Delpire
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« Je disais à l'époque que je voulais faire un film qui consisterait à tourner les 13 boutons d'un poste de télévision en passant d'une chose à l'autre... un poste de télévision fou. » William Klein.
À partir des images et des dialogues du films de William Klein, ce ciné-roman à la mise en page graphique et ludique raconte les aventures de Polly Maggoo, mannequin vedette incarnée par Dorothy McGowan (mannequin pour Vogue dans les années 1960). L'intrigue se partage entre le monde de la mode, celui de la télévision, incarné par Jean Rochefort, et un royaume d'opérette dont le prince héritier, Sami Frey, s'éprend de la jeune modèle.
Critique déjantée d'une époque et de ses démons, ce ciné-roman loufoque est porté par des dialogues et un casting détonnant (Alice Sapritch, Delphine Seyrig, Jean Rochefort, Philippe Noiret, Roland Topor...). Les cadrages ciselés réalisés par un maître de la photographie, rythment la composition des pages du livre. On y suit les folles aventures de cette héroïne hors norme, course brillante à travers les rues et les toits de Paris, dans les cabines d'essayages d'un grand couturier, les studios de la télévision, jusqu'à un lointain palais perdu dans la neige. Un livre burlesque comme le film culte dont il est issu. -
Créateur des vidéos "Contacts" (un photographe explique son choix d'après une planche contact) Klein poursuit l'idée avec ses propres photos. En isolant l'image élue d'une épaisse couche de laque rouge, jaune ou bleue, invente des formes et crée ainsi une oeuvre nouvelle où la peinture démultiplie la présence des photographies.
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À la fin des années 1980, William Klein se prend à considérer d'un autre oeil l'objet « planche contact ». Il s'interroge alors sur son propre procédé de sélection d'images, et, en touche-àtout exemplaire - la première passion de William Klein étant la peinture, qu'il a étudiée avec Fernand Léger -, il en explore la dimension créative. Après avoir isolé l'image de son choix, sa « meilleure image », sur la planche, l'avoir tiré en grand format, il la cerne d'épaisses couches de peinture de l'une des trois couleurs primaires : rouge, jaune ou bleue. Il s'agit, comme l'écrit Robert Delpire, « de sidérer le passant ou le lecteur en le forçant à considérer non plus seulement l'image et sa parfaite composition, mais la virtuosité d'une autre architecture, d'un cadrage supplémentaire qui ne laisse aucune place à l'hésitation ni à la dérobade ».
Rien de décoratif dans sa démarche, mais la volonté de créer un pont graphique entre la peinture et la photographie qui doit être appréciée pour elle-même. Ces « contacts peints », comme il les nomme, sont à l'image du travail profondément inventif de l'artiste.
Contacts a paru pour la première fois en 2008 chez Delpire, éditeur. Nous sommes heureux d'en proposer une nouvelle édition, augmentée, dans un format plus maniable, qui comblera les amateurs de photographies les plus avertis comme le grand public.