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En 1945, Léon Werth fut l'envoyé spécial de la revue Résistance (journal créé à Paris à la fin de l'année 1942 par Jacques Destrée, chef du mouvement d'opposition au régime de Vichy et du nazisme), pour couvrir le procès du Maréchal, aux côtés d'autres journalistes tels Joseph Kessel pour France-Soir, Jean Schlumberger pour Le Figaro. Ses chroniques quotidiennes portent bien leur nom : Impressions d'audience. Elles n'ont rien du compte rendu scrupuleux. Les Éditions Viviane Hamy les ont rassemblées en un volume inédit en mai 1995. Distancié, comme toujours, Werth observe. Il dresse les portraits des acteurs de cette « mascarade » - les avocats, le procureur, Laval, Darnand, Weygand, Daladier etc... - avec une ironie cinglante, et en premier lieu celui de Pétain, « présent absent », « ce contumace par le silence » ... La concision du style lui permet, en une seule phrase, de rendre palpable le ridicule suscité par le décalage qui se creuse entre l'attente des 28 jurés et l'opinion publique, la superficialité des débats qui ne mettent jamais en cause la responsabilité politique et meurtrière de l'accusé.
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Édith Thomas, chartiste, historienne et romancière, fut un être entier, épris de vérité et d'une liberté abrupte et revendiquée. Est-ce pour cela que l'Histoire ne lui a pas rendu justice ? Résistante de la première heure, elle rejoint la rédaction des Lettres françaises et le CNE après la mort de Jacques Decour. Elle en est « la cheville ouvrière, celle qui assurait toutes les liaisons indispensables », écrit Claude Morgan. Dans le même temps, elle s'inscrit au PCF clandestin. Six ans plus tard, en pleine affaire Tito, elle est l'une des premières à en claquer la porte. 1952 : Paulhan publie sa Lettre aux directeurs de la Résistance. Édith Thomas, elle, rédige Le Témoin compromis. Elle y analyse au plus près son cheminement politique et existentiel au cours de la décennie écoulée. Qu'en était-il de la Résistance ? Qu'en est-il du communisme ? Qu'est-ce qui l'a menée à cette partition brutale avec ses « camarades », alors que son adhésion au Parti avait tant signifié pour elle ? Les Éditions Viviane Hamy font reparaître son Jeu d'échecs, publié en 1970, quelques mois avant sa mort. La critique pointe alors la lucidité extrême de ce roman autobiographique qui « propose [...] des éléments nouveaux à l'examen du paradoxe de la femme d'aujourd'hui. Il faudra s'y référer à l'avenir ». Il était donc essentiel de rééditer ces Mémoires afin de mieux appréhender, soixante-dix ans après les faits, le rôle majeur que cette femme hors normes joua dans la Résistance intellectuelle et les années de l'immédiat après-guerre.
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Collectif dirigé par Fred Vargas. « Déni de droit, non respect de la parole de la France et désinformation, tout oblige à lever le voile sur l'affaire Cesare Battisti et sur l'homme, afin que chaque Français puisse atteindre, de manière objective et par l'usage de la Raison chère à Voltaire, à la vérité qui lui est scellée. Cet ouvrage, recueil de textes et de documents, met en évidence, par la seule présentation des faits et loin de toute polémique partisane, combien l'extradition de Cesare Battisti constituerait une injustice profonde pour l'homme, un affront à l'honneur de notre pays et de ses citoyens, et une faute gravissime au regard de l'Histoire. » Fred Vargas
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Mémoires d'outre-siècle Tome 1 ; d'une résistance à l'autre
André Mandouze
- Viviane Hamy
- Contemporains Hamy
- 30 Octobre 1998
- 9782878581034
D'une Résistance à l'autre couvre la première partie (1916-1962) de la vie de l'auteur. Cette promenade si fertile en événements fait apparaître une cohérence sans faille : la foi et l'engagement se vivent dans l'action, au quotidien. La générosité alliée à une lucidité hors pair ont propulsé notre mémorialiste aux avant-postes de tous les combats pour le respect de l'Homme, pour la défense de l'Esprit, et en ont fait un témoin capital de notre siècle. Ce commentaire de l'article qu'il écrivit dans la fièvre pour célébrer la Libération de Paris donne une idée de la personne et de son livre : « Encore aujourd'hui quand je me relis, je suis plutôt heureux d'avoir, à un moment de ma vie, pu écrire cela. L'orgueil ici n'a rien à faire. Mais la confiance en la vie, oui, est bien ce à quoi, en dépit de tout - et même si notre patience est mise à rude épreuve et si demain n'a pas de limite - je reste par-dessus tout attaché. »
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Les cahiers noirs ; journal 1905-1922
Marcel Sembat
- Viviane Hamy
- Les Aines
- 16 Octobre 2003
- 9782878582543
Étonnants Cahiers noirs, témoignage de tous les combats du socialisme unifié d'avant 1920, qui nous livrent également les curiosités d'un esprit sans frontières, les tourments du corps et du sexe, la « merveillosité » du rêve... Député de Montmartre, Marcel Sembat (1862-1922), on l'a trop oublié, fut un journaliste et un orateur hors de pair, militant de toutes les libertés. Paradoxe, 1914 devait faire de ce tribun du pacifisme ouvrier, avocat visionnaire d'une réconciliation européenne, le premier des ministres socialistes de l'Union sacrée. Puis, héritier de Jaurès, face à la scission communiste il défendra la « vieille Maison » de 1905, que Léon Blum, après lui, s'emploiera à reconstruire. Mais il fut beaucoup plus que cela : le pionnier d'une démocratie de la culture, le collectionneur et théoricien le plus précoce de la peinture de Matisse, un inconditionnel du droit à toutes les recherches en art, un lecteur ouvert tant à la nouvelle anthropologie ou à la découverte de Freud qu'aux leçons de Marx, un amateur de Rimbaud, de Proust, de Cendrars... De fait, l'attention aux ressources secrètes de l'imaginaire, chez ce lecteur impénitent, a nourri une singulière sensibilité du regard comme l'audace indispensable à l'utopie sociale. Puisse une époque désenchantée retrouver, à le découvrir, cet « enthousiasme » sans lequel, soulignait-il, il ne saurait être de réelle émancipation ! « Ses neveux m'ont confié que, dans ce haut atelier ouvrant d'un côté sur la Seine, de l'autre sur les bois, ils avaient découvert d'importants fragments de mémoires intimes. Sans doute mettront-ils très haut, à sa vraie place, l'écrivain que fut Marcel Sembat. » Léon Blum, 1925 Présentation et notes de Christian Phéline.
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Jeanne Bouissou fut pendant quatorze ans visiteuse à la Santé. Son témoignage est comme le film, expurgé de tout pathos et de toute sensiblerie, de son apprentissage de la détention : le rôle ambigu des surveillants, « avec » ou « sans » clés, les divisions, le caïdat, la drogue, l'argent, la solitude, l'ennui... À aucun moment n'affleurent la colère ou la pitié dangereuse. Ce qui importe ici, c'est de comprendre, de se placer au plus près de la réalité quotidienne de ces hommes qui ont perdu leur liberté. La question, sans jamais être posée, surgit d'elle-même. Elle naît des situations décrites, des faits rapportés, de l'écoute accordée aux hommes : la prison est-elle la sanction adéquate pour ceux qui ont commis une faute au regard de notre société ?
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Une politique étrangère ; le Quai d'Orsay et Saint-John Perse à l'épreuve d'un regard, novembre 1938-juin 1940
Raymond De Sainte-Suzanne
- Viviane Hamy
- 2 Octobre 2000
- 9782878581331
Le Quai d'Orsay et Saint-John Perse à l'épreuve d'un regard (novembre 1938 - juin 1940) Henriette Levillain, professeur de littérature comparée, spécialiste de Saint-John Perse, et Philippe Levillain, professeur d'histoire contemporaine, membre de l'Institut universitaire de France, ont décrypté le Journal de Raymond de Sainte-Suzanne déposé aux archives du Quai d'Orsay. Ces notes prises au jour le jour confèrent une valeur et une saveur inestimables à ce document inédit. La personnalité d'Alexis Léger se dessine sous sa plume enthousiaste et sévère : une intelligence hors pair, un goût certain pour l'emprise qu'il exerce sur les politiques, Daladier notamment - ne lit-on pas ce mot de Léger : « Il y a autant de volupté à dominer un homme qu'à posséder une femme » -, en font un stratège fascinant et redoutable. De Sainte-Suzanne nous offre par ailleurs une vision de l'intérieur d'un lieu de pouvoir secret et mal connu du public qui joua un rôle fondamental dans l'approche de la Seconde Guerre mondiale. Saint-John Perse (prix Nobel 1960), à l'inverse de nombreux « écrivains diplomates », tels Claudel, Morand ou Giraudoux, n'a rien écrit durant ses années de Quai. Comme s'il avait voulu dissocier Alexis Léger, haut fonctionnaire au service de la France, de Saint-John Perse, poète au service exclusif de la poésie. Ce témoignage lève une partie du voile sur des zones d'ombre de sa « carrière » que la publication des Oeuvres Complètes en Pléiade, sous sa propre direction, n'avait pas élucidées.
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Cesare Battisti : les coulisses obscures
Carlos alberto Lungarzo
- Viviane Hamy
- Littérature Étrangère Hamy
- 6 Février 2014
- 9782878585889
Dix ans ont passé depuis le début de « l'affaire Battisti », qui enflamma démesurément l'opinion publique. L'unanimité et la puissance de la vindicte collective - en France comme en Italie et au Brésil - est un fait sans précédent dans les annales des acharnements judiciaires du siècle. Il fallait donc que l'Histoire s'en mêle, qu'une recherche exhaustive fût rigoureusement conduite, disant tout ne cachant rien, qu'un livre expose enfin l'ensemble des faits auxquels le public ne put jamais accéder. Car il y a droit : qu'a fait, au juste, Cesare Battisti ? Sur quelles bases fut-il condamné à vie, en son absence, sans preuve et sans témoins ? Ne citons qu'un seul fait : les trois procurations par lesquelles Cesare Battisti désigna des avocats pour le défendre sont des faux. Ils furent utilisés durant les onze années de son procès par la magistrature italienne. Un élément trop crucial pour qu'il soit dévoilé : en neuf ans écoulés depuis cette découverte, pas un journal n'accepta de reproduire ces faux. Et pas un tribunal, de France, d'Europe ou du Brésil ne voulut en tenir compte. Pour la première fois, chacun peut ici les découvrir et constater par lui-même la fraude qui lui fut cachée avec tant de soin. Cette fraude-là, mais aussi bien d'autres. Avec ce livre, le lecteur pénètre dans les coulisses obscures de trente années d'Histoire, par le biais de cette stupéfiante affaire, dont le dernier mot n'est pas encore écrit. Frédérique Audoin-Rouzeau, _ alias Fred Vargas