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Contrechamps
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En retraduisant l'ensemble des textes de Berg parus en français et en traduisant ceux restés inédits dans cette langue, Georges Starobinski, avec l'aide de Philippe Dinkel, offre l'intégralité des écrits du compositeur. Il en fait lui-même l'introduction.
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Correspondance, écrits inédits, entretiens
Pierre Boulez, Henri Pousseur
- Contrechamps
- 5 Mars 2025
- 9782940068753
Dans leur correspondance qui s'étend sur plus de cinquante ans, Pierre Boulez (1925-2016) et Henri Pousseur (1929-2009) sont constamment en prise avec l'histoire : comment s'y inscrire, comment s'y rapporter. Leur échange reflète ainsi la mutation profonde qui s'est opérée au XXe siècle sur le rapport à la tradition, sur l'idée de progrès et de modernité radicale, vers une conscience plus multiple et universelle, qui réinterroge différemment la relation au passé.
Au centre de leurs discussions initiales se trouve le projet d'une musique sérielle intégrale ; il s'agit alors de fonder un langage cohérent visant une adéquation forte entre matériau et forme, de découvrir les nouvelles possibilités musicales qu'offrent les moyens électroniques, et d'agencer ce nouveau matériau dans le temps au sein de formes fixes ou mobiles.
Mais les autres facettes de la vie du jeune compositeur d'après-guerre sont aussi manifestes : faire connaître cette musique à un public plus vaste, explorer de nouvelles possibilités d'interprétation, imaginer un enseignement de la musique dans lequel la musique contemporaine trouverait sa place. Les prises de position sont franches et révèlent autant des personnalités différentes que la riche ramification de leurs pensées et actions musicales.
Si Boulez et Pousseur ont sympathisé dès 1951 autour de l'héritage wébernien, leurs divergences s'accuseront en 1971 à propos de Stravinsky. Alors que Boulez avait cherché dans le Sacre du printemps une inspiration rythmique, Pousseur, après 1968, célèbre la variété harmonique de Agon. Les retrouvailles progressives, à partir de 1985, se feront notamment autour du souvenir des combats communs, de Darmstadt et du Domaine musical.
Cette correspondance est complétée par plus de dix textes (dont plusieurs inédits) et un entretien entre les deux compositeurs. Ces sources supplémentaires non seulement éclairent l'échange épistolaire mais enrichissent la documentation de première main sur la musique depuis 1950.
Cette correspondance inédite est transcrite, annotée et présentée par Pascal Decroupet, -
Coro de Luciano Berio est l'une des oeuvres magistrales de la musique récente, une oeuvre qui marque l'aboutissement du travail que le compositeur a effectué sur la voix. Composée entre 1974 et 1976 pour une formation insolite de 40 chanteurs et 40 instrumentistes disposés sous forme d'autant de duos voix et instrument, l'oeuvre fut créée en 1976 à Donaueschingen sous la direction du compositeur, puis augmentée d'une partie supplémentaire, à Graz en 1977 sous la direction de Leif Segerstam. Dans sa forme, elle présente une alternance entre des parties solistes et des parties chorales : les premières croissent jusqu'à rejoindre les secondes, les duos s'additionnant les uns aux autres, les secondes décroissant jusqu'à devenir des parties solistes. Berio croise également des textes de provenance diverses : d'une part des poésies pour la plupart anonymes, qui glorifient l'amour, d'autre part, un poème de Pablo Neruda qui renvoie à la répression d'une manifestation populaire et au sang qui coule dans les rues. La musique elle-même est faite d'emprunts à différentes musiques populaires, y compris celle des Pygmées révélée par l'ethnomusicologue Simha Arom, qui joue un rôle important ; ces différentes sources sont absorbées par le langage personnel de Berio. Cette fresque d'une heure environ est donc plus qu'une oeuvre de musique destinée au concert : comme Sinfonia composée quelques années plus tôt, elle pose des questions éthiques, politiques et esthétiques, exprimant à travers la musique l'utopie d'une assemblée humaine faisant fi des différences de culture et d'identité. En ce sens, Coro pourrait être perçu dans le sillage de la Neuvième Symphonie de Beethoven, comme un hymne à la fraternité et à la liberté. L'oeuvre offre des perspectives constamment changeantes, tantôt à partir des individus, qui se multiplient, tantôt à partir de la masse, qui se divise et emporte l'auditeur dans son flux ininterrompu, d'une expressivité et d'une vitalité irrésistibles.
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La mélodie n'est pas un paramètre musical aussi souvent abordé que l'harmonie, voire que le rythme. Longtemps, on observe une discontinuité dans sa théorisation (les auteurs des traités de mélodie ne se lisent pas entre eux, et souvent déplorent que personne avant eux n'ait abordé le sujet...). La mélodie ne se laisse pas non plus schématiser et réduire de manière aussi radicale et sophistiquée qu'un enchaînement d'accords - on se contente alors souvent de constater qu'elle est une inspiration, un don, un miracle ineffable (chacune est singulière) ou, au contraire, on l'aborde uniquement en partant de l'harmonie (degrés forts et faibles, notes " de passage "...). Pour ce qui est de la musique savante au XXe siècle, ou musique classique contemporaine, seul objet de ce livre, on s'est souvent contenté de parler d'un " tabou " jeté sur la mélodie ; s'il existe de nombreuses études ou articles ponctuels sur l'écriture mélodique, souvent brillants (que nous citerons au fur et à mesure) une synthèse plus globale - fut-ce pour illustrer en détail le fameux " tabou " - fait curieusement défaut. Nous proposons ici (I) une approche de la mélodie en général, qui l'aborde selon quatre perspectives (harmonique et phraséologique, énergétique, gestaltiste, thymique). L'entrelacs de ces quatre types de description sous-tend chacun des commentaires musicaux par la suite. Nous esquissons ensuite (II) une brève généalogie de la mélodie, puisqu'il faut clarifier ce qui sera redéfini ou déconstruit au XX e siècle, et ce qui perdure. Il s'agit en particulier de la différence entre mélodie et voix polyphonique et de celle entre mélodie et thème, deux oppositions qui influencent encore la pratique de la mélodie moderne et contemporaine. À partir de Wagner - " c'en est fini des belles mélodies ", écrit-il en 1879 - l'expérimentation entre en scène, pratiquée par certains compositeurs, guère tous. Nous montrons ensuite (III) que si la mélodie est déconstruite, parfois rejetée dans les discours, ses traits essentiels, ses anciens principes de cohérence, se retrouvent très souvent dans des styles d'écriture non tonales. Nous tenons compte également d'esthétiques plus traditionnelles (Benjamin Britten, Alfred Schnittke, George Benjamin) ou de genres (chansons militantes dans les années 1970) qui la présupposent intacte - l'expérience mélodique ne se résume pas à la seule expérimentation. Et Messiaen, au milieu du siècle, grand défenseur et praticien de la mélodie, est une sorte de clef de voûte du XX e siècle mélodiste. Nous évoquerons les discours théoriques des compositeurs et/ou ce l'on peut déduire de leur traitement de l'objet mélodique, la manière dont ils le conçoivent et le mettent en scène ; c'est là une sorte de " théorie en acte " que l'on trouve déjà dans les carnets d'esquisses de Beethoven, et qui peut se passer de la parole. Quant aux contextes, c'est tantôt l'essor d'un nouveau langage qui est crucial (dodécaphonie, spectralisme), tantôt un contexte politique (dans les années 1930 et 1970, le retour à la mélodie a valeur de manifeste), tantôt encore une esthétique individuelle ; nous les rappelons au sujet de chacun des exemples choisis. Procéder à ce choix peut donner le vertige - combien d'objets mélodiques dans une seule composition de Berg ou Stockhausen... sans parler de leur oeuvres complètes ! La sélection repose donc sur l'hypothèse d'une certaine " typicité " de la mélodie commentée, parfois sur son caractère singulier, parfois simplement sur sa beauté - critère tout subjectif qui, à la fin des fins, fait aussi ressembler cet ouvrage scientifique à un album de mélodies. Les considérations plus générales (tissant idéalement une sorte de petite histoire de la musique savante au XXe siècle vu par le filtre de la mélodie) alternent avec des descriptions plus détaillées (et dans une autre présentation typographique), s'adressant à un lecteur qui souhaite approfondir la question.
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La fonction de la couleur dans la musique : timbre, musique et peinture, Wagner, Strauss et autres essais
Theodor Wiesengrund Adorno
- Contrechamps
- 8 Octobre 2021
- 9782940068630
Le thème unificateur de ce volume d'écrits de Theodor W. Adorno - la plupart tardifs - est celui de la couleur dans la musique, le mot Farbe en allemand ayant donné celui de Klangfarbe, qui désigne le timbre. Il faut l'entendre de deux façons : d'une part, Adorno explore, dans plusieurs des textes réunis dans ce volume, les relations qu'entretiennent musique et peinture, réfléchissant aussi bien sur la singularité propre aux deux arts que sur leurs échanges. C'est le cas notamment des cours sur la couleur dans la musique donnés à Darmstadt et inédits en français. D'autre part, dans les essais consacrés à Wagner et Richard Strauss, il s'attache à des musiques dans lesquelles la question du timbre, le caractère évocateur, voire illustratif, de la couleur sonore, est une dimension importante. Elle est liée, chez ces deux compositeurs, aux genres de l'opéra et du poème symphonique.
En revenant sur Wagner, auquel il avait consacré un livre extrêmement critique, et en développant une réflexion très approfondie sur la musique de Strauss, qui s'articule à celle, centrale chez lui, sur Schönberg, Berg et Webern, Adorno dévoile de nouveaux aspects de sa pensée. Dans les notes consignées de 1940 à 1969, année de sa mort, il tente de pénétrer l'Idée du phénomène musical dans la fulgurance de fragments apparentés à des aphorismes, ces notes se présentant tel un laboratoire des essais et monographies consacrés à la musique.
Ainsi, dans l'Allemagne de l'ouest des années 1960, Adorno fait entendre une voix discordante, refusant de dissocier la destinée de la culture allemande des événements politiques qui se sont succédé, notamment de l'expérience du national-socialisme.
Si certains des textes de ce volume ont fait l'objet d'une traduction aujourd'hui introuvable, la plupart sont inédits en français. Une grande partie d'entre eux se trouvent dans le volume 16 des oeuvres complètes publiée en Allemagne. Cet ouvrage fait suite à la publication par Contrechamps de trois autres livres d'Adorno : Introduction à la sociologie de la musique, Figures sonores (Écrits musicaux I) et Moments musicaux.
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Les écrits de Béla Bartok (1881-1945), réunis ici pour la première fois dans leur quasi-intégralité en français, abordent de nombreux thèmes : les orientations de la musique nouvelle, la démarche de compositeurs contemporains comme Strauss, Debussy, Schoenberg, Stravinsky, Ravel ou Kodaly, la spécificité de la situation hongroise, la présentation de ses propres oeuvres, mais aussi les relations entre musique populaire et musique savante, la question de l'atonalité ou celle de la musique mécanique, les problèmes soulevés par le nationalisme et les théories raciales, les rapports de l'art et de l'Etat...
Dans un style sobre et précis, Bartok défend des positions intransigeantes, parfois virulentes, et qui vont toujours droit à l'essentiel, qu'il s'agisse d'essais développés, de prises de position polémiques, ou de critiques musicales comme celles qui témoignent de la situation en Hongrie dans les années vingt. Tous ces documents, dont beaucoup inédits jusqu'à ce jour en France, sont adossés à l'une des oeuvres majeures de la musique du XXe siècle, qu'ils contribuent à éclairer.
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Cet ouvrage a été réalisé de manière collective afin de célébrer les 50 ans d'activités d'une institution genevoise de renom, l'association Eklekto Geneva Percussion Center, anciennement le Centre International de Percussion (CIP). Autour du portrait d'une aventure musicale singulière, teintée de relations humaines exceptionnelles et de passion pour le répertoire et la discipline, apparaissent les contours des développements sonores inclusifs redéfinissant la percussion ces dernières années. Genève se révèle en berceau d'un domaine dont le statut de la percussion « accompagnatrice d'orchestre » évoluera en art autonome. À travers la maîtrise d'instruments d'une grande pluralité, aux provenances et cultures lointaines, le savoir-faire du percussionniste tend à être sublimé. Et, face à ce large champ des possibles, le musicien porté par une énergie avant-gardiste dérive alors vers l'artiste scénique. Le récit du Centre International de Percussion de Genève métamorphosé en Eklekto en 2011 dévoile des images et des témoignages inédits. Avec le regard sur ce qui est resté, ce qui a été bâti, achevé ou laissé dans l'oubli s'imaginent le futur et les perspectives infinies de cet art musical.
Alexandre Babel, Ricardo Bologna, Anne Briset, Yves Brustaux, Corentin Marillier, Nicolas Curti, Dorian Fretto, Jean Geoffroy, Margaret Hammer, Fritz Hauser, Sarah Hennies, Jeanne Larrouturou, Claire le Bras, Jean-Louis Matthey, Alain Richina, Steven Schick, François Volpe. -
Gruppen de Karlheinz Stockhausen est l'une des grandes oeuvres de l'après-guerre, une pièce emblématique d'une période de recherches, d'expérimentations et de formalisations qui a changé le cours de l'histoire musicale. Composée entre 1955 et 1957 pour trois groupes d'orchestres disposés autour du public, elle fut créée à Cologne en 1958 avec trois chefs compositeurs qui représentaient la jeune génération à l'époque : Stockhausen lui-même, Bruno Maderna et Pierre Boulez. Depuis lors, à chaque fois que cette oeuvre a été donnée, elle a été vécue comme une expérience inoubliable. L'auditeur se trouve en effet placé à l'intérieur de sons qui voyagent d'un orchestre à l'autre selon différentes trajectoires, créant ce que Stockhausen appelle une musique dans l'espace (Musik im Raum). Ce n'est pas le seul aspect à travers lequel le compositeur a transposé son expérience de la musique électro-acoustique dans une musique purement instrumentale : il fait aussi entendre des sonorités influencées par son travail en studio. L'oeuvre, d'un seul tenant, dure plus de vingt minutes et dessine une forme fascinante. Elle fut perçue d'emblée comme le chef-d'oeuvre de la musique nouvelle, marquée à l'époque par l'idée sérielle. Seule la disposition des instruments autour du public, qui nécessite un espace particulier, a été un frein à sa diffusion. Pascal Decroupet a travaillé longuement sur cette oeuvre, étudiant notamment ses esquisses déposées à la Fondation Paul Sacher à Bâle. C'est l'un des meilleurs connaisseurs de la musique sérielle des années 1950, comme l'indiquent ses travaux sur des compositeurs tels que Stockhausen, Boulez et Pousseur. Dans ce livre consacré à Gruppen, il situe d'abord l'oeuvre dans son contexte et la relie aux conceptions que Stockhausen cherchait alors à formuler, comme les rapports entre structure acoustique et structure harmonique, entre hauteurs et durées, entre micro et macrostructure.
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Hugues Dufourt : Les Continents d'après Tiepolo
Angelo Orcalli
- Contrechamps
- Poche
- 14 Mars 2025
- 9782940068760
Hugues Dufourt, compositeur français né en 1943, a consacré dix ans à créer ce cycle musical comprenant quatre partitions - une pour chaque continent -, inspiré par les splendides fresques de Giambattista Tiepolo, maître vénitien de l'âge baroque. Angelo Orcalli analyse cette oeuvre magistrale en explorant ses dimensions musicales, artistiques et scientifiques. Le lecteur découvrira une oeuvre du XXIe siècle fascinante, mêlant sonorités instrumentales inédites et avancées technologiques au service de la musique.
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« Musique et sentiment » est le titre donné par Charles Rosen (1927-2012) à une série de conférences prononcées à l'Université de Bloomington en 2000 et publiées en 2010, deux ans avant sa disparition. L'auteur y analyse les changements stylistiques intervenus dans l'histoire de la musique entre les époques baroque et moderne, s'attachant à la manière dont les idées musicales se construisent à travers l'interaction entre les données du langage et les formes de représentation. À partir de tout un ensemble d'exemples musicaux, il montre comment le sens musical se constitue, se différencie et se transforme. Pour Charles Rosen, il n'existe pas de contradiction entre forme et expression, entre intelligibilité et émotion. Une leçon précieuse pour les interprètes comme pour les auditeurs.
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Professor Bad Trip est une oeuvre iconique de la musique récente. Ce triptyque composé entre 1998 et 2000 fait appel à un petit ensemble dans lequel se font entendre une guitare électrique avec ses effets de saturation, un sifflet utilisé par les Beatles et par Freddy Mercury, et un harmonica. Ces instruments inhabituels dans les formations de musique contemporaine témoignent de l'intérêt de Fausto Romitelli pour les hybridations entre musique savante et musique rock. Il n'est donc pas étonnant que le compositeur italien emprunte à la sphère populaire l'idée de transe et celle d'états de conscience altérés. En l'occurrence, dans Professor Bad Trip, il travaille sur les phénomènes de perception induits par la prise de substances hallucinogènes, tels que ceux décrits par Michaux sous l'effet de la mescaline et s'inspire d'un imaginaire psychédélique. Chez Romitelli, la recherche d'une musique âpre, puissante et directe vise à l'expression d'une violence cachée et se manifeste par une dérive chaotique du matériau comme principe formel. Élève de Donatoni, attiré à ses débuts par la musique de Ligeti et celle des musiciens spectraux, Romitelli a cherché tout au long de sa trajectoire à concilier cette matière sonore éruptive avec un véritable travail d'écriture, et il s'est appuyé pour cela sur l'appareillage électro-acoustique, notamment celui de l'IRCAM. Luigi Manfrin, compositeur, philosophe et musicologue italien né en 1961, retrace dans ce livre l'itinéraire du compositeur, son souci d'un style ouvert à des musiques autres, son travail avec les outils informatiques et ses réflexions sur les théories linguistiques comme la phonologie, mais aussi son intérêt pour les démarches artistiques de personnalités telles que Henri Michaux ou Francis Bacon, avant d'aborder plus concrètement Professor Bad Trip, dont il offre une analyse détaillée. C'est le premier ouvrage en français consacré à Fausto Romitelli, compositeur né en 1963 et mort prématurément en 2004, suite à une longue maladie. La traduction du texte original en italien est assurée par Laurent Feneyrou avec l'aide de Martin Kaltenecker.
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Contrepoints : Dialogues entre musique et peinture
Philippe Junod
- Contrechamps
- 5 Mars 2021
- 9782940068661
Contrepoints, le livre que Philippe Junod a consacré aux relations entre musique et peinture (dont la première édition date de 2006), a conservé toute son actualité, tant cette problématique, au centre des recherches créatrices actuelles, a été peu étudiée. Philippe Junod explore différents aspects de ce dialogue entre les deux arts, depuis les problématiques qu'il soulève, comme les analogies musicales à l'intérieur des théories picturales ou la question de la synesthésie et de la convergence des deux arts, jusqu'aux réalisations concrètes, comme celles suscitées par des compositeurs tels que Wagner ou J.
S. Bach, en passant par des questions telles que l'audition colorée ou le jeu des comparaisons. Cette quête de correspondances entre l'auditif et le visuel apparaît pour Philippe Junod comme l'expression d'une nostalgie, celle de l'unité perdue. Elle se manifeste dans deux directions principales, qui sont ici analysées : celle du mythe de la correspondance sensible et celle des proportions mathématiques.
A l'heure où beaucoup recherchent une nouvelle alliance entre les deux arts, notamment à travers les moyens nouveaux de la vidéo ou des outils informatiques, les neuf chapitres du livre de Philippe Junod fournissent une base de réflexion essentielle. Elle est extrêmement documentée, faisant référence à des centaines d'ouvrages ou d'articles. A l'occasion de la réédition de ce livre, Philippe Junod a actualisé la bibliographie, et l'a fait précéder d'une brève postface.
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Une dimension tout à la fois religieuse et politique. Compositeur engagé, Huber refuse en effet la conception de "l'art pour l'art", l'idée de la musique pure. Pour lui, la modernité doit être chargée d'un sens qui dépasse la seule sphère esthétique ; elle est solidaire des plus démunis, dénonçant l'injustice, l'oppression, l'asservissement et la réification.
Proche des mystiques ainsi que des tenants de la théologie de la libération, Huber veut provoquer par sa musique une prise de conscience, un retournement. En se solidarisant avec les formes de résistance en Amérique latine ou au Moyen Orient, il a fait la rencontre de figures telles que celles du prêtre et poète nicaraguayen Ernesto Cardenal ou du poète palestinien Mahmoud Darwich, qui lui ont inspiré des oeuvres importantes, mais aussi du poète russe Ossip Mandelstam, auquel il a consacré un opéra.
Son intérêt pour la musique arabe, au moment où éclatait la première Guerre du Golfe, l'a conduit à utiliser des échelles avec tiers et quarts de ton et à expérimenter de nouvelles conceptions harmoniques, polyphoniques et formelles. Ce recueil d'écrits comporte un choix d'essais et l'intégralité des notices que le compositeur a écrites sur ses oeuvres, ainsi que deux entretiens et un appareil critique.
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Ce volume regroupe tous les essais de Carl Dahlhaus sur la Musique Nouvelle publiés entre 1965 et 1971.
Ils traitent des problématiques soulevées par la musique de l'après-guerre, sous un angle tantôt technique, tantôt esthétique, tantôt sociologique. Les questions du rythme, du timbre, de la notation, du matériau, de la forme croisent ainsi les concepts d'avant-garde et d'oeuvre autonome, les problèmes du sens et du non-sens, de la musique engagée, des genres musicaux... La méthode de ce musicologue aux connaissances encyclopédiques vise à cerner aussi objectivement que possible une notion, une idée, une oeuvre ou une tendance tout en les replaçant dans un vaste contexte esthétique et historique.
Elle se présente ainsi comme une médiation indispensable entre les oeuvres proprement dites, les conceptions qui leur sont liées, et une réception riche de sens. " La réflexion qui s'attache à la musique, ou même à la littérature, n'est aucunement étrangère à la musique : elle en fait partie en tant qu'événement historique, voire en tant qu'objet de perception. Ce qui se perçoit de la musique dépend, en partie, de ce qu'on a lu à son propos ".
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Écrits sur la musique Tome 1 ; entretien avec moi-même
Gyorgy Ligeti
- Contrechamps
- 23 Avril 2013
- 9782940068449
Ce nouveau volume français des écrits de l'un des plus grands compositeurs des XXe et XXI e siècles complète les Neuf essais sur la musique publiés par Contrechamps du vivant du compositeur en 2001.
Ce nouveau volume français concerne donc les essais de Ligeti sur sa vie et son oeuvre, avec de nombreux textes encore inédits en français. Quatre chapitres orientent successivement le lecteur vers des articles autobiographiques - par exemple "Souvenirs musicaux de mon enfance et de ma jeunesse" ou "Ma judaïté" -, des lettres et textes de circonstance faisant apparaître tantôt quelques expériences particulières, des épisodes de son existence, ses prises de position ou ses jugements face à certaines questions politiques et sociales ("Schott", "Lettre ouverte"), des textes plus ou moins développés et transversaux touchant sa musique ("Les effets de la musique électronique sur mon travail de composition", "Il se passe dans ma musique quelque chose de très aventurier", etc.), et enfin les nombreux textes de Ligeti sur ses oeuvres, avec pour certaines d'entre elles différents commentaires rédigés à divers moments de sa carrière. Ces chapitres correspondent au découpage du second volume de l'édition allemande, hormis certains textes que nous n'avons pas jugés indispensables parmi ceux consacrés aux oeuvres, surtout lorsqu'ils recoupaient en grande partie le contenu d'un ou de plusieurs autres essais. Certaines correspondances avec Ove Nordwall ont été rajoutées à propos de quelques oeuvres des années 1960.
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Réalisant une synthèse très personnelle des tendances principales de la musique de l'aprèsguerre, en particulier du travail de Boulez et de Stockhausen, Emmanuel Nunes (1941-2012) a construit une oeuvre monumentale et lumineuse, malgré l'obstacle d'un handicap de naissance.
Ses Écrits éclairent sa démarche créatrice tout en témoignant de l'extrême exigence qui la soustend.
Les entretiens, qui sont d'une lecture aisée, permettent d'approcher de façon directe son univers poétique et musical ; les textes sur ses oeuvres et sur les questions d'espace et de spatialisation des sources sonores nous font entrer au coeur de sa pensée musicale ; les essais sur Kandinsky et sur la phénoménologie du temps chez Husserl, deux textes extrêmement développés et d'une grande profondeur, témoignent d'enjeux esthétiques essentiels, qui forment le cadre de son travail de compositeur ; enfin, le travail sur Webern, de nature analytique, provient d'une thèse laissée inachevée : il est présenté ici de façon partielle, avec des commentaires et des résumés des parties non publiées.
Quelques-uns de ces textes et entretiens ont paru dans des revues aujourd'hui introuvables, mais certains sont publiés ici dans des versions différentes ou plus complètes ; la plupart des textes, toutefois, sont inédits en français.
S'ils sont parfois ardus, c'est par souci d'aller au fond des choses, de même que ses oeuvres explorent des domaines inconnus et sont menées jusqu'à leurs conséquences ultimes.
C'est Laurent Feneyrou qui a rassemblé ces écrits, selon la volonté exprimée par le compositeur, et en a réalisé l'appareil critique. Il a également traduit deux textes et deux entretiens.
Suivant un avant-propos de Philippe Albèra, Laurent Feneyrou a rédigé une vaste introduction qui présente l'ensemble du recueil. -
Introduction à la sociologie de la musique
Theodor Wiesengrund Adorno
- Contrechamps
- 10 Mars 2010
- 9782940068357
Dans Introduction à la sociologie de la musique, écrit au début des années soixante, Theodor W. Adorno cumule les expériences, les observations et les intuitions d'une vie entière, au long de laquelle la musique tint un rôle capital, indissociable de la réflexion philosophique plus générale. Mais la force de cet ouvrage, l'un des grands classiques de la musicologie du XXe siècle, tient également dans sa dimension visionnaire, d'une portée aujourd'hui encore tout à fait singulière. En effet, à l'heure où la sphère musicale, dans son ensemble, est de plus en plus soumise aux conditions de production de masse et aux impératifs médiatiques, les analyses développées ici révèlent plus que jamais leur pertinence. La démarche adornienne ne se limite pas à décrire sous quelles formes et dans quelles conditions la musique est reçue dans la société. Elle s'attache plutôt - et c'est son originalité profonde - à déceler le contenu intrinsèquement social des oeuvres et des genres musicaux. De plus, débordant le cadre strictement musical, l'ouvrage d'Adorno s'ouvre constamment vers les horizons d'une philosophie cri-tique de la culture. «La dimension sociale des oeuvres d'art n'est pas seulement leur adaptation aux desiderata externes des commanditaires ou du marché, mais constitue précisément leur autonomie et leur logique immanente.»
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Schoenberg - Busoni, Schoenberg - Kandinsky ; correspondances, textes
Arnold Schoenberg
- Contrechamps
- 1 Janvier 1995
- 9782940068067
Les correspondances entre Schoenberg et Busoni d'une part, et entre Schoenberg et Kandinsky d'autre part, sont des documents exceptionnels sur les plans humain, artistique et musical. Schoenberg y dévoile la véritable théorie esthétique de l'atonalité, insistant sur le rôle central de l'inconscient et sur le sens donné à l'harmonie nouvelle. Il défend face à Busoni la cohérence de son style, discutant âprement la transcription de la deuxième pièce pour piano opus 11 réalisée par celui-ci.
Avec Kandinsky, il discute la question du « constructif » et de l'« illogique » dans l'art, et la préparation de l'almanach et de l'exposition du Blaue Reiter. L'échange porte aussi sur la guerre, la religion et la question juive, et il fournit toutes sortes d'informations sur la biographie de leurs auteurs. C'est enfin le portrait de trois créateurs de premier plan, engagés dans le renouveau artistique de l'avant et de l'après-guerre.
L'édition des lettres est enrichie de différents textes de Schoenberg, Busoni et Kandinsky, et de deux introductions situant ces correspondances dans leur contexte historique. -
Ces Neuf essais sur la musique avaient été choisis par le compositeur parmi une grande quantité de textes liés à son activité créatrice, et ce en fonction de l'éventail de leurs préoccupations et de leur pertinence théorique ; ils couvrent une période allant de 1957 à 1991. Par l'originalité et la profondeur de leurs propos, ils représentent une contribution majeure à la réflexion sur la musique de notre temps. Ils abordent les différentes dimensions du phénomène musical et les différents aspects de la pensée compositionnelle, de la dissonance chez Mozart jusqu'aux problématiques de la musique électronique, de l'harmonie chez Webern ou de l'automatisme sériel chez Boulez jusqu'à une conception renouvelée de la forme, du langage et de la notation. À partir de ces différents sujets, Ligeti parvient à une synthèse, à un élargissement et à un dépassement des catégories de pensée élaborées durant les années 1950, avec un esprit ouvert et résolument non dogmatique, qui s'accompagne d'une rigueur extrême. Si les problématiques abordées ici ne se réfèrent pas directement aux oeuvres de Ligeti, elles y renvoient pourtant constamment et en éclairent l'arrière-fond conceptuel. Conçu avant que soit entreprise une édition complète des écrits de Ligeti, ce volume est désormais le premier d'une série de trois regroupant l'intégralité de ses textes.
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Le chemin vers la nouvelle musique : et autres écrits
Anton Webern
- Contrechamps
- 20 Novembre 2008
- 9782940068326
Les conférences que Webern prononça en 1932 et 1933 à Vienne dans un appartement privé étaient destinées à un public non spécialisé à qui le compositeur voulait expliquer le chemin parcouru jusqu'à la musique de douze sons. Loin de présenter le sérialisme comme une rupture avec le passé, Webern s'attache au contraire à dégager ce qui, à travers lui, permet d'accomplir la plus haute tradition de la musique occidentale, depuis le chant grégorien et la polyphonie de la Renaissance jusqu'à l'époque moderne. S'il démontre comment la tonalité s'est progressivement désagrégée, il insiste sur la permanence des formes et des techniques d'écriture anciennes, et, par-dessus tout, souligne l'exigence de cohérence, nécessaire pour que les oeuvres soient compréhensibles. En ce sens, ces conférences constituent une magnifique introduction à la musique du XXe siècle. Elles sont présentées ici dans une traduction nouvelle et complétées par tous les autres écrits de Webern, depuis l'introduction de sa thèse de doctorat sur Isaac jusqu'aux analyses de quelques-unes de ses oeuvres, en passant par diverses considérations sur Schönberg et un bref hommage à Loos. Deux études critiques de Georges Starobinski et Philippe Albèra, coéditeurs des textes, complètent ce volume.
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Les oeuvres et les idées de Mallarmé ont joué un rôle majeur dans l'évolution de Pierre Boulez : fasciné par son poème intitulé Un coup de dés, qu'il envisagea de mettre en musique à la fin des années 1940, il fut influencé par sa conception du Livre pour sa Troisième Sonate et pour Pli selon pli, qui se présente comme un « portrait de Mallarmé ». Cette dernière oeuvre, objet du présent livre, apparaît comme l'aboutissement d'une première période créatrice. Parallèlement, Boulez poursuivait une réflexion théorique qui culmina, au même moment, avec son ouvrage Penser la musique aujourd'hui.
Les auteurs de ce livre sont tous d'éminents spécialistes de la musique de Boulez : Pascal Decroupet, Robert Piencikovski, Peter O'Hagan, Luisa Bassetto, Philippe Albèra. Ils abordent les différents aspects de cette oeuvre majeure du répertoire contemporain, ainsi que la place qu'occupe la réflexion théorique chez Boulez. Un texte sur les rapports de Mallarmé avec la musique complète cet ouvrage, qui s'ouvre sur un entretien inédit avec Pierre Boulez. -
C'est avec les oeuvres de Haydn, Mozart et Beethoven, qualifiées de « romantiques » par E. T. A. Hoffmann au début du XIXe siècle, que la musique instrumentale a supplanté la musique vocale. Ainsi est née, en relation avec l'ensemble des conceptions philosophiques, esthétiques et poétiques du Romantisme, l'idée d'un art musical « autonome », d'une « musique absolue » dont les significations ne sont plus liées à un texte ou à une fonction. Carl Dahlhaus retrace l'histoire d'un concept qui est au fondement de notre culture musicale, et ce à partir des textes fondateurs de Tieck et Wackenroder, Hoffmann, Herder, Novalis ou Schlegel, jusqu'au symbolisme français de Mallarmé et Valéry, en passant par les réflexions théoriques de Wagner, Schopenhauer, Hegel, Nietzsche et Hanslick. Il souligne ce que cette conception de la musique doit à la quête romantique de l'Absolu, à une métaphysique de l'art où les idées philosophiques et théologiques sont réinterprétées dans le médium artistique. Cet ouvrage fondamental du musicologue allemand replace les questions musicales à l'intérieur du mouvement général de la pensée, et éclaire la généalogie de nos idées contemporaines sur l'oeuvre, sur la forme du concert, et sur la signification de la musique, idées qui sont devenues, dans bien des cas, une « seconde nature ».
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Les douze essais qui composent les Figures sonores [Klangfiguren] de Theodor W.
Adorno datent, à une exception près, de la fin des années cinquante. Ils forment une vaste constellation d'approches du phénomène musical contemporain : la réflexion sur une sociologie de la musique, aussitôt appliquée à la question de l'opéra, à celle du public, et à l'interprétation, croise une réflexion esthétique s'interrogeant sur ses propres critères et une tentative de penser les éléments techniques de la composition, comme ceux de la série ou du contrepoint.
Deux essais sur Berg et Webern tracent un portrait, de l'intérieur, des deux compositeurs. Cet ouvrage est traversé par une profondeur de vue qui, liée à une connaissance intime des oeuvres, des problématiques compositionnelles et de leurs enjeux historiques, est extrêmement stimulante pour l'esprit.
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Les différents essais regroupés par Adorno lui-même sous le titre schubertien de « Moments musicaux » appartiennent à des époques très différentes : certains sont des écrits de jeunesse datant de la fin des années vingt et des années trente ; d'autres ont été écrits après la guerre, jusqu'au plus récent publié au début des années soixante. Ils témoignent de l'évolution d'Adorno dans son effort pour articuler la réflexion philosophique et une approche sociologique de la musique à la logique interne des oeuvres.
Les sujets traités sont extrêmement divers : Schubert, le style tardif de Beethoven, le Freichütz de Weber, les Contes d'Hoffmann d'Offenbach, le Parsifal de Wagner, mais aussi le jazz, le Quintette à vents de Schoenberg, le Mahagonny de Weill, Krenek, le rapport entre progrès et réaction, etc. Adorno y déploie une pensée engagée, liée à la musique de son temps, mais dans laquelle le passé demeure un enjeu.
Martin Kaltenecker, traducteur de cet ouvrage qu'il a également annoté, propose en fin de volume un commentaire développé et approfondi, dans lequel il replace les problématiques abordées dans les Moments musicaux à l'intérieur du contexte général de la pensée d'Adorno.