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Kime
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L'effraction esthétique : l'écriture de l'art dans le discours philosophique
Marc Goldschmit
- Kime
- 19 Janvier 2024
- 9782380721300
Après les Grecs, l'art a disparu pendant plusieurs siècles de la philosophie. Il n'est revenu que beaucoup plus tard, au XVIIIe siècle, sous forme de considérations ou de théories la plupart du temps esthétiques. Ce retour du discours philosophique à l'art a été contemporain de la naissance de l'esthétique, et de la crise moderne ouverte par Kant : celle de la scission entre l'être du sujet et sa pensée (sa conscience). Contrairement aux apparences, le discours esthétique et philosophique sur l'art n'a pas d'abord constitué une discipline régionale et secondaire, qui s'occuperait d'une forme de connaissance mimétique de la réalité, et s'intéresserait aux effets subjectifs de l'art sur la sensibilité. La philosophie a plutôt été hantée par l'art, dès la naissance de l'esthétique, mais plus encore à partir de la réponse romantique et idéaliste à la crise de la modernité. La philosophie a en effet cherché dans l'art la possibilité de résoudre la séparation entre le sujet et l'absolu, et de réconcilier la liberté humaine et la Nature. Mais elle a en même temps rencontré son autre : l'art ne tient pas de discours, et rend sensible la présence de l'étranger, en brisant la totalité du savoir pour s'ouvrir aux différences. Ce livre cherche les traces de l'effraction esthétique de l'art, dans le discours philosophique, en lisant à rebours les philosophes de la première et de la seconde modernité (Kant et Nietzsche), ceux de la dernière modernité (Benjamin, Adorno), ceux d'après la fin de la modernité (Merleau-Ponty, Foucault, Derrida), et de la postmodernité (Lyotard, Rancière). Comment ces philosophes ont-ils laissé s'inscrire, parfois à leur insu ou à leur corps défendant, l'écriture moderne de l'art, la césure, la fragmentation, le morcellement venus de l'Autre, de l'inconnu, de l'inconscient ? Comment l'effraction esthétique atteint-elle la sensibilité et la pensée, jusque dans leurs conditions de possibilité et leurs limites ?
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L'idéologie américaine repose sur un principe : chacun peut réussir dans ce pays s'il s'en donne la peine. Cette assertion a inspiré un concept : le rêve américain. Cependant, comme dans tout autre pays, seule une minorité connaît le succès. Si l'essentiel du cinéma américain fait l'apologie des Etats-Unis, il existe un faible pourcentage de cinéastes qui ont choisi, dès la naissance du parlant au moins, d'offrir une image beaucoup plus sombre de leur pays.
Ainsi est né un personnage paradoxalement très américain, le loser, celui qui, pour avoir cru au rêve, paye le plus souvent sa conviction au prix de sa déchéance et même de sa vie. En réalité, le loser est le produit de trois données : l'histoire, qui repose sur un quasi-génocide et sur l'esclavage ; le calvinisme, qui fait de l'élection divine le moteur de toute existence ; le capitalisme qui privilégie absolument la réussite économique au détriment de la loi sociale.
Avec plus ou moins de constance, tous les genres cinématographiques ont montré des personnages de losers, mettant ainsi en évidence une véritable sociologie des laissés-pour-compte. Ce faisant, le cinéma américain, montrant les tares d'une société productrice d'individus trahis par l'illusion à laquelle elle incite à croire, démontre à la fois que l'Amérique n'est pas l'Eden dans lequel les Pèlerins ont pensé pénétrer, et qu'elle est condamnée, comme le loser, à l'échec, parce qu'elle contient dans ses fondements les tares qui auront raison d'elle.
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Le pianiste glenn gould s'est très vite retiré de la scène parce qu'elle lui semblait représenter et condenser toute la violence cachée des hommes, leur désir de compétition et leur goût douteux pour la performance.
Or la musique n'est ni un sport, ni seulement un art, mais une pensée active de toutes les dimensions de l'existence. glenn gould aura composé une oeuvre très originale, constituée autant de nombreux disques que d'articles et d'émissions de radio ou de télévision, pour promouvoir ce qu'il faut bien appeler une philosophie. dans sa cohérence et son esprit de conséquence, glenn gould apparaît comme un " idiot ", un personnage singulier qui fait penser à celui de dostoïevski : c'est pourquoi il inquiète et dérange aussi bien nos habitudes d'écoute et de langage que nos manières de penser en général, tout en ouvrant de nouveaux horizons à nos existences.
Gould aura entrepris une philosophie de la technique, susceptible non pas d'asservir les hommes mais de leur rendre leur liberté ; il aura redonné, comme nul autre, à entendre et à relire le répertoire ; il aura fait apparaître, par sa logique et son humour, tous nos travers modernes. c'est donc à la reconstitution possible de la pensée de glenn gould qu'on s'est attaché ici par des moyens délibérément philosophiques, bien loin des facilités courantes de l'anecdote ou de la manipulation des caractéristiques psychologiques.
C'est alors la figure d'un grand penseur qui apparaît, à laquelle il convient désormais de donner toute sa place.
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Créations Artistiques Contemporaines en Pays d'Islam : Des Arts en Tensions
Jocelyne Dakhlia
- Kime
- 6 Septembre 2006
- 9782841744022
Depuis une dizaine d'années, l'art et les créations artistiques ou littéraires contemporains d'un nombre croissant d'artistes, cinéastes, écrivains, musiciens, originaires de pays d'Islam, qu'ils soient ou non de " culture musulmane ", connaissent un développement totalement inédit.
Jamais le monde islamique contemporain n'avait été aussi présent, en France notamment, sur le plan culturel. Cette évolution, déjà très sensible, a été paradoxalement renforcée par le choc des attentats du 11 septembre 2001, comme si l'art devait et pouvait seul constituer le terrain d'une " réconciliation " avec l'Islam, comme s'il était le lieu où les conflits, enfin, se voyaient désamorcés, vidés de substance...
Ce livre, produit dans ce contexte de tensions et d'attentes, de possibles malentendus, entend, en premier lieu, donner une vision transversale des différents secteurs de la création artistique des pays d'Islam, de tous les domaines créatifs éventuellement " traversés " par la question de l'islam, pour faire le point sur ces dynamiques en cours, si mal connues ou trop souvent identifiées à quelques individualités, dans l'ignorance du milieu qui les porte.
L'ouvrage s'interroge, en second lieu, sur la portée de cet art dans l'espace civique, et dans le débat public, tant sur les scènes occidentales que dans le monde musulman.
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Muséographie des violences en Europe centrale et orientale
Delphine Bechtel, Luba Jurgenson
- Kime
- 8 Novembre 2016
- 9782841747672
L'espace muséographique dévolu, en Europe centrale et en ex-URSS, à la mémoire collective des violences de masse - génocides, camps, déportations, famines, persécutions - a connu, depuis la chute du Mur, un remaniement radical. De nouveaux enjeux politiques, sociaux, culturels, scientifiques, l'accès à des documents jusque-là inaccessibles, la circulation des idées et des savoirs à travers des frontières désormais ouvertes ont permis à la fois de créer des façons inédites de documenter le passé traumatique et d'initier une réflexion à l'échelle européenne, voire mondiale sur cette mise en mémoire du passé.
Des musées montrant les violences du régime soviétique ont ainsi vu le jour : musées du Goulag ou musées de l'occupation dans certaines ex-républiques ; les violences subies par les populations sous le nazisme ont reçu un éclairage nouveau. De nombreuses villes à l'Est de l'Europe se sont dotées de musées documentant les séquelles des deux totalitarismes dont elles ont tour à tour été victimes. Enfin, depuis quelques années on assiste à la création de musées virtuels qui ont notamment pour vocation de constituer un fond d'archives orales, support nouveau et bien différent de la photographie, de l'objet et du texte.
L'abondance de traces ainsi constituées pose de nombreuses questions d'ordre méthodologique et éthique quant à la pertinence et la possibilité de la représentation des violences et de la reconstruction du passé. Par ailleurs, la muséification laisse place au non-dit, au vide mémoriel, enfin à la déformation ou la falsification des données historiques. La compréhension de ces espaces totalement nouveaux ou remaniés ne peut se concevoir sans appréhender l'amplitude des enjeux mémoriels et le jeu croisé des expériences antagonistes.
A l'inverse, ces espaces révèlent un pan essentiel de la culture actuelle. Leurs architectures et scénographies, envisagées dans leur intéraction avec le paysage urbain ou naturel, reflètent et modèlent à la fois l'auto-représentation des Européens. Entre l'expérimentation artistique ou technique et la mise en place de discours, représentations, idéologies, le musée est un lieu paradoxal de cristallisations mais aussi de négociations mémorielles.
On remarquera que dans la construction des dispositifs mémoriels et des représentations des violences de masse, les modèles de la mise en mémoire de la Shoah, notamment muséale, depuis 1945 et jusqu'à nos jours, occupent une place importante.
D'autres espaces mémoriels se constituent sur le modèle des musées de guerre tels qu'ils étaient conçus en URSS et en Europe de l'Est d'avant 1989. Enfin certains pays optent pour une approche ethnique plus qu'universelle. Cette circulation de modèles à travers le dialogue ou l'affrontement des mémoires constitue l'un des axes de l'ouvrage.
L'ouvrage collectif Muséographie des violences en Europe centrale et en ex-URSS, consacré à ces problématiques, comprend 4 chapitres et regroupe les contributions de 14 chercheurs, avec une importante composante internationale (Russie, République tchèque, Suède, Pays-Bas, Pologne, Hongrie) dans une perspective pluridisciplinaire.
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Inscrit dans ce que l'on appelle « le cinéma moderne », Eric Rohmer n'a cessé de revendiquer son classicisme. Le paradoxe se comprend par la force structurante de la référence à la littérature libertine, qui explique le récit rohmérien comme les rapports entre les personnages. Cette réédition augmentée du Spectateur séduit le confirme à travers l'analyse des films des années deux mille et celle de nombreux écrits inédits conservés à l'IMEC.
Apparaît alors un nouveau Rohmer, lecteur de Sade - ce dont témoigne le court texte publié ici pour la première fois, « Les infortunes de la vertu. D'après une oeuvre célèbre du XVIIIe siècle français » - et cinéaste-écrivain, dont la démarche créatrice explore les limites entre littérature et cinéma.
Au-delà de la connaissance de l'oeuvre, l'enjeu est ici théorique. Qu'est-ce que la séduction ? Ce livre propose une réponse originale : séduire, c'est capter le désir de l'autre en donnant son propre désir en représentation. Partant de cas concrets, l'auteur définit une forme de séduction dont le principe est l'ambiguïté. Le modèle anthropologique qui se dégage du comportement des personnages est transposé sur un plan esthétique. La séduction doit alors être comprise comme une théorie de la représentation dans laquelle la place du spectateur est en jeu : ni leurré, ni démystifié, le spectateur du film est séduit. Comme le montrent les « figures théorisantes » qui mettent en abyme le fonctionnement de l'illusion, Rohmer nous confronte au réalisme ontologique bazinien dans une reformulation dynamique de l'ambiguïté.
Cet ouvrage permettra de redécouvrir un cinéma que l'on renvoie parfois à la transparence et qui est pourtant intéressé par l'artifice.
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Cet ouvrage entend proposer un cheminement au coeur du thème de l'éternel retour, en littérature et en philosophie. A partir d'une lecture de la Peau de chagrin de Balzac, où le personnage principal Raphaël Valentin se trouve invité à un banquet « dionysiaque », nous choisissons de convier les lecteurs et lectrices à ce cortège « où pas un des membres n'est ivre », comme l'écrivait Hegel dans la préface de sa Phénoménologie de l'esprit.
Nous commençons par interroger les fondements présocratiques et stoïciens de l'éternel retour, puis ses prolongements romantiques qui invitent à questionner l'hypothèse d'un réenchantement du monde.
La thématisation nietzschéenne de l'éternel retour est alors réenvisagée à partir de la présence de Don Quichotte dans la Généalogie de la morale, en dialogue avec d'autres approches comme celles de Khalil Gibran et d'Hermann Hesse. L'éternel retour est envisagé comme une pensée héroïque, au sens de Nietzsche, contre toute forme d'aliénation, au sens que Artaud prêtera à ce terme.
L'objectif de ce livre est d'offrir une poétique de l'éternel retour, qui vise à se préserver de toute logique seulement décadentiste, et déployer ainsi une pensée véritablement ardente, que nous retrouverons à la fin de cet ouvrage à travers l'étude de quelques aspects de la poésie d'Anna de Noailles. -
Récit épique du poète Nguy?n Du (1765-1820) rédigé au début du XIXe siècle en vers et inspiré d'un roman chinois de la dynastie Ming, l'histoire de Ki?u est le texte littéraire fondamental de la culture vietnamienne. Celui que tout le monde connaît et qui accompagne la vie de chacun. Du Nord au Sud chacun peut réciter quelques vers, utiliser le texte comme une source de prophéties ; d'innombrables récits ont été écrits comme des continuations ou des imitations de l'histoire de Ki?u dans laquelle sont puisés les commentaires des événements de la vie quotidienne ou de la politique nationale. Ki?u est une jeune femme qui sacrifie son bonheur personnel et se vend pour sauver son père. Elle traverse de nombreuses épreuves, connaît la prostitution, les conflits guerriers, la tentation du suicide, mais aussi le passage par une pagode avant de reconquérir un équilibre intérieur. Sa vie intérieure, étape après étape, est décrite ou plutôt suggérée par le biais des paysages de la nature vietnamienne. Son histoire représente un cas unique d'épopée nationale fondée sur la vie d'une femme, un cas bien rare aussi d'épopée nationale basée sur la recréation radicale dans un espace d'accueil d'une oeuvre littéraire empruntée à une autre littérature.
Plusieurs traductions de l'histoire de Ki?u et de ses 3254 vers en mètres l?c bat dont le titre vietnamien original évoque les pleurs d'un coeur brisé, sont disponibles. En revanche il n'y a pas en français d'analyse approfondie de l'oeuvre, de sa langue, de sa poétique, des métaphores qui la parcourent, des principes esthétiques qui la régissent, des transferts opérés depuis le modèle chinois. -
Préliminaires à la théorie esthétique du XVIII siècle
Nathalie Kremer
- Kime
- 5 Mars 2008
- 9782841744503
Cette introduction à la philosophie de l'art du xviiie siècle retrace les grandes lignes de pensée de la théorie esthétique telle qu'elle prend formes à la fin du xvlle et au xvllle siècle.
Le principe fondamental de l'art à l'époque classique, l'imitation, forme point de départ de la réflexion. l'imitation, principe fondamental de l'art à l'époque classique, forme le point de départ de la réflexion. dans l'ouvrage principal de la théorie esthétique du xvllle siècle, les beaux-arts réduits à un même principe de l'abbé batteux (1746), l'imitation est présentée comme une relation entre deux pôles, les beaux-arts d'une part, la nature d'autre part.
Ces deux versants du processus imitatif forment les deux grands volets du présent ouvrage. un chapitre central est consacré à la relation particulière entre les arts et la nature telle que l'impose la conception classique de l'imitation. cette relation est pensée en termes de vraisemblance. en montrant la façon dont la mimésis classique se pense et se repense au xviiie siècle, et en mettant en lumière, de part et d'autre de l'ouvrage " classique " de l'abbé batteux, l'apport fondamental de l'abbé du bos en 1719 et de diderot pour la seconde moitié du siècle, cet ouvrage permet aux non-spécialistes de l'époque classique de se repérer dans le vaste champ de réflexion sur l'art du xviiie siècle et de comprendre les mutations qui s'y font jour.
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"De fait, sous la plume alerte, aérienne et souvent amusée de Daniel Charles, cet éternel trouble-fête, tout, même le plus subversif, semble couler de source.
" "A la valeur sûre, ou estimée telle, il préfère le rebelle; à l'autoroute filant tout droit, les chemins de traverse (ou de transverse); à l'effectif, au tangible, au fixé, le virtuel, l'utopique - le nomade. " "Mais Daniel Charles dérange aussi [ . en déliant. la musique d'elle-même; ou, si l'on préfère, en la reliant à tout ce qui n'est pas seulement, justement, elle-même : pour "repenser entièrement à la fois notre art, notre vie, et leurs rapports", et aboutir, ainsi, à un "nouvel enracinement".
CHRISTIAN HAUER.
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Lorsqu'il meurt à Marseille en 1930, le peintre et sculpteur belge Henry de Groux laisse inaboutis plusieurs projets littéraires, dont l'édition du Journal qu'il avait commencé en 1892.
Composé de dix-huit volumes manuscrits, ce document capital pour l'histoire de l'art et de la littérature était demeuré inédit jusqu'à ce jour et avait été conservé par les descendants de l'artiste, qui en ont généreusement fait don à l'Institut national d'histoire de l'art en 2002. Considéré en son temps comme un des peintres les plus novateurs de la génération symboliste, proche de Léon Bloy, célébré par Verhaeren, Aurier ou Gourmont, puis par Apollinaire, Henry de Groux a été néanmoins progressivement oublié durant le XXe siècle.
Sa vie fantasque, qui ne tarda pas à se muer en légende, a relégué au second plan une oeuvre étrange et visionnaire, où brillent les derniers feux du romantisme. Personnage paradoxal, Henry de Groux ne pouvait à proprement parler " tenir " un journal. Le texte commencé dans sa jeunesse avec la volonté de consigner au jour le jour les événements de son existence se transforma au fil du temps, pour devenir un hybride littéraire où l'actualité se mêle insensiblement au souvenir et où le quotidien jouxte les essais poétiques, les considérations sur l'art, les pensées philosophiques.
Cette sélection en restitue tous les aspects, selon une grille de lecture correspondant aux grands thèmes qui donnent à ce " palimpseste " sa structure profonde. On y croise les principaux acteurs du Paris intellectuel de la fin du XIXe siècle, de Félicien Rops à Oscar Wilde en passant par Verlaine et Whistler, on y suit au jour le jour l'affaire Dreyfus, mais on y découvre surtout une des personnalités artistiques les plus originales de son temps et un authentique écrivain.
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L'arabesque, le plus spiritualiste des dessins ; poésie & arts. XIXe, XXe & XXIe siècles
Corinne Bayle, Eric Dayre
- Kime
- 13 Octobre 2017
- 9782841748082
Il s'agit ici de mettre en lumière filiations et croisements entre les oeuvres et les artistes fascinés par un motif de pure abstraction, l'arabesque. Symbole du travail esthétique, faisant jouer l'imagination comme la réflexion la plus haute de l'esprit humain à partir du moment du Romantisme où la peinture lègue le motif de l'arabesque à la poésie en dépassant le décoratif vers une signification essentielle, exhibant la gratuité, la liberté, la fantaisie et la supériorité de l'art sur la nature.
L'arabesque unit les contraires, la courbe et la ligne, donne apparence à l'impossible, se fait chimère et allégorie, hiéroglyphe à déchiffrer. Exaltant le bizarre et le fantasque, elle souligne et transcende le hiatus entre le fini du réel et l'infini de l'idéal, visant une harmonie, une pure combinaison de signes rêvée comme art total. De façon réversible, elle symbolise l'écriture dans son pouvoir de création incessante, et la lecture elle-même, dans ses jeux sémantiques démultipliés : lecture du texte, du tableau, de la partition, du monde et de l'être.
Le volume analyse l'évolution du motif de l'arabesque dans le passage du Romantisme à la Modernité en soulignant la manière dont les artistes se nourrissent d'oeuvres et d'images antérieures qu'ils transfigurent en déplaçant signes et matériaux, infléchissant l'arabesque initialement décorative vers une figure synthétique unissant les formes les plus pures de la nature et les formes les plus complexes de l'esprit humain. On redécouvre le motif chez des poètes ou des artistes tels Berlioz, Hugo, Musset, Nerval, Moreau, De Quincey, Poe, Van Gogh, Eisenstein, Michaux, Fourcade. D'autre part, sont mises en relation des oeuvres et des esthétiques apparemment éloignées, par des croisements originaux, tel les effets de la lecture de Schlegel, tel Valéry et le modèle mathématique de Mandelbrot ou les recherches botaniques de Goethe et le Land art d'un Robert Smithson retrouvant la mystique arabe, de sorte que l'ouvrage apporte une synthèse et fait le point sur l'Arabesque du XIXe au XXIe siècle. Il ouvre ainsi des perspectives de réflexion pour la littérature, la musique, la peinture, le cinéma ou la danse, et souhaite donner l'impulsion à d'autres recherches dans ces domaines, en une perspective comparatiste entre les arts qui nous semble être l'avenir le plus créatif des sciences humaines.
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Archipel de la laideur ; essai sur l'art et la la laideur
Michel Ribon
- Kime
- 1 Novembre 1998
- 9782841740321
Le poids de la tradition classique a longtemps verrouillé la réflexion sur la laideur.
C'est que la chose laide, dès qu'elle surgit devant nous, repousse tout notre être dans la nausée ou le dégoût, la répugnance, l'indignation ou la révolte. Par-delà les trois sphères de sensibilité qu'elle affecte (celles du corps, de l'intelligence et de la moralité), la proximité du laid est ressentie, dans une sorte d'angoisse métaphysique, comme une atteinte à la dignité et à l'identité de notre être.
Dans sa présence agressive, la laideur ne serait-elle pas la figure hideuse de ce tout-Autre qui menace d'ébranler notre être et de le submerger dans les ténèbres du chaos et les remous de l'informe originel ? Mais, par sa fascination même, la laideur, qui multiplie dans le réel ses figures d'archipel, se propose à l'artiste comme un défi à relever : qu'elle soit physique, morale, sociale ou existentielle, l'artiste ne se borne pas à la débusquer, à la nommer, à la dénoncer ; il entend la domestiquer ; mieux encore il la transfigure : le repoussant devient attirant, l'inhabitable habitable, l'immonde un monde, la blessure lumière.
En nous offrant de "belles laideurs", l'art, dans sa générosité, nous révèle sa vocation intégratrice et rédemptrice, dont la stratégie et les dispositifs méritent d'être explorés. L'archipel de la laideur : un puissant levain esthétique ? La question de la laideur dans ses rapports à l'art est double : c'est celle de la laideur dans l'oeuvre (du référent ou du représenté) et celle de la laideur de l'oeuvre (de la représentation).
Délicate, cette seconde question est incontournable, en dépit du quasi-effacement actuel de la notion de beau. Mais peut-on déterminer avec assurance les critères du jugement de goût ou de dégoût porté sur une oeuvre ? Qu'est-ce enfin qu'une oeuvre belle et une oeuvre qui ne l'est pas ? Et qu'est-ce qui fait la laideur de cette dernière lorsqu'elle provoque en nous autre chose que de l'indifférence ?
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Le sacrifice imaginaire ; essai sur la religion de l'art chez les modernes
Jean Nayrolles
- Kime
- 10 Septembre 2020
- 9782841749737
Depuis la révolution romantique jusqu'au triomphe des avant-gardes, la part la plus éminente de la création artistique et littéraire a été portée par un élan proprement religieux. L'oeuvre d'art a pu être assimilée à une révélation de la vérité transcendante et son créateur à un visionnaire ouvrant les portes de l'avenir. Mais considérer l'artiste comme un prophète et son oeuvre comme un dévoilement, n'était-ce pas parer une culture déjà sécularisée des atours illusoires d'un surnaturel voué à s'éclipser ? Sous cet éclairage, la religion de l'art ne serait qu'une ultime péripétie dans le processus de sortie de la religion, la boucle d'un dernier assouvissement de spiritualité avant la plongée dans un monde de part en part rationalisable, l'adieu sans retour possible au désir d'absolu. Cette interprétation n'est pas fausse sans doute, mais elle passe à côté de la dimension essentielle du phénomène qui, pour être perçue, nous oblige à saisir dans une même perspective la sphère de l'art et la question de la violence - question dont on sait qu'elle n'est pas sans rapport avec la production du sacré. Si la part la plus éminente de la création moderne tendit à échapper au monde profane, ce n'est pas seulement qu'un voeu pieux en a décidé ainsi, c'est aussi et surtout que la sphère de l'art s'est coulée dans la matrice dont est toujours sortie l'instance sacrée.
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Après Un lien s'est noué, à l'origine, entre art et violence. Mais de quelle origine, de quel art et de quelle violence s'agit-il ? Parmi ces trois termes, seul le dernier désigne une réalité transcendante à l'intérieur de l'univers humain. Les deux autres ne s'appliquent à aucune essence fixe, mais, au contraire, sont toujours pris dans le mouvement d'une histoire. En l'occurrence, c'est l'histoire de la culture occidentale qui est explorée ici, dans une perspective à la fois anthropologique et historique, depuis la formation du monde grec jusqu'au seuil de notre modernité. Dans la genèse des formes artistiques de la Grèce, la réalisation plastique d'une anatomie humaine apparaît et s'impose comme l'axe même de la beauté du visible en se substituant à un corps réel voué à la mort. La violence sacrificielle s'est inversée en production d'images. Un nombre impressionnant de mythes conservent le souvenir à peine voilé de ce phénomène pourtant demeuré inaperçu. De la contre-violence primordiale qui s'y dessine, les ressorts seront oubliés mais n'en demeureront pas moins inscrits dans le devenir de l'art à travers les siècles. C'est à suivre les recompositions successives de ce lien noué aux origines que s'attache ce livre. Les huit chapitres qui le composent dessinent donc un récit, mais, considérés séparément, ils peuvent aussi être abordés comme autant d'essais autonomes, chacun décrivant une nouvelle configuration du sacrificiel dans l'art.
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Images cinématographiques du siècle des lumières
Régine Jomand-baudry
- Kime
- 14 Mars 2012
- 9782841745821
Ce volume aborde de manière exploratoire la question de la représentation du siècle des Lumières à l'écran.
Dans l'entrecroisement des voix de praticiens du septième art, de spécialistes du XVIIIe siècle et de chercheurs en cinéma, des réponses sont apportées à cet "acte d'appropriation de la postérité" particulier dont parle Jean-Marie Goulemot, qui est aussi un acte de re-création : est mise en évidence la manière complexe et diverse dont le cinéma repense le passé, tout en parlant de notre présent.
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Gabriel Séailles (1852-1922) est une figure clef de la période 1880-1920. Professeur à la Sorbonne, sympathisant socialiste, ardent dreyfusard, libre-penseur, co-fondateur de la Ligue des droits de l'homme ainsi que des Universités Populaires, il était aussi l'ami de Carrière, Rodin, Geffroy, Roger Marx, Mellerio, Dolent, Anatole France, Zola, Gallimard. Auteur de livres capitaux sur Léonard de Vinci et Watteau, il a rédigé d'importantes études critiques sur ses contemporains Puvis de Chavannes, Dehodencq et Carrière. A ces ouvrages d'histoire et de critique d'art s'ajoutent également deux textes plus théoriques, Le Génie dans l'art et L'Origine et les destinées de l'art, qui, tout en érigeant une esthétique, analysent avec perspicacité l'impressionnisme, la peinture de paysage ou encore celle du portrait. Son oeuvre comme son engagement ont profondément marqué les esprits de son temps, et sa postérité s'étend des lettres aux arts et à la philosophie, de Proust à Pirandello, de Basch à Bergson, de Croce à Le Corbusier. Aujourd'hui, cependant, les écrits de Séailles semblent mal connus. Cette anthologie critique de ses écrits sur l'art entend combler une lacune historiographique.
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Cet ouvrage réalisé sous le signe de l'amitié du poète et du peintre présente un essai d'yves bonnefoy, une bibliographie de farhad ostovani, et quelques-unes des estampes que celui-ci a conçues pour des livres de poésie.
Il reprend ainsi et poursuit à nouveau le chemin ancien de 1' ut pictura poesis. " qu'est-ce qui caractérise les livres de farhad ostovani ? depuis le premier d'entre eux, c'est donc qu'ils font preuve de sa sorte d'écoute des poèmes, très attentive, mais c'est aussi l'approfondissement qu'ils lui ont permis de son propre rapport à soi : tant il est vrai que ce que l'on est ne se découvre jamais si bien que lorsque l'on pense à ce qu'est ou veut être quelqu'un d'autre.
[. ] je pense à la poésie en sa nature essentielle quand je vois les tableaux d'ostovani. ".
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Le présent de l'opéra au XXe siècle ; chemin vers les nouvelles utopies ; pour une esthétique du palimpseste
Danielle Cohen-Levinas
- Kime
- Esthetiques Kime
- 31 Juillet 2000
- 9782841741670
" L'opéra marche à reculons vers son avenir ".
Il n'est pas rare qu'un paradoxe relève de la provocation. Danielle Cohen-Levinas l'a voulu ainsi. La tâche qu'elle s'est assignée, penser l'opéra aujourd'hui, n'est pas, en effet une mince affaire et les circonlocutions ne sont pas ici de mise. L'opéra, pour être réfléchi dans son présent, contraint inévitablement à " s'enfoncer généreusement dans les méandres labyrinthiques de son histoire ", une histoire traversée d'enjeux croisés, esthétiques, institutionnels, sociaux et politiques.
Parcourir ce détour obligé nécessite, outre la connaissance, toute l'audace et la détermination que révèle ici Danielle Cohen-Levinas. Plusieurs fils circulent dans les arcanes du labyrinthe. La question n'est pas de tirer le bon mais d'entrecroiser les écheveaux de manière à tenir ferme le lien conduisant à une possible réponse. L'idée est simple : comment une forme imprégnée de tradition et victime d'un traditionalisme parfois opiniâtre, parvient-elle en dépit de stigmates anachroniques non seulement à survivre à l'ère de la modernité mais à renaître contre toute attente ? Entre l'événement - l'oeuvre - et le concept, là où loge trop souvent la pierre d'achoppement de la réflexion sur l'art, chaque fragment dresse un pont et confère à l'ensemble de ces " variations sur le concept opéra " la dimension véritablement philosophique que requiert toute théorie esthétique.
Pour Danielle Cohen-Levinas, " l'Ange de la composition est invoqué ". Une telle démarche, où les " exemples " - les analyses musicologiques - ne jouent plus simplement le rôle de références démonstratives mais sont inclus dans l'ensemble du dispositif réflexif et critique, devrait très tôt faire école.