Arts et spectacles
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Arts, écologies, transitions : Un abécédaire
Roberto Barbanti
- Les presses du réel
- 4 Juin 2024
- 9782378964856
Réalisé par une cinquantaine d'artistes ou de chercheurs et de chercheures en arts (danse, cinéma, musique et arts sonores, arts plastiques, théâtre, arts numériques, littérature, photographie, performance), et coordonné par un collectif de l'Université Paris 8, ce livre souhaite contribuer au tournant écologique des arts. La notion d'écologie est ici entendue au sens large (dans une perspective guattarienne), et intègre à la perspective environnementale celles des écologies mentale et sociale : les pratiques artistiques se font écosophiques dès lors qu'elles interrogent la notion même d'esthétique, à la croisée de l'aisthétis (le sensible), de l'éthique et du politique. Respectueux de la multiplicité et de la complexité du monde, l'ouvrage est organisé sous la forme d'un abécédaire qui fait état du foisonnement des pratiques artistiques contemporaines en prise avec les enjeux écologiques. Sa forme en est également le reflet, chaque notice assumant sa singularité, du discours académique à des formes d'écritures engagées.
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Une ressource est un gisement aÌeuros exploiter. Cette ideÌ'e forte au 19e sieÌeuroscle reÌ'sonne avec l'histoire manufacturieÌeurosre de Saint- EÌ'tienne. Aujourd'hui, la notion de ressources ne se réduit pas à la seule logique extractive : celle-ci est largement remise en cause. En effet, quand on parle de ressources, on parle de moyens (d'action), ce dont on a besoin pour faire face aÌeuros une situation difficile telle la crise multifactorielle que l'on traverse. PlongeÌ's dans cette eÌ'poque fluctuante marqueÌ'e par l'épuisement annonceÌ' de certaines ressources, la reÌ'aliteÌ' palpable du changement climatique et la mise en doute de certaines certitudes modernes, les designers se sentent « intranquilles ». Dans ce contexte, il devient vital pour eux de re-questionner leur pratique et leurs moyens d'action. Comment les designers pensent-ils la transformation de demain sachant qu'on ne va pas habiter le monde de la même façon ? S'ils n'ont pas la capacité, à eux seuls, de changer le monde, les designers sont une ressource pour projeter des mondes nouveaux, dessiner d'autres trajectoires, mettre en forme des imaginaires... Ils invitent à modifier les comportements, nos modes de vie, de produire, de consommer. Dans le mot « ressource », on entend l'idée de potentiel, de propositions. Le designer met à profit ses ressources pour expérimenter. La recherche dans les écoles d'art et design en témoigne. Le designer est en capaciteÌ' par sa creÌ'ativiteÌ', sa culture du projet, sa gestion des contraintes, sa démarche responsable, de dessiner des formes nouvelles, d'envisager des améliorations ou des adaptations qui prennent en compte les transformations en cours.
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Livre d'artiste avec lequel Lauren Huret se penche sur la question de l'effacement d'images sur Internet (textes de Yves Citton, Claire Hoffmann et Sarah T. Roberts, Manos Tsakiris).
Lauren Huret travaille sur un aspect particulièrement invisible d'Internet : l'effacement d'images qui, paradoxalement, laissent des traces.
Pour gérer le flux d'images violentes, offensives et traumatisantes qui se déversent sans cesse sur les plateformes tels que Facebook ou Instagram, ceux-ci font appel à des entreprises de sous-traitance qui emploient des centaines de milliers de personnes dont la profession, content manager, consiste à trier et censurer ces contenus.
Exposés à des dizaines de milliers d'images traumatisantes chaque jour, soumis à des conditions de travail effrayantes, les content managers - qui travaillent principalement à Manille, aux Philippines - n'ont accès à aucun support psychologique et sont tenus au silence par des rapports obscurs liés à la sous-traitance.
Cette publication présente les recherches et entretiens de l'artiste, comme partie intégrante de sa pratique. Ces textes fournissent des informations de fond qui resituent les sujets abordés dans l'exposition dans un contexte philosophique, psychologique et critique des nouvelles technologies.
Le philosophe Yves Citton élabore son concept d'images « radioactives » et imagine des solutions radicales et réellement démocratiques pour remédier au statu quo.
La journaliste et experte des nouveaux médias, Sarah T. Roberts, donne une introduction historique au fonctionnement de cette industrie de l'ombre et en présente les causes et conséquences économiques globales, démontrant non seulement l'injustice et le déséquilibre de ce système, mais aussi les problématiques liées à la censure et à la liberté d'expression sur Internet.
Dans ses recherches et études, Manos Tsakiris, professeur au département de psychologie du Warburg Institute à Londres, analyse l'impact de l'image photographique sur différents sujets et les conséquences quant à la perception de la réalité, le comportement individuel, empathique et politique.
Ce livre d'artiste présente deux séries de photographies de Lauren Huret : une interprétation contemporaine de l'iconographie de Sainte - Lucie qui met en correspondance cette personnification de la vue et des yeux avec le travail visuel exténuant des content managers , ainsi qu'une série de collages numériques qui reflètent la densité d'informations, avec la superposition d'images, de GIFs et de prises de vues de l'architecture à Manille. -
Un manifeste programmatique provocateur et stimulant de Benjamin Bratton qui promeut de nouveaux modes d'habitation (et d'artificialisation) de la planète, face à la crise environnementale, économique et sociale qui dément radicalement la possibilité d'une poursuite du modèle capitaliste mondialisé actuel.
Aucun retour à la nature, aucune zone autonome, ni aucune colonisation d'astéroïde lointain ne nous permettront d'échapper au saccage que le capitalisme consumériste impose aux populations défavorisées des divers Suds. Benjamin Bratton appelle à accélérer le processus de terraformation en mobilisant à l'échelle enfin planétaire les puissances du design, de la planification et de la computation. Son texte programmatique et provocateur est fait pour secouer notre vision trop confortable d'une écologie localiste et cousue-main, en prônant au contraire une automatisation tous azimuts qui ébranle nos conceptions de la politique comme de l'action. Une autre artificialisation du monde est-elle possible ? Souhaitable ? Évitable ?