomas Hirschhorn
(1957) publie aux éditions Macula, après Une volonté de faire (2015), qui regroupait trente-huit
textes de l'artiste écrits en français entre 1990 et 2015.
Autour de l'ouvrage :
- Célébration critique des 20 ans de l'oeuvre-projet Musée Précaire Albinet aux
Laboratoires d'Aubervilliers - À partir du 24 septembre 2024 -
Pasolini, le grand chant : poète et cinéaste
Hervé Joubert-laurencin
- Macula
- 19 Août 2022
- 9782865891399
Joubert-Laurencin, avec qui nous avons publié les deux volumes du critique de cinéma André Bazin en 2018 et Accattone de Pier Paolo Pasolini, scénario et dossier, en 2015. Il s'agit d'un travail de fond, mené depuis de nombreuses années par l'un des plus grands spécialistes de Pasolini, qui permet au lecteur de suivre l'extraordinaire production d'abord littéraire puis cinématographique d'un artiste à l'écriture polymorphe. Organisé de façon chronologique, l'ouvrage révèle comment la poésie et la littérature ont nourri les films de Pasolini en mettant au jour un système qui s'apparente à de l'orfèvrerie - à la manière d'un vitrail dont les détails de fabrication de chaque couleur nous seraient exposés. Si de nombreux livres existent sur Pasolini, celui-ci est unique en ce qu'il entreprend de saisir toute la vie et l'oeuvre de l'artiste. Ce projet d'envergure s'inscrit dans les célébrations du centenaire de la naissance de l'artiste en 2022.
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Idoles gothiques : Idéologie et fabrication des images dans l'art médiéval
Michael Camille
- Macula
- Anamnèses
- 20 Octobre 2023
- 9782865891498
Le livre de Michael Camille examine les représentations du culte des idoles au Moyen Âge. L'Auteur dévoile le fondement idéologique des oeuvres chrétiennes (peintures, statues, enluminures) qui décrivaient l'adoration des faux dieux aux XIII et XIVe siècles. En montrant que la critique des images idolâtres visait indirectement tous ceux que l'Église condamnait - païens, musulmans, juifs, hérétiques, homosexuels - Michael Camille met en évidence la façon dont la société médiévale envisageait à la fois l'autre et elle-même. Il associe la condamnation des images d'idolâtrie à la prolifération figurative propre à l'âge gothique, en un temps où les églises abondaient en reliques miraculeuses, statues et autres oeuvres « réalistes ». Les autorités ecclésiastiques se servirent de la notion d'idolâtrie pour combattre certains changements sociaux parmi les plus complexes de la période, en particulier ceux qui résultaient de la sécularisation croissante de la société. L'auteur étudie l'usage des images sacrées par le pouvoir royal. Il analyse les conventions de l'amour courtois dans lesquelles les femmes étaient idéalisées comme des objets de désir inaccessibles et simultanément dénigrées par l'Église comme créatures perverses. En s'efforçant de donner vie à l'image gothique, Michael Camille montre le bon usage qu'on peut faire des images pour explorer les attitudes et les croyances d'une société. Cet ouvrage est le quatrième titre de la collection « Anamnèse. Médiéval/Contemporain », dirigée par Zrinka Stahuljak, qui entend montrer « ce que le Moyen Âge fait surgir dans le contemporain, ce que le contemporain fait surgir du Moyen Âge ». La postface de Patrick Boucheron permet de situer justement la place du chercheur, Michael Camille, à l'époque de la publication de ce texte comme dans la recherche actuelle. Elle rend magnifiquement compte de l'actualité du texte de Camille sur la complexité de vivre avec cet « Autre » - dans la société médiévale comme dans notre époque actuelle.
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Dans leur ouvrage, Le passé est un événement, Laurent Olivier et Mireille Séguy posaient cette question : « Quel sens le passé peut-il prendre pour le présent à partir duquel nous le percevons ? » Vaste question qui autorise une large palette de réponses. Peter Geimer, lui, s'est concentré sur les tentatives de recréer le passé par des images selon la chronologie suivante : peinture (en couleur), photographie (en noir et blanc) puis le film (en mouvement). Son essai sur cet enregistrement du passé débute avec la peintre d'histoire (Meissonier) et la peinture de panoramas ; le chapitre suivant aborde la photographie, procédé qui permet une autre possibilité de disposer du temps dont l'arrêt sur image est le plus ensorcelant ; le dernier chapitre traite du film qui vient ajouter à ce réservoir d'images une innovation capitale - la possibilité de leur redonner vie, de les animer. Grâce à une succession d'études de cas très bien choisis, Geimer s'empare des images du passé tout comme des images qui viennent du passé. Il déconstruit la formule fallacieuse du « 100% archives », explique comment certains acteurs fournissent des images du passé à une société et surtout nous met en garde sur les formes de témoignages visuels. Les vues historiques de Jérusalem qui ont été prises sur les lieux abandonnés de l'histoire biblique, la dernière image de Robert Capa, les images présentées dans l'exposition de 1995 sur les crimes de la Wehrmacht pendant la Seconde Guerre mondiale ou encore les images d'archive utilisées par des artistes - toutes ces images sont comprises comme des formes autonomes de manifestations de l'histoire. Mais, l'appropriation du réel historique au moyen de l'image dépend clairement depuis quel moment nous regardons le passé.
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Le style documentaire ; d'August Sander à Walker Evans (1920-1945)
Olivier Lugon
- Macula
- Le Champ De L'image
- 1 Octobre 2001
- 9782865890651
Sander, evans : ils ont produit quelques-unes des icônes du xxe siècle tout en prétendant n'y être pour rien.
Le " style documentaire " (la formule est d'evans, 1935) relève du paradoxe. par quel miracle ces photographes qui présentent leurs oeuvres comme des duplications du monde, de purs reflets, qui assurent que c'est le motif qui fait la photo, que c'est le modèle qui dicte l'image, par quel miracle ces réductionnistes, ces objectivistes ont-ils non seulement engendré une suite infinie de disciples mais aussi fourni les témoignages les plus durables sur l'allemagne de weimar (sander) et sur l'amérique de la dépression (evans) ? comment interpréter cette " neutralité " efficace ? comment cette " absence " de l'auteur a-t-elle suscité l'excès de présence des oeuvres ? par quelle alchimie l' " effacement " radical de l'artiste a-t-il pu devenir le comble de l'art ? olivier lugon a consacré plusieurs années au style documentaire, tant aux états-unis qu'en allemagne.
Il a travaillé à berlin et à cologne (en particulier sur le fonds sander), dépouillé à washington les archives de la fsa (farm security administration), interrogé les survivants. il a lu les périodiques, les correspondances, les catalogues, les livres de l'entre-deux guerres. il a rassemblé une masse d'informations sans équivalent dans l'édition française et internationale. le paradoxe du style documentaire ne pouvait s'éclairer que par le contexte institutionnel, esthétique et politique de la période.
Il fallait reprendre de fond en comble l'histoire de la photographie entre 1920 et 1945. olivier lugon nous décrit le rôle et l'accrochage des grandes expositions internationales en allemagne, l'activité des premières galeries, les fluctuations de la fsa pendant le new deal, les rapports de sander avec le groupe des artistes progressistes de cologne ; il nous révèle la qualité et l'ardeur polémique d'une prose critique souvent rédigée par les photographes eux-mêmes (w.
Evans, b. abbott, a. renger-patzsch, r. hausmann) ou par des théoriciens (w. petry, w. benjamin, s. kracauer en allemagne, l. kirstein ou e. maccausland aux états-unis). ceux-là s'interrogent sur l'impersonnalité comme valeur, sur les notions de vérité et de témoignage, sur la spécificité supposée du médium, sur la pertinence de la série et de la séquence, sur le statut de la légende, sur le portrait avec et sans pose, sur la photo de famille, sur la prise de vue à l'aveugle, etc.
Du même coup, les photographes du style documentaire inventent leur passé en sortant de l'oubli les grandes figures qui les ont précédés eugène atget (dont berenice abbott acquiert le fonds), lewis hine, mathew brady, julia cameron. ils promeuvent la carte postale, les clichés anonymes, en appellent aux photographes amateurs. eclipsé pendant la guerre, le style documentaire resurgira vingt ans plus tard, relayé par diane arbus, lee friedlander, garry winogrand, bernd et hilla becher, ainsi que par leurs élèves thomas ruff, thomas struth, andreas gursky.
Mais son rayonnement ne se limite pas à la photo. le style documentaire - en premier lieu le travail de w. evans - influencera durablement l'art américain d'après-guerre, du pop art au minimalisme, de jasper johns à l'art conceptuel. jamais le rôle fondateur de la photographie dans l'histoire de la représentation figurative n'aura été à ce point manifeste.
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August Strindberg (1849-1912) a non seulement mis à jour la violence des sentiments et la cruauté des mots dans son théâtre, ses romans mais il a aussi oeuvré en peintre et en critique d'art. Dans ses tableaux, d'où l'humain est banni, une nature sauvage, rude emplit la toile. Rien de joli, d'aimable. Une matière étalée au couteau qui magnifie les éléments de la nature face à l'homme et qui le renvoie à son insignifiance. Une déclinaison de tonalités, une symphonie de couleurs. L'intérêt de Strindberg pour la peinture se double d'un travail de critique. Un oeil perspicace avec une connaissance de la scène artistique nordique et une curiosité pour ce qui se passe ailleurs en Europe.
Formé par des cours d'esthétique à l'Université d'Uppsala, il étudie avec méthode les différentes théories esthétiques, lit ce qui est publié, se frotte aux classiques. Il s'intéresse à ce que produisent ses contemporains. Et subit l'attraction de Paris. Il y séjourne à plusieurs reprises, fréquente les cercles artistiques, découvre les impressionnistes naissants. Sa connaissance parfaite de la langue française qu'il pratique et écrit lui permet d'être publié sur place. Il voyage en Allemagne, en Suisse. Compare les peintres suédois influencés par l'école française, celles de Düsseldorf, de Munich. Et s'élabore peu à peu un corpus d'articles mettant en opposition la peinture française, produit du climat tempéré à une peinture suédoise, nordique plus âpre, plus rude. Aussi Strindberg développe une curiosité pour l'expérimentation photographique, nouveau média dont il comprit tout de suite les possibilités et comment les explorer grâce à son intérêt pour la chimie. À certaines périodes de sa vie, Strindberg éprouve un profond doute sur l'utilité sociale de toute activité artistique. Ses convictions à la fois politiques et sociales alliées à une sévère misanthropie l'amènent à un rejet de toute expression. Mais perdurent ces textes, ces analyses, dont vingt-six sont à lire au sein du présent recueil.
Jean Louis Schefer, écrivain, philosophe et critique d'art, s'est imprégné de ces textes « écrits pour un public à éduquer et non pas à satisfaire » et en a tiré une préface éclairante, où la langue de Strindberg fait écho à la sienne. Par la richesse de sa pensée et de son lexique, il dégage toute la poésie des Écrits sur l'art de Strindberg.
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Hanns Zischler arpente Berlin depuis plus de quarante ans, à pied, à vélo, en bus, avec une curiosité jamais assouvie et une faculté d'étonnement sans limite. Plus qu'un objet d'étude, le territoire de la ville devient dès lors le sujet de ce qu'il faut bien nommer une passion amoureuse, dont le présent livre nous confie quelques séquences choisies, une série d'impressions ou de tableaux à la fois sensibles et savants. S'y fait jour cet art si particulier du « toucher », que W. G. Sebald avait su reconnaître dans la manière de Zischler, chez qui légèreté et puissance d'émotion du récit semblent opérer en raison exactement inverse.
Berlin s'est construit dans le grand bac à sable de la vallée glaciaire primitive, l'Urstromtal, sur les sols instables et les marais de la Marche de Brandebourg. Il y avait donc, inscrite d'emblée dans le fatum de cette ville fascinante, l'impossibilité d'une sédimentation ou d'une stratification pérenne. Autant dire que c'est la géologie qui fut ici maître d'oeuvre : elle a façonné une sorte d'« inconscient urbain », où un insatiable appétit d'expansion s'est doublé d'une furie de destruction compulsive et sans cesse reconduite. Il n'est que de constater l'application avec laquelle architectes et urbanistes se sont employés, dès le début du xixe siècle, à débarrasser la physionomie de la ville de toute trace baroque pour comprendre l'anti-historisme auquel Berlin s'est voué sans réserve.
Aussi est-ce un paradoxe et une ironie que les convulsions et les embrasements de l'Histoire soient venus à maintes reprises soutenir cette volonté constante de table rase, depuis la politique inflationniste d'églises et de casernes menée avec entêtement par l'empereur Guillaume II jusqu'à la mortifiante division d'un Berlin pratiquement détruit à la fin de la Seconde Guerre mondiale, en passant par la « Germania délire » de l'infâme agence Hitler & Speer, pour aboutir aujourd'hui, dans la ville réunifiée, à la grande parade architecturale plastronnant le long de l'ancien Mur et de son no man's land cicatriciel.
Learning by Walking et grammaire générative des jambes, Hanns Zischler déroule ici la « phrase urbaine » berlinoise en peuplant sa promenade de figures toujours singulières : l'élégant Oskar Huth et les mille ressources de sa vie clandestine, la poétesse Gertrud Kolmar prise dans la nasse nazie sans que ce funeste destin ne réussisse pourtant à infléchir sa remarquable « tenue », le paysagiste Erwin Barth dont la vision configure encore le visage de Berlin. L'esprit curieux de l'auteur emboite le pas d'un inspecteur des chaussées, s'enchante d'une enquête de socio-ethnologie des jeux d'enfants, se souvient d'Agathe Lasch, linguiste juive qui dut émigrer en Pennsylvanie pour achever son dictionnaire du dialecte berlinois. Zischler s'assied à la table des architectes Hans Scharoun ou Erich Mendelssohn et n'hésite pas, autre utopie, à dresser comme un emblème au coeur de cette ville qui n'a pas de centre la monumentale tour rêvée par Tatline.
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Dans ses élégies - poèmes aux sujets variés mais le plus souvent mélancoliques - l'auteur, dans des textes beaux et mystérieux, lève le voile sur trois utopies : « Les élégies documentaires parlent d'une île, de ruches, d'une constellation. Les documents reproduits ont été trouvés dans des archives privées et publiques. Elles viennent de marchés aux puces, ont été parfois reproduites dans des ouvrages d'histoire. L'île de Rügen, sur la mer baltique, où Hitler lança la construction d'un camp de vacances, immense bâtiment inachevé devenu ruine insulaire. Les ruches, modèle d'architecture communautaire qui a nourri bien des utopies, sont celles des kibboutzim, dont le miel est devenu une guerre qui continue de sévir. La constellation d'Orion, enfin, sous le ciel de laquelle s'est préparée la Seconde Guerre mondiale tandis que l'observation des étoiles et les équations d'Einstein permettaient aux scientifiques d'inventer la bombe atomique. À partir des documents, j'ai été conduite à me demander ce que représente le tourisme de masse, quelle est la valeur du travail, comment regardons-nous les étoiles, que reste-t-il des utopies ? Telles sont quelques-unes des associations à partir desquelles la poussière est devenue élégie. »
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Passages ; une histoire de la sculpture de Rodin à Smithson
Rosalind Krauss
- Macula
- Vues
- 1 Mars 1997
- 9782865890569
Conduit en sept chapitres incisifs, ce parcours de la sculpture moderne commence avec Rodin, qui détruit tout à la fois l'unité de l'espace narratif (avec la Porte de l'enfer) et le postulat analytique (avec le Balzac). Il se poursuit par un examen du cubisme et de son héritage constructiviste, puis, après un intermède sur Brancusi et Duchamp, par l'une des seules analyses réalisées à ce jour de l'apport du surréalisme dans le domaine de la sculpture.
Les trois derniers chapitres concernent la période allant de l'après-guerre au début des années soixante-dix. De David Smith à Anthony Caro, des happenings aux volumes minimalistes, des empilements de Richard Serra à la Spiral Jetty de Robert Smithson s'affine peu à peu une esthétique du décentrement propre à notre modernité.
Une synthèse impressionnante où l'auteur déploie tour à tour son aptitude à l'analyse formelle des oeuvres et sa capacité à resituer l'art contemporain dans le champ général du savoir.
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Fernand Pouillon et l'Algérie ; bâtir à hauteur d'hommes
Kaouther Adimi, Daphné Bengoa, Léo Fabrizio
- Macula
- 14 Juin 2019
- 9782865891177
Daphné Bengoa et Leo Fabrizio, respectivement cinéaste et photographes, publient pour la première fois les fruits d'un projet d'envergure mené en commun sur l'oeuvre algérienne de l'architecte français Fernand Pouillon (1912-1986).
Fernand Pouillon conçoit l'aménagement de l'espace urbain avec pour précepte l'amélioration des conditions de vie de l'homme : lui apporter confort et qualité de vie, et ce quelque soit la destination de ses constructions (habitats d'urgence, logements sociaux, universitaires ou hôteliers). C'est pour l'architecte la seule garantie d'une meilleure intégration des individus au tissu social et culturel. Remettre l'humain au centre, bâtir pour sa dignité et ainsi, peut-être, lui permettre une relation harmonieuse à son environnement.
Si ce postulat semble une évidence pour tous, Fernand Pouillon reste néanmoins l'un des rares exemples du XXe siècle à l'avoir véritablement mis en pratique dans l'ensemble de son oeuvre, en France comme en Algérie. Bâtisseur effréné, il élabore chaque projet avec une exigence d'efficacité, de rationalité et d'économie de moyens. En parallèle, il étudie, enseigne, écrit et édite un ensemble de travaux relatifs à l'architecture et plus largement, sur la tâche et la responsabilité de l'architecte. Son oeuvre bâtie en Algérie - des cités (1953-1958) aux complexes touristiques et logements étudiants (1966- 1982) - éclaire particulièrement sa démarche et l'évolution d'une conception singulière de l'architecture sociale. Elle reste néanmoins encore très méconnue du grand public et la création d'un corpus photographique contemporain sur ce volet de son travail est à ce jour inédit.