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Ilaria ou la conquête de la désobéissance
Gabriella Zalapì
- Zoé
- Domaine Francais
- 21 Août 2024
- 9782889074112
Ilaria a huit ans quand son père l'embarque en cavale dans l'Italie du début des années quatre-vingt. Fulvio ressemble à « un guépard nerveux » pense l'enfant tout en chantant des tubes avec lui dans la voiture. Ilaria découvre Trieste, la mer en Toscane, l'internat à Rome. Elle apprend à conduire et à mentir. Observe et ressent tout tandis que son père boit de plus en plus de whisky dans un nuage de fumée. De petits hôtels en aires d'autoroute, l'enfant perd peu à peu l'odeur et la douceur de sa mère. La campagne sicilienne et la vie de ses paysans la sauvent. Ça ressemble à une aventure, mais c'est un enlèvement. Les mots de ce texte sont à hauteur d'enfant, ce que comprend Ilaria, c'est à travers des sensations physiques, au-delà de tout jugement.
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Jana, une enfant libre et indocile, court les pâturages, s'allonge dans les fourmilières et voudrait vivre dans la forêt. Elle inquiète ses parents et suscite l'émerveillement d'Ivo, son demi-frère, qui fait de son mieux pour la protéger. Dans la petite ville des montagnes jurassiennes où vit la famille, des centaines d'ouvrières et d'ouvriers assemblent des caméras et boîtes à musique vendues partout dans le monde. Mais à la fin des années soixante, cette industrie de fine mécanique décline, et Jana, adolescente, est enfermée. Implacable, la société menace de broyer celle qui refuse d'en être un rouage.
Pour évoquer une page sombre et méconnue de l'histoire suisse, Roland Buti met en scène des personnages hauts en couleur, malmenés par l'existence, auxquels il donne vie par son écriture sensuelle et malicieuse. -
Pour lancer les 50 ans des e?ditions Zoe? en 2025, nous e?ditons en collector le pre?cieux viatique que Nicolas Bouvier (1929-1998) avait conc?u en 1992, le premier ouvrage dont il ait confie? l'e?dition originale a` Zoe?. On le lit aujourd'hui comme un autoportrait plein de gra^ce. A` travers les images qui l'accompagnent au quotidien, l'e?crivain nous parle de ses croyances, de ses e?lans et de ses peurs. Le grand voyageur se de?voile l'air de rien, sur ce ton e?rudit mais familier qui est le sien.
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Mitteleuropa, Deuxième Guerre mondiale, fuite au Brésil :Willibald est la reconsitition d'une histoire familiale toxique et pleine de trous dans une écriture à l'os, limpide et précise.
Depuis l'adolescence Mara est habitée par un tableau suspendu dans le salon de son H.L.M. Willibald, qui a acheté cette toile dans les années 1920, la hante tout autant. Lorsqu'il fuit Vienne en 1938, il n'emporte que ce Sacrifice d'Abraham, soigneusement plié dans sa valise. Entrepreneur et collectionneur juif, il refait sa vie au Brésil, loin des siens. Lors d'un séjour en Toscane chez sa mère Antonia, Mara déchiffre les lettres de Willibald qu'elle retrouve dans un hangar. Elle observe les photos, assaille de questions Antonia, « qui sait mais ne sait pas ». -
Les débats sur l'usage de produits phytosanitaires dans l'agriculture défraient régulièrement la chronique. Qui a raison ? Les paysans, pris en étau entre urgence écologique et impératifs de rentabilité, que l'on soupçonne d'empoisonner la terre, pourtant leur principal outil de travail ? Ou les citadins qui exigent l'interdiction des pesticides mais ne savent pas distinguer un épi d'orge d'un épi de blé ?
Fils et petit-fils de paysans, Blaise Hofmann décide, au tournant de la quarantaine, de revenir vivre à la campagne. L'écrivain voyageur emprunte les voies du reportage sur le terrain et de la réflexion personnelle pour partir à la rencontre d'un monde agricole qui se révèle, contre les idées reçues, en constante réinvention de lui-même. -
Après quinze ans d'éloignement, Agathe, scénariste à New York, retrouve Véra, sa cadette aphasique, dans la bâtisse du Périgord où elles ont grandi. Elles ont neuf jours pour la vider. Les pierres des murs anciens serviront à restaurer le pigeonnier voisin, ravagé par un incendie vieux d'un siècle.
Véra a changé, Agathe découvre une femme qui cuisine avec agilité, a pris soin de leur père jusqu'à son décès, et rétorque à sa soeur « Humour SVP » grâce à son smartphone dont elle lui tend l'écran.
C'est dans une campagne minérale qu'Elisa Shua Dusapin installe son quatrième roman, peut-être le plus personnel à ce jour. A travers un regard précis et sans peur, empreint de douceur, elle confronte la violence des sentiments entre deux soeurs que le silence a séparées.
En 2016, Elisa Shua Dusapin publie son premier roman aux éditions Zoé, Hiver à Sokcho (prix Walser, Régine Desforges, Révélation SGDL et lauréat du National Book Award en 2021). Suivent Les Billes du Pachinko (Prix suisse de littérature et Alpes-Jura) en 2018 et Vladivostok Circus en 2020 (sélection Prix Femina). Ses trois romans sont traduits dans le monde entier. -
Janvier 1974, Gaza. L'Anglaise Piper emménage avec son mari, délégué humanitaire. Leurs semaines sont rythmées par les vendredis soir au Beach Club, les bains de mer, les rencontres fortuites avec la petite Naïma. Piper doit se familiariser avec les regards posés sur elle, les présences militaires, avec la moiteur et le sable qui s'insinue partout, avec l'oisiveté. Le mari s'absente souvent. Guettée par la mélancolie, elle s'efforce de trouver sa place. Le baromètre du couple oscille. Heureusement, il y a Hadj, le vieux jardinier, qui démultiplie les fleurs à partir d'une terre asséchée. Et Mona, psychiatre palestinienne sans mari ni enfants, pour laquelle Piper a un coup de coeur. Mais cela suffit-il ?
Plus que jamais, dans L'Épouse, Anne-Sophie Subilia révèle la profondeur de l'ordinaire. La lucidité qui la caractérise ne donne aucune circonstance atténuante à ses personnages. -
Accoudé à la fenêtre de son appartement genevois, Benjamin tend l'oreille vers les voix de son passé. Le voici dans le salon de son enfance, à Douala, écoutant son intarissable père conter l'histoire du Cameroun. Ses marionnettes politiques aux commandes ; ses héros aussi, comme le grand-père Wolfgang, résistant de la première heure face à la chose blanche. Lorsque sa goutte le lui permet, ce père fantasque et bedonnant quitte son fauteuil pour esquisser quelques pas de funky-makossa. Mais quand l'humeur dérape, Estha Minlah la valeureuse sait tenir tête à son sangôh de mari, pour protéger son fils de ses attaques homophobes.
Tout au long de ce roman, aussi intime que politique, Max Lobe nous fait swinguer tout en accomplissant un important devoir de transmission.
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Sarah Popp, cinquante-huit ans, est invitée à un festival de littérature à Vilnius. Quand son vol de retour est annulé, elle décide de monter dans un bus au hasard et passe la nuit dans une pension. Au matin, elle tombe sur monsieur Anders, son ancien voisin, qu'elle n'a pas revu depuis des décennies. La coïncidence n'en est pas une, l'homme est là pour une raison précise : convaincre l'écrivaine de raconter ce qui lui est arrivé dans leur ville étriquée, quand elle n'était qu'une jeune fille amoureuse. Sarah refuse. S'engage alors une lutte rocambolesque autour des droits et devoirs de la littérature. Dans une langue malicieuse et pleine de fulgurances, Rose-Marie Pagnard nous livre un roman qui est aussi bien une réflexion sur l'écriture de soi qu'un plaidoyer pour la fiction.
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À Genève, où il est né, à Kyoto, qu'il a follement aimée, à Trébizonde, en Azerbaïdjan, à Ceylan et en Inde centrale, Nicolas Bouvier a toujours écrit de la poésie. « [Elle] m'est plus nécessaire que la prose, expliquait-il, parce qu'elle est extrêmement directe, brutale - c'est du full-contact ! » Pourtant il ne fit paraître qu'un unique recueil de poèmes, Le Dehors et le Dedans. Composé de 44 textes écrits entre 1953 (le départ en voyage avec Thierry Vernet) et 1997 (quatre mois avant sa mort), ce recueil est paru pour la première fois en 1982. Bouvier le retravaille à quatre reprises et autant d'éditions, il s'y met à nu : de tous les livres de l'écrivain, c'est celui qui propose la plus ample et la plus intime traversée de son existence.
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"Je crois que je n'aime plus mon mari." Ainsi s'ouvre le journal dans lequel Jeanne raconte les désillusions de sa vie avec Philippe. Au fil des pages, elle observe ses congénères masculins, époux en tête; note les conversations qu'elle tient avec collègues et amies au sujet de l'amour; et livre une réflexion sans dogmatisme ni discours idéologique sur la condition des femmes et leurs relations aux hommes, "dans un mélange d'acuité impitoyable et d'espoir obstiné" (Mona Chollet).
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Après un long voyage en Asie, Olga, vingt-deux ans, rentre à Paris, accompagnée de Sélène, rencontrée dans un cimetière chinois. Quand les deux filles ne récoltent pas des légumes dans des fermes alternatives, elles remettent de la joie chez le père d'Olga, très seul depuis que sa femme l'a quitté. En surface, l'harmonie est totale. Mais plus le père observe Sélène, moins il peut taire le malaise qui monte en lui. Les dessins miraculeux d'un homme sans domicile, un bouquetin sur un étroit chemin de montagne, une femme pâle dans un tea-room: dans ce roman aussi troublant qu'habile, on se met à voir des signes partout.
En déjouant nos attentes, Michel Layaz interroge notre conception des liens familiaux et ce que veut dire donner la vie. -
B. a décidé de vendre la petite maison dans laquelle la narratrice a trouvé abri de longues années. «Envoyée à la campagne» dans un coin de ferme encerclée par les autoroutes de Haute-Savoie, voici une femme de quatre-vingts ans qui cherche à désarmer sa colère tout en restant de bonne foi. Remontent alors une série de scènes d'origine. Quelles soient cruelles, tendres ou comiques, l'esprit et l'écriture acérés de l'écrivaine font mouche, elle devient conteuse et nous parle de nous mieux que jamais.
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Son nouveau statut de mère semble avoir déclenché chez L une lucidité extraordinaire en même temps qu'une profonde solitude. Elle oscille entre indifférence et fascination face à son enfant. Plus largement, c'est une dérive, une séparation d'avec le monde commun qui est à l'oeuvre. Où cela la mènera-t-elle ? Peut-on vivre sous un figuier étrangleur ? Est-il possible de devenir un objet ? Qu'est-ce qu'une caresse ?
Le portrait de cette « femme à l'enfant » envoûte. La puissante délicatesse, la précision de l'écriture, la dimension concrète d'impressions diffuses nous donnent accès à l'intimité de cette femme qui se détache de son quotidien. Avec une maitrise éblouissante du montage et de l'ellipse, le sens de la suggestion et de la tension, Emmanuelle Tornero nous fait naviguer entre les jours de L, jours d'avant et jours d'après, jours intérieurs et jours extérieurs, dans les champs, sur les routes, au bord des plages.
Née en 1985 en Seine-Saint-Denis où elle a grandi, Emmanuelle Tornero est créatrice sonore et vit actuellement au Havre. Une femme entre dans le champ est son premier roman. -
Histoire de l'homme qui ne voulait pas mourir
Catherine Lovey
- Zoé
- Domaine Francais
- 2 Février 2024
- 9782889073016
Longtemps, celle qui raconte l'histoire ne sait rien de l'homme qui vit dans l'appartement à côté du sien, sinon qu'il s'appelle Sándor, qu'il est hongrois et dans les affaires. Mais quand l'homme tombe gravement malade, peu avant qu'un virus ne se propage sur la planète, le rapprochement devient inévitable entre ces deux êtres sans points communs.
À travers le portrait d'un voisin énigmatique, plein de contradictions, de plus en plus fragile et bouleversant, Catherine Lovey nous livre celui de notre époque, sur laquelle elle pose un regard drôle et précis, doucement frondeur. -
Janvier 1985, un mathématicien américain disparait dans le Chili de Pinochet, il a quarante-quatre ans. Né en URSS dans une famille juive, Boris Weisfeiler, surdoué, se résout à quitter sa famille pour pouvoir exercer librement les mathématiques aux États-Unis.
Homme taciturne à la silhouette longiligne, au large sourire, il part marcher seul dans les contrées les plus sauvages dès qu'il le peut. -
« Matlosa » : dans le village de Suisse italienne où Cecchino arrive avec son fils au début des années 1930, c'est ainsi qu'on appelle toute personne dont on ignore la provenance. Pour ce charbonnier lombard qui fuit le fascisme, l'exil est une page blanche à remplir, alors que pour Rosa, son épouse, l'horizon s'assombrit. Quant à Irma, leur fille adolescente, elle prendra très vite l'accent des vallées qui l'accueillent.
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Clous : poèmes hongrois et français
Agota Kristof
- Zoé
- Domaine Francais
- 20 Octobre 2016
- 9782881829581
Les poèmes honfrois d'Agota Kristof racontent la perte, la séparation, l'exil, la mort brutale, mais aussi l'amour, la lumière, la nature...
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Regards sur Chandolin ; Ella Maillart ou la vie immédiate
Ella Maillart
- Zoé
- Domaine Francais
- 1 Octobre 2021
- 9782889279142
De retour d'Inde en 1946, Ella Maillart découvre Chandolin, juché à presque 2000 mètres dans les Alpes valaisannes. Désireuse de s'établir après des années de voyage, elle est fascinée par ce village « inondé de soleil et de silence, au sommet d'une épaule de montagne encadrée de mélèzes ». Elle s'y fait construire un modeste chalet en 1948 où elle passera désormais six mois par an. Au fil des décennies, Ella Maillart photographie le village, ses habitants, la vie religieuse et communautaire marquée par les traditions.
Associés à ces images d'une justesse vibrante, des textes d'Ella Maillart racontent la construction de la route qui dès 1959 relie Chandolin à la vallée, déplorent l'invasion des touristes, menace pour l'équilibre alpin, magnifient la montagne, sublime et dangereuse.
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Berlin, début des années 1990, réunification de l'Allemagne. Un gros poète débonnaire croit devoir écrire le roman moderne sur la capitale. Mais ce n'est pas trop sa tasse de thé. Pendant la nuit de la Saint- Sylvestre, pour obéir à un petit elfe insatiable qui le supplie de lui raconter « quelque chose de beau », il improvise des récits désopilants. Il convoque des souvenirs d'enfance, décrit son travail vain et quotidien, s'inquiète du temps qui passe. Puis, il en meurt sans faire de bruit. Dans ce roman paru il y a 25 ans perce déjà la profonde mélancolie de Matthias Zschokke. À sa manière élégante et allusive, il met en question les clichés sur le roman moderne, la réussite sociale, le couple, la sexualité enfantine, tous thèmes dont l'actualité n'est pas à démontrer.
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Enfant, le dimanche, il se réveillait avant les autres : il lui fallait vider le contenu des tiroirs de son bureau, trier par famille gommes, dessins et pin's, puis classer par ordre d'importance. Dans le tiroir du haut : les objets à sauver le jour où la maison brûlerait.
De l'enfance à l'âge adulte, Bruno Pellegrino cherche une issue entre la hantise de perdre et l'obsession de s'alléger. Sa peur d'oublier l'amène à archiver compulsivement sa vie. Mais la masse vertigineuse de ses carnets le dispute avec le bonheur de réduire à l'essentiel ce qu'il possède.
Le lecteur ne cesse de se reconnaître dans ces pages (parfois hilarantes) sur la raison de notre passion pour la vie des autres, notre besoin de conserver et celui, inverse, de s'alléger. -
De mes nouvelles, c'est une série de textes aux harmonies parallèles, aux échos subtils. Une même narratrice y entremêle souvenirs, récits et son quotidien de femme parisienne, brouillant la frontière entre réalité et fiction : une histoire, un personnage, un objet dans l'imaginaire de l'un des textes, entre dans le réel de l'autre. L'ensemble s'enchâsse à la manière d'une matriochka et propose une réflexion intime et personnelle sur la conscience, l'expérience de l'écriture.
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« Neuf histoires écrites à partir de la musique, des chansons, de ce qu'elles peuvent raconter. Suivre Bashung, Thom Yorke, Bartók, Brahms, Gershwin, Nina Simone, Babx, Amy Winehouse, Nick Cave. Neuf histoires pour affronter le danger, neuf histoires pour s'en tirer. » Sébastien Ménestrier
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Nourri d'un rapport fort entre texte et image, Au pays des Sherpas est construit comme un diptyque. Il décrit un itinéraire qui va de la périphérie vers le centre :
à plusieurs occasions, Ella Maillart rappelle qu'elle vit une quête de sens au « coeur » de l'Asie. La première partie fait la part belle à l'enquête ethnologique :
L'observateur s'efface, les objets et les coutumes sont décrits avec soin de l'extérieur, avec le choix du mot juste utilisé par les autochtones; après l'expérience de l'ascension vers le lac sacré de Gosainkund, le regard se tourne vers l'intérieur, en particulier vers les pratiques religieuses : Ella Maillart abandonne sa neutralité, trouvant sa place dans un pays où une harmonie est possible entre individu et collectivité, entre nature et culture.