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christian prigent
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Retour à la «nature». Mais moins vue (sites) qu'éprouvée (matières : physique et chimie). Décors et figures roulés dans la farine syllabique, embrouilles avec l'espace, méli-mélo de temps, cadences têtues, ratures pour rire, ratés calculés : appelons ça poésie. On n'y gagne qu'un déséquilibre. Comment s'est-on fourré dans ce guêpier ? : vite fait, un peu d'histoire ; salut à des amis, qui en furent ; un coucou à l'éros qui fait écrire ; et, les temps étant venus, legs des rogatons. Rideau.
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La Haute Note jaune
Bice Curiger, Christian Prigent, Fabienne Radi, Nikolaj Schultz
- Fondation Vincent Van Gogh Arles
- 5 Novembre 2024
- 9791094966327
L'exposition «La Haute Note jaune» conçue par Bice Curiger présente des artistes qui explorent, avec une liberté immense et des moyens d'expression personnels, la peinture en tant que médium permettant d'interroger les fron-tières.
Dans une lettre souvent citée qu'il écrit à son frère Theo, Vincent van Gogh déclare avoir atteint durant l'été 1888 la «haute note jaune» dans sa pein-ture, et évoque combien il lui a été difficile d'en arriver là.
Métaphore désignant un état d'âme nécessaire à la création, cette «haute note jaune» décrite par Vincent constitue également un objectif pictural et artistique. C'est pourquoi cette exposition de la Fondation Vincent van Gogh Arles ne présentera pas que des tableaux jaunes, mais des oeuvres qui révèlent l'état particulier entretenu par certain·es artistes face au réel afin d'y puiser les intuitions nécessaires à leurs pratiques, comme un·e interprète lyrique ten-terait d'obtenir la plus haute note qui lui soit possible d'atteindre avec sa voix.
La «haute note jaune» n'est pour autant pas uniquement un objectif tech-nique, ni seulement l'accomplissement personnel d'un·e artiste face à sa pratique. Elle décrit aussi un désir d'expressivité qui pourrait atteindre ses propres limites, sur le plan formel, idéel ou émotionnel, dans la jubilation heureuse ou dans la douleur et ce, jusqu'à l'explosion - comme dans l'aria de la Reine de la Nuit dans l'opéra La Flûte enchantée de Mozart : «La vengeance de l'Enfer bout dans mon coeur».
Van Gogh lui-même complète sa déclaration dans sa lettre par des vers du poète néerlandais Petrus Augustus de Génestet, issus de La Voie du coeur : «Je suis attaché à la terre / avec des liens plus que terrestres». Nous connais-sons la manière dont Vincent a toujours pensé sa peinture en regard de la terre fertile et du ciel ; mais la foi de Van Gogh en la peinture seule ne résonne-t-elle pas dans ces vers? Et pourrait-on remplacer «terre» et «ter-restre» par «peinture» et «pictural»?
Le catalogue
Cette nouvelle publication bilingue proposera la reproduction de toutes les oeuvres exposées, accompagnées d'un ensemble de textes éclectiques qui permettront d'éclairer et d'ouvrir les perspectives offertes par l'exposition - avec une introduction de la commissaire d'exposition Bice Curiger, deux essais inédits de l'écrivaine et plasticienne Fabienne Radi et du sociologue Nikolaj Schultz, et un long poème de Christian Prigent. -
"Craduire : se doter volontairement d'une incompétence, désapprendre les langues, comprendre autre chose que ce qu'il faudrait. Cette pratique de la craduction court de Rabelais et Molière jusqu'à Verheggen et Desproges, en passant par Hugo, Jarry, etc.
Après un premier opus centré sur l'héritage latin, les auteurs étendent ici leur méthode à d'autres langues étrangères : italien, espagnol, anglais, allemand, grec, portugais, breton. On quitte alors le domaine des citations célèbres et maximes profondes pour celui, plus prosaïque, des guides de conversations, des dépliants touristiques et des indications pratiques.
Ce livre comprend plus de quatre cents énoncés traduits crado modo, ordonnés selon les rubriques des meilleurs magazines. Un appendice donne les traductions officielles couramment proposées par ailleurs pour chacun des énoncés ""craduits""." -
Le livre géant des animaux de la mer
Marie Greenwood
- Gallimard Jeunesse
- Mes Decouvertes
- 11 Septembre 2014
- 9782070661749
Plongez dans les profondeurs et explorez les mers et les océans à la recherche des créatures les plus extraordinaires qui peuplent le monde sous-marin : cachalot, pieuvre géante, grand requin blanc, dauphin, morse et autre requin-baleine... Dépliez les rabats pour découvrir les animaux aquatiques les plus étranges dans un format exceptionnel ! Les gigantesques êtres marins prennent vie, dans leur milieu naturel, au fil d'époustouflantes illustrations 3D au réalisme étonnant. Des pages pleines d'informations et de données passionnantes sur le poids, la taille, la longévité des animaux et mille autres détails. Partez nager avec les baleines, les dauphins et les requins...
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Poèmes au conditionnel, les Poèmepoèmes fondent une métapoésie radicale et dérisoire, conforme au programme du titre : poèmes sur le poème, poèmes du poème, le nec plus ultra d'une poésie drôlement « conceptuelle ». La poésie d'Oskar Pastior est d'une radicalité intraitable et ses opérations de langue d'une subtilité vertigineuse. Tout son style est dans le raffinement à la fois méticuleux et sauvage d'une mise en jeu des langues qui nous assujettissent.
Extrait :
Le poème-dialecte se nourrit de racines de langue de rossignols et de cuisses de grenouilles mais il aime tellement les monts-usambara qu'il en a honte d'autre part on ne doit pas croiser un poème-dialecte sans le saluer de ma part une fois un ventriloque l'avait kidnappé et voulait le faire parler derrière un mur blanc en galles du sud sans rien avoir en contrepartie mais maintenant on peut écrire ce qu'on veut
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Il n'est pas anodin que la première question de l'entretien disposé par Christian Prigent en préambule de ses écrits sur la peinture soit la suivante : « Qu'appelez-vous 'poésie' ? » Lui-même n'en cache pas la raison : « Je ne suis pas un critique d'art. Je regarde la peinture à partir de ce qui m'obsède : le langage poétique. C'est peut-être une façon de ne pas voir comme il faudrait. Mais c'est une façon de voir. Il y a des précédents. »
« Peinture comme poésie » : tel est donc le mot d'ordre que le lecteur trouvera richement décliné au fil de ces quelques cinquante textes écrits entre 1974 et aujourd'hui. Issues de diverses revues et réparties en plusieurs sections, ces analyses critiques concernent tantôt les peintres de Supports/Surfaces (Dezeuze, Viallat, Arnal, Boutibonnes...), tantôt des phénomènes de la peinture ancienne revus par l'oeil moderne (anamorphoses, motifs non figuratifs du Livre de Kells...), tantôt la peinture de grands peintres du siècle dernier (Twombly, Bacon, Hantaï...), tantôt celle de contemporains et « amis » de l'auteur (Pierre Buraglio, Mathias Pérez...), tantôt enfin d'autres disciplines artistiques à l'origine de questionnements semblables (la gravure, l'image pornographique, la photographie...).
Loin cependant d'accumuler des analyses disparates, le livre les enserre dans une armature conceptuelle. Ce qui les apparente, c'est en effet cette même expérience qui fonde aux yeux de Christian Prigent l'identité de la poésie et de la peinture : celle d'un « désarroi » de la représentation, dans lequel la moindre forme se désigne elle-même comme insuffisante en regard du réel informe. Or cette expérience n'est pas uniquement un constat critique, elle est la sensation même dont l'auteur déclare partir lorsqu'il écrit : « Je crois que ce qui fait écrire, c'est la conscience à la fois douloureuse et jouissive de cette 'différence' entre la polyphonie inaraisonnable de l'expérience et le monologue positivé et médiatisé. ».
Ces essais sur la peinture ne sont donc en rien des à-côtés de l'oeuvre, mais le révélateur du questionnement d'un écrivain pour qui, non moins que peinture et poésie, poésie et critique sont intimement liés. -
Le Professeur se compose en 28 chapitres qui sont autant de saynètes pornographiques qui ponctuent une relation amoureuse.
Un vingt-neuvième chapitre, intitulé Fin, clôt ce récit. Chaque chapitre est composé d'une seule phrase, longue (plusieurs pages), écrite selon un rythme lancinant, parfois heurté, syncopé. Il y a ici une confrontation violente entre le travail formel, « abstrait » de la langue, et le sujet, pornographique, où le corps et ses élans sont présents dans toute leur crudité. Ce livre se situe dans une droite lignée bataillienne, il en est même un hommage, où la notion de « pure perte », chère à Georges Bataille, est ici remplacée par Christian Prigent en « part putain ».
L'histoire : un professeur initie une élève à l'amour, selon les codes de la possession. Effectivement, leur relation relève du domaine du sadomasochisme : lui dans le rôle du maître, elle dans celui du sujet docile. Lui édicte les règles, elle obéit et « fait au mieux » : elle accepte toutes les règles du jeu, acceptant pour cela toutes les aventures, même les plus inédites et les plus risquées. Quant à lui, il va jusqu'au bout de son imagination, au bout de son désir.au bout du possible, jusqu'au pire de sa désespérance.
Car dans cette histoire, plus que d'aller au bout de ses fantasmes, le but est bien plus d'oser aller jusqu'au bout de ses peurs, de ses angoisses existentielles, pour tenter de s'en libérer, et la dimension tragique de ce livre est bien, justement, dans la conscience nue de l'impossibilité de cette quête. Derrière ce récit pornographique, se révèle une véritable parabole sur la conscience d'être mortel, au sens philosophique du terme.
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Marathon, la course du messager
Jean-Marc Huitorel, Anne Nicolas, Christian Prigent
- Invenit
- 17 Mai 2024
- 9782376801238
Une exposition présentée du 15 mai au 15 septembre 2024 au Musée de la Poste de Paris. Ce catalogue retrace le parcours de l'exposition Marathon, la course du messager nous invitant à découvrir l'ancêtre du facteur : le messager. La marche et son accélération, la course, sont des marqueurs de l'humain par excellence. De Philippidès le coureur de Marathon (490 avant J.C.), messager le plus connu de l'Antiquité aux Jeux Olympiques, des pèlerinages de Saint-Jacques-de-Compostelle aux premiers pas sur le Lune, la marche est le socle des activités humaines. Si la course est un moyen de déplacement inhérente à l'expérience humaine, elle est également porteuse de messages. Ce catalogue propose différentes visions singulières de cette pratique qu'il nous invite à comprendre à travers l'oeuvre l'art et l'objet patrimonial. Ce catalogue nous présente différentes directions, visions singulières de cette pratique, et nous invite à vivre diverses aventures au moyen de l'art, l'art contemporain et les objets patrimoniaux. L'exposition, ainsi que le catalogue, mettent en lumière les différentes facettes de la course de son parcours, aux corps et accessoires en passant par les messages, ils invitent à se laisser porter par la course du messager.
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Dans ce troisième volet d'un cycle amorcé par Les Enfances Chino (2013), Les Amours Chino (2016) et Chino aime le sport (2017), Chino visite les jardins de son enfance. Ce livre est un roman mais rien n'est chronologique. Entre 1950 et 2019, les époques se mêlent. N'apparaissent que des mondes furtifs, des souvenirs à trous. Tout se forme et se déforme dans une langue qui passe sans crier gare de l'élégiaque larmoyant au mirliton comique, du savant au populaire, du français grand style aux argots.
C'est aussi un grand éloge du jardin. Pas de lieu plus fini qu'un jardin : clos, cadastré, et aucun qui soit davantage capable d'infini. Dans tous passent les odeurs, les couleurs et les bruits qui font resurgir par associations sensorielles la matière d'une vie. Dans ce monde « merveilleux » tout parle, les morts comme les vivants ; même les arbres, les sangliers, les biscottes, la confiture, le café au lait, la lune, les étoiles et les cailloux. L'Histoire s'y déploie parce qu'au fond du décor passent des personnages qui en portent les stigmates. En 1956, à la gadoue du jardin désaffecté de J., ex-parachutiste d'Indo, se superposent les tas de boue de Diên Biên Phu. En 1957, un réveillon en famille au bout d'un lopin glacé fait sortir des sabots des grands-parents les génies de leur monde rural agonisant ; quelques photos de morts ramènent des souvenirs de 14-18 ; la guerre d'Algérie s'incruste à cause de cousins absents, envoyés aux Aurès par la IVème République. Chino au jardin est aussi le conte d'une vocation : « Ferastu poète ? » Aragon et André Breton reviennent tout salés de la pêche à pieds. Francis Ponge reçoit en short dans son bois de pins. Sur l'estran barbotent quelques Têtes-Molles : René Char, Saint-John-Perse, Eluard.
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Ne me faites pas dire ce que je n'écris pas
Christian Prigent
- Cadex
- David
- 1 Avril 2004
- 9782913388505
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Un long poème de Christian Prigent pris dans les couleurs du peintre Serge Lunal : À la Dublineuse est un livre haut en couleur. Le cadeau que Cadex se fait à lui-même.
"Rentrez vos yeux dans vos naseaux" dit le long poème écrit il y a quelques années par Christian Prigent et jusque-là inédit. À la Dublineuse fait dans son titre référence à Joyce et évoque la mer qui sépare la France de l'Irlande. Mais c'est bien de vision qu'il est question dans ces joyeux vers : le paysage mis à plat ressemble à un tableau. Du rose des viandes, au violet du sujet en passant par le "fond rouge/muqueuse de l'eau qui bouge", le texte porte sa propre palette que rehausse les couleurs avec lesquelles il a été imprimé : bleu le plus souvent, il lui arrive d'alterner sur la page le rouge, l'orange et l'outremer. Mais comme si cela ne suffisait pas, le peintre nîmois Serge Lunal s'est emparé de lui pour le plonger dans un maestro de couleurs, vives comme des courants marins les jours de grande marée. Ça secoue drôlement les mirettes d'une double page à l'autre, jouant comme le texte joue, alternant l'invasion des rouges, le surgissement des bleus, noyant ici le texte, le rejetant là sur le bord de la page, lui laissant ailleurs une île de blanc où s'étendre. On connaissait la propension de Prigent à faire jouer les mots comme un potache scatologique ("Je t'ai salie vieille eau d'séant"). Associé à la vigueur du pinceau de Lunal, le comique prend ici quelque chose d'enfantin, dans une apparente spontanéité qui emporte tout. Tout le livre est recouvert de peinture, comme s'il avait été trempé dans la matière même des couleurs. Le travail remarquable de la photogravure nous fait voir les lignes de force et de brisure du geste du peintre, où se lisent quelques citations du mouvement Support/Surface. Un tel livre est inimaginable pour un petit éditeur, le coût de la photogravure devant être prohibitif. À moins d'en faire un livre d'artiste, tiré à peu d'exemplaires et vendus en galerie. Gérard Fabre qui dirige les éditions Cadex en a fait un livre de poésie, destiné à tous (tiré à 750 exemplaires), au prix d'un affreux thriller de grande maison d'édition. Si ce n'est pas un coup de coeur ça !
Hierry Guichard, in Le Matricule des anges
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Pages rosses ; craductions
Bruno Fern, Typhaine Garnier, Christian Prigent
- IMPRESSIONS NOUVELLES
- Traverses
- 2 Avril 2015
- 9782874492464
Ce livre reprend 280 maximes, proverbes et autres citations des bons auteurs latins des "pages roses" des anciens dictionnaires Larousse. Mais au lieu des traductions rabâchées par l'usage, les auteurs proposent des « craductions ». Celles-ci transposent davantage les sonorités que les significations des formules latines : le « craducteur » observe la lettre et écoute le son de la langue ; des dessous de l'usage verbal édifiant, il fait surgir des énoncés toujours surprenants, souvent comiques, volontiers obscènes. Un appendice donne les traductions officielles couramment proposées par ailleurs pour chacun des énoncés « craduits ».
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Recueil de transcriptions de « partitions » composées pour des lectures-performances publiques. Un CD est joint à ce livre, comprenant la lecture par l'auteur, seul ou accompagné de l'actrice Vanda Benes, de la totalité des textes.
Projet : faire éprouver le poids de langue hétérogène, incentré, troué et dissonant dont est faite la rumeur de fond d'où tout écrit tire le matériau qu'il va formaliser.
Cette rumeur, c'est « l'expérience » : non pas la vie nue (une « nature » hors langue) - mais le réseau des représentations toujours-déjà verbalisées dans lequel nos vies se déplacent, se déforment et se reforment.
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Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne Tome 3
Line Amselem, Hubert Haddad, Laure Murat, Mona Ozouf, Christian Prigent
- Editions De La Sorbonne
- Breves
- 17 Septembre 2020
- 9791035105709
Le Livre en question, projet continué avec bonheur depuis 2017 entre la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne et la Maison des écrivains et de la littérature, offre une troisième saison des plus florissantes. Cinq signatures et non des moindres : trois autrices. Line Amselem, Mona Ozouf et Laure Murat, et deux auteurs. Hubert Haddad et Christian Prigent, répondent à l'appel, se saisissent d'un élément des collections de la bibliothèque et rendent vie dans leurs textes à quelques-uns de ses plus beaux fantômes. Ces chemins littéraires nous emmènent dans une contrée de livres et tracent les contours de mondes passé et contemporain.
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- Salut les modernes : Où est, dans la poésie d'aujourd'hui, le nouveau ? Bien présomptueux serait celui qui prétendrait le savoir.
On ne peut faire mieux que s'alerter (question d'oreille) du phénomène de l'invention. Voici quelques écrits poétiques, récemment parus. D'une certaine manière ils font " école ". Une étrangeté coriace s'y affirme qui défie la lecture. Des noms ? : Philippe Beck, Charles Pennequin, Christophe Tarkos. Ces noms ne prétendent pas couvrir le champ. Leurs écrits m'ont simplement donné un peu plus fortement que d'autres la sensation d'un phénomène nouveau.
Affaire de goût, sans doute. Et d'affinités. Dans la différence, aussi bien - éventuellement violente. D'où, adressées à eux, quelques remarques et quelques questions.
- Salut les modernes : Voici quelques lectures, voire explications de textes, dans des oeuvres anciennes (de Lucrèce à Jarry, en passant par Marot, Voiture, Balzac, Maupassant, Mallarmé, Rimbaud, Verlaine). Elles se veulent un peu décalées, un peu décollées vers...
Autre chose (la fiction ? la poésie ? l'aventure de la lettre ?). Elles s'appuient sur une conviction : que les modernes ne sont pas les enfants des anciens mais que, plutôt, la perplexité qui nous vient des modernes nous fait regarder les anciens d'un oeil moins tué d'indifférence et qu'ainsi nous pouvons les réenfanter : les rendre à l'inquiétude de la vie.
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Christian Prigent, quatre temps
Bénédicte Gorrillot, Christian Prigent
- Argol
- Les Singuliers
- 19 Février 2009
- 9782915978452
En construisant son livre selon trois questions : D'où ça vient ? Comment c'est fait ? Ce que ça dit ?, Christian Prigent a radicalement décidé d'entrer dans l'entretien par la face nord de la biographie. En littérature et en poésie, en art, rien n'est banal ni ordinaire. Christian Prigent, interrogé par Bénédicte Gorrillot, qui ne néglige aucune question fondamentale, va là où on espérait le trouver, singulièrement singulier. Pour qui ignorerait l'oeuvre de Prigent c'est un saut de plain pied dans la poésie et la littérature d'avant-garde contemporaines dont il est un des représentants les plus ardents.
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Une relation enragée : Correspondance croisée 1969-1986
Christian Prigent, Francis Ponge
- L'Atelier Contemporain
- 20 Août 2020
- 9782850350184
Francis Ponge a soixante-dix ans lorsque, en août 1969, il reçoit d'un étudiant de Rennes un mémoire consacré à son oeuvre. Cet étudiant, c'est Christian Prigent, alors âgé de 23 ans et fondateur de la tout nouvelle revue TXT. Son oeuvre poétique et critique est encore balbutiante, et pour cause : il semble que pour l'initier, il lui faille en quelque sorte traverser celle de Ponge. « Je m'explique tout par elle », confie-t-il à celui qui se retrouve, de fait, en position de maître. En 1984, dix ans après que la rupture aura été consommée, il lui parlera du « 'meurtre du père' par lequel, peut-être (?) il fallait que je passe pour écrire hors de la fascination de votre travail. »
Correspondance entre un « grand écrivain » et un « jeune homme », selon les termes dans lesquels s'institue l'échange, cette suite d'une centaine de courriers étalés entre 1969 et 1986 a cependant peu en commun avec les Lettres à un jeune poète - ne serait-ce que parce que les rôles, sur la scène littéraire, ne sont pas aussi fermement assignés. Ponge, étant sorti de l'isolement dans le courant des années 1960, cherche à asseoir son oeuvre et à lui assurer des héritiers ; Prigent, lui, cherchant son écriture, évolue très vite sur le plan esthétique et idéologique. Leurs échanges, même empreints d'estime et d'admiration, sont donc également stratégiques, d'autant plus qu'ils impliquent un tiers : la revue Tel Quel, alors importante promotrice de l'oeuvre de Ponge.
Ces lettres, qui relatent entre autres l'introduction de Prigent auprès des membres de Tel Quel, la conception d'un numéro de TXT spécialement consacré à Ponge et les préparatifs du colloque de Cerisy, sont donc un document de notre histoire littéraire récente. Outre qu'elles éclairent la réception d'une oeuvre qui entend incarner « un apport aussi radical (pour le moins !) que celui d'Artaud ou de Bataille à la mutation en cours », elles témoignent de l'effervescence intellectuelle et politique de l'après-68, laquelle sera la cause majeure de la rupture entre les deux interlocuteurs - l'un, gaulliste affirmé depuis Pour un Malherbe, l'autre, porteur des idées du mouvement étudiant - après le virage maoïste de Tel Quel en 1972.
Spectacle d'une transmission ambiguë au-delà d'un fossé générationnel ? Tel est peut-être ce que donne à voir cette correspondance. En ce sens, elle contribue aussi à la compréhension de l'oeuvre de Christian Prigent - « Malaise dans l'admiration », tel est le titre d'un article qu'il a consacré à son aîné en 2014. Signe d'une « relation enragée », pour reprendre l'expression de Benoît Auclerc, concepteur de cette édition. -
Berlin sera peut-etre un jour
Christian Prigent
- La Ville Brûle
- Rue Des Lignes
- 19 Mars 2015
- 9782360120598
Berlin sera peut-être un jour est une réédition revue, complétée et mise à jour d'un ouvrage publié en 2005 aux éditions Zulma sous le titre Berlin deux temps trois mouvements . 10 ans après la première parution de ce texte remarquable, l'un des plus beaux écrits jamais écrits sur la ville, Christian Prigent fait le point sur le Berlin d'aujourd'hui. Il évoque, sur un ton à la fois lyrique, nostalgique et humoristique cette ville qui n'est jamais sortie de son coeur. Cet anti-guide de Berlin est un ouvrage essentiel et rare, le meilleur jamais écrit sur cette ville. L'écriture magistrale de Christian Prigent nous permet de toucher du doigt aussi bien le poids d'une histoire brutale que l'imaginaire de cette ville à nulle autre pareille.
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Dans les «langes» des «coupures de journaux», disait Blaise Cendrars, nous arrive «le bébé aujourd'hui». Le voici, tout juste démailloté. Son lange est un journal, avec ses rubriques (société, politique, sports, sciences, gastronomie, météo, culture...). Chacune d'elles est recomposée en vers satiriques. Mais moins pour «châtier les moeurs» que pour dire, bouffonnement, une stupéfaction un peu effrayée.
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Christian Prigent sous-titre son livre «Roman en vers», et de fait il s'agit à la fois d'un roman, d'un roman autobiographique dans la veine des derniers livres de l'auteur (Demain je meurs, Grand-mère Quéquette), et d'un livre de poésie. Soit une journée à la plage, du «petit lever» au «nocturne» final, en passant par «pique-nique» et «petit quatre-heures». Des personnages passent (parentèle, filles convoitées, déités en stage dans des marines rococo). Des événements ont lieu (idylles, marées noires, footing, noyades). On dialogue sur quelques points de morale et d'esthétique. C'est donc du roman (quoique tué dans l'oeuf). Mais en vers. Ces vers sont métrés (mais impairs, non mélodiques), rimés (même si souvent par acrobaties bouffonnes) et distribués en quelques centaines de quatrains.