Lawrence Durrell
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Justine / Balthazar Mountolive / Clea Préface de Vladimir VolkoffTraduction de Roger GirouxAnnotation et postface de Christine Savinel
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En Grèce, sur une île des Cyclades, un homme se souvient de la ville d'Alexandrie. Avec une mémoire d'archiviste, il raconte ce qu'il a vécu là-bas avant la Seconde Guerre mondiale. Narrateur anonyme, Anglo-Irlandais entre deux âges, professeur par nécessité, il classe ses souvenirs, raconte son amour pour Justine, une jeune pianiste séduisante, un peu nymphomane et somnambule ; il évoque sa liaison avec l'émouvante Melissa, sa maîtresse phtisique. D'autres personnages se dessinent. D'abord Nessim, le mari amoureux et complaisant de Justine, Pombal, le Français, Clea, l'artiste-peintre, Balthazar, le médecin philosophe. Mais Justine, d'abord Justine, est au coeur de ce noeud serré, complexe, étrange, d'amours multiples et incertaines...
En achevant le premier tome de son fameux Quatuor d'Alexandrie (Balthazar, Mountolive et Clea succéderont à Justine et seront publiés entre 1957 et 1960), Lawrence Durrell (1912-1990) en donna à son ami Henry Miller une définition devenue célèbre : " C'est une sorte de poème en prose adressé à l'une des grandes capitales du coeur, la Capitale de la mémoire... " -
Deuxième volet du Quatuor d'Alexandrie, l'oeuvre maîtresse de Lawrence Durrell, publiée entre 1957 et 1960, Balthazar est peut-être moins la suite de Justine que sa reprise, son amplification, selon un nouvel éclairage. Le narrateur et acteur du précédent livre reçoit la visite de Balthazar, le docteur juif, qui lui rapporte le manuscrit de Justine complété d'annotations, d'informations et de vérités contradictoires, qu'il ignorait jusqu'à présent. En un sens, le personnage de Balthazar devient le coauteur de ce second récit qui porte d'ailleurs son nom.
Les mêmes protagonistes sont considérés sous de nouveaux éclairages. La situation politique de l'Egypte entre les deux guerres, la révélation d'un complot copte, la mort de Melissa, la folie de Nessim, la fuite de Justine s'éclairent et s'approfondissent dans cette ville d'Alexandrie, de pure fascination, omniprésente, cette ville des défaites, des amours, des abandons, des décadences et des mélancolies.
La lecture de Balthazar permet de comprendre l'immense succès public que remporta la tétralogie romanesque de l'écrivain anglais. Mais on mesure surtout ici ses audaces et sa liberté formelle. En un mot, sa remarquable modernité.
Roman intimiste mais aussi historique, poétique et philosophique, Balthazar a été écrit en six semaines. -
Clea est le quatrième et dernier volet du Quatuor d'Alexandrie, cette oeuvre magistrale que Lawrence Durrell composa entre 1957 et 1960.
À cette entreprise romanesque aux facettes multiples, il fallait un dénouement. Ce sera donc Clea. Durrell écrivait à Henry Miller : «J'espère ajouter la quatrième dimension - Le Temps dans le dernier volume. » Clea, c'est un peu le « Temps retrouvé » du Quatuor. L'action désormais se situe après les événements rapportés dans Justine, Balthazar et Mountolive. Le narrateur quitte son île pour revenir à Alexandrie. La guerre touche à sa fin. Justine a vieilli, Balthazar est malade et solitaire. Seule, Clea, l'artiste, et, bien sûr, Alexandrie ont gardé leur pouvoir de séduction.
Le roman s'achève sur un échange de lettres entre le narrateur et Clea. Leur liaison s'interrompt. L'histoire se termine et recommence. De nouveau sur l'île, le narrateur entreprend la rédaction de son livre qui commence par ces simples mots : « Il était une fois... » -
Mountolive offre une nouvelle perspective sur les événements relatés dans Justine et Balthazar, es deux premiers volumes du Quatuor d'Alexandrie, l'oeuvre romanesque maîtresse de Lawrence Durrell (1912-1990) .
L'ambassadeur anglais, Mountolive, en devient le personnage principal. Il a parcouru l'Europe de l'avant-guerre, surpris à Berlin le mari de la belle et mystérieuse Justine en train d'acheter de armes pour défendre les coptes contre les Anglais. En bref, il perd ses illusions en découvrant la véritable personnalité de ses amis...
De ce volume, Lawrence Durrell disait : « Un style, totalement différent, une affaire naturaliste. » Ou encore : « Un gros roman orthodoxe.»
Mais il ne faut pas s'y tromper, le bonheur fou et méditerranéen de ce livre au romanesque échevelé et classique n'est peut-être pas si limpide que cela. Mountolive pourrait s'intituler « le livre de la fausse clarté ». Et c'est bien cette ambiguïté de sentiments et de la réalité qui donne à cette oeuvre unique sa mélancolie la plus déchirante. -
Deux mille îles grecques... Il fallait le talent de Lawrence Durrell pour les évoquer en un volume charmant. En effet, Durrell a passé là de longues années de sa vie. Il y a puisé l'inspiration d'ouvrages devenus célèbres : Citrons acides, L'Ile de Prospero. À l'occasion de ce livre, il a revisité nombre de ces îles, dans le dessein de les étudier et de les décrire de façon plus approfondie et plus vaste. Dans un style remarquable, Durrell a mêlé ensemble dans un même élan, une seule coulée, une égale harmonie, la description et l'évocation des sites, l'histoire, les mythes, l'architecture, l'archéologie et les souvenirs d'un voyageur exceptionnel. Exceptionel, car Lawrence Durrell ne peut faire oublier qu'il est l'auteur de l'une des oeuvres majeures du XXe siècle : Le Quatuor d'Alexandrie. Et l'on devine alors que cet ouvrage possède une admirable beauté littéraire. Les îles grecques demeurent un des hauts lieux de la planète. Durrell nous le rappelle avec une langue admirable.
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Lawrence Durrell a toujours été attiré par le taoïsme et par le mélange de philosophie et de règles de vie sur lequel repose cette religion souriante, voire narquoise. À travers la théorie d'un mouvement global des processus naturels où alternent le yin et le yang, il perçoit une esthétique de l'univers qui, pour lui, est poésie.C'est donc le taoïsme qui unifie les deux parties de ce livre où les souvenirs ressortent sous l'interrogation philosophique:deux rencontres avec des êtres qui, chacun à leur manière, symbolisent pour l'écrivain le Tao et lui en révèlent le véritable sens. Grâce à Jolan Chang, l'érudit chinois sexagénaire aux allures d'adolescent, Durrell découvre, le temps d'un week-end, la magie essentielle du taoïsme, ce «point d'équilibre» idéal où s'inscrit l'homme dans le cosmos, où le couple d'amants immortels, incarnation extatique du yin et du yang, vit un orgasme exempt du narcissisme occidental qui réduit l'amour à «une lutte sur l'oreiller entre deux ego acharnés à se dominer mutuellement». Son autre guide, c'est Véga au regard tantrique, avec laquelle il partit un jour à la recherche de Nietzsche et de Lou Andreas-Salomé sur les rives du lac Majeur.Cet univers de souvenirs et de méditation recèle, au fil du texte, d'étonnantes notations qui vont d'un humour débridé à la poésie la plus intimiste.
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Nommé en 1949 attaché de presse à l'ambassade de Sa Très Gracieuse Majesté britannique à Belgrade, Lawrence Durrell va y rester trois ans. Trois ans durant lesquels il observera tel un entomologiste le petit monde de la vie diplomatique. Tandis que la Yougoslavie tremble de peur sous la main de fer du maréchal Tito, les gaffes s'accumulent autour du narrateur : les coquilles foisonnent dans le Central Balkan Herald - un quotidien qui n'est jamais parvenu à rattraper un retard de vingt-quatre heures sur l'actualité -, le train des délégations étrangères se mue en convoi de la mort, la fête champêtre finit en naufrage, les repas cuisinés à l'ail virent à l'incident diplomatique...
Dans ce bouquet de chroniques, il n'y a que du tordant, du loufoque et de l'impertinent. Et quand elle est britannique, l'impertinence est sans limites.
Ce livre est au sens propre désopilant, il est le parfait, le plus sûr antidote aux pluviosités, ventosités, mucosités et morosités des longs hivers, diplomatiques ou non. Jacques Lacarrière -
Fasciné par la beauté des paysages, la richesse d'une nature vibrante de soleil et par l'authenticité des hommes et des femmes qu'il côtoya, Lawrence Durrell livre, avec Citrons Acides, la chronique du quotidien chypriote durant la période trouble des années cinquante.
Les luttes violentes pour l'indépendance qui viendront bouleverser l'idyllique quiétude de l'île annoncent les convulsions de la modernité. Lawrence Durrell, qui pensait ne croiser sur ce caillou que des femmes laides et des hommes buvant comme des trous, découvrira, pour un récit devenu classique, un monde à part marqué par une histoire millénaire.
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Quoi de plus surprenant que de trouver Lawrence Durrell, dans un «petit autocar rouge», en compagnie d'une vingtaine de touristes, parcourant la Sicile au cours d'un voyage organisé ? Ce voyage, Durrell l'entreprend en juillet 1976 sur les instances d'un éditeur new-yorkais en quête d'articles sur la Sicile, et pour tenir une promesse faite à Martine, une amie. Il a d'ailleurs emporté avec lui ses «longues lettres amusantes et tendres» qu'il relit aux villes-étapes et qui remuent en lui des souvenirs nostalgiques de leur passé à Chypre, de leurs longues discussions à l'ombre de l'abbaye de Bellapaix.Le Carrousel sicilien est un livre à la fois divertissant et profond qui enchantera ceux qui connaissent déjà la Sicile. Aux autres, il donnera envie de faire leurs bagages pour aller voir l'aube se lever sur «le plus beau théâtre du monde» : l'Etna.
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«Après plus de vingt ans, ce roman représente encore pour moi quelque chose de très particulier, et le lecteur saura reconnaître en lui le cri de révolte contre la littérature d'un jeune homme en colère des années 30... J'étais particulièrement écoeuré par tout ce que la culture avait momifié et châtré en moi, et je tentai désespérément de me libérer des bandelettes de ce cadavre qui m'étouffait et que je nommais la mort anglaise pour voir si j'avais vraiment quelque chose à dire. D'où ce livre chaotique dans son refus d'obéir à toutes les lois de la composition.»
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Nunquam est l'histoire d'une résurrection, celle de Iolanthe, prostituée d'Athènes, star d'Hollywood, dont on fabrique une réplique parfaite, un robot doué de mémoire et de libre arbitre, plus «réel» peut-être que l'original. Mais la vraie vie ne peut être entièrement soumise aux mécanismes, même les plus ingénieux. Le robot merveilleux est promis à une triste fin.
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L'histoire est contée par un inventeur habité par un grand rêve : créer une machine capable de prédire le destin des individus. Il finit par entrer dans la puissante société Merlin, épouse la fille du fondateur et goûte quelque temps à la puissance que donne la fortune. Mais il tentera bientôt d'échapper à l'emprise de la société et de ses machiavéliques directeurs.Au-delà de l'anecdote et de la critique féroce de toute notre culture, c'est un jeu plus vertigineux que Durrell propose à son lecteur. Convié à son insu à participer à la composition du roman au fil de sa lecture, le lecteur devient en retour un personnage du roman en train de se faire.
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Actee ou la princesse barbare - tragedie en trois actes
Lawrence Durrell
- GALLIMARD
- 8 Avril 1980
- 9782070321926
Les troupes romaines ont envahi la Scythie, ancien empire de Sémiramis, l'aïeule d'Actée. Tout n'est plus que ruines et cendres. Actée, seule survivante de la famille royale, est aveugle : Fabius le général romain est arrivé à temps pour lui sauver la vie à défaut de la vue... et la conduire à Rome en otage. Encore enfant, alors que son père était le gouverneur de cette province, la beauté de la jeune Princesse avait éveillé son attention. Fabius avait fait ensuite un mariage de convenance et le seul trait d'union avec son épouse légitime, Flavia, est la haine. S'il est vrai que l'homme porte en lui une âme aux multiples visages (thème cher à l'auteur), Actée est l'aspect sauvage, l'Éros au féminin de Fabius. Actée et Fabius, les «étoiles croisées» comme les nomme l'auteur, sont aussi complémentaires, et donc différents, que le vertical et l'horizontal, le jour et la nuit, la nature sauvage des Scythes et la culture impérialiste de Rome. Aussi incompatibles que le chaud et le froid et pourtant réunis dans une passion foudroyante par la loi des contraires, car rien d'autre que l'Amour fou ne peut naître entre un général romain et une Princesse barbare... À la cour de Néron, sous le regard narquois de Pétrone, c'est la putrefactio alchimique, la décadence, la déchirure. Les amants y résisteront-ils ? L'enfant de Fabius et de Flavia devient fou, Actée la flamboyante meurt et Fabius, ayant raté le sublime de son destin, sombre dans l'ivrognerie.
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Petite musique pour amoureux
Lawrence Durrell
- Buchet Chastel
- Litterature Etrangere
- 16 Février 2012
- 9782283025208
Tawrence Durrell (1912-1990) aurait eu cent ans cette année.
Pour célébrer cet anniversaire, Buchet/Chastel, son éditeur historique depuis 1957, nous propose sa toute première oeuvre, écrite à l'âge de vingt ans et jamais traduite à ce jour.
Publié à Londres en 1935, Petite musique pour amoureux est le roman d'apprentissage du jeune Walsh Clifton, écartelé entre son Inde maternelle et son Angleterre paternelle, contraint d'abandonner une enfance libre et sauvage dans l'Himalaya pour se plier aux conventions de l'Angleterre étriquée et décadente des années vingt...
Marqué par l'Inde coloniale et animé par une conscience aiguë de l'exil et de la perte, Walsh nous touche par sa candeur désarmante face aux blessures à vif de la passion... Parce que Petite musique pour amoureux est très largement autobiographique et fait la part belle à une expression intimiste des émotions, Lawrence Durrell n'en a jamais autorisé la réédition de son vivant.
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1937. Lawrence Durrell a vingt-cinq ans. Il se retire dans l'île grecque de Corfou. Le but : vivre en un lieu propice au travail et à la méditation, se couler dans l'épaisseur de l'histoire et de la civilisation, écrire au coeur d'une nature exceptionnelle de charmes et de beauté. Le séjour durera près de quatre années, au cours desquelles l'écrivain consigne jour après jour les menus événements qui scandent le quotidien des rencontres, ses sensations, ses désirs. Le résultat est "l'Ile de Prospero", un texte envoûtant et lyrique, à l'écriture raffinée et aux images flamboyantes.
Le titre est inspiré de la pièce de Shakespeare, La Tempête, où Prospero, envoyé en exil, règne sur l'île avec ses pouvoirs magiques.
Ce livre mêle les paysages, les portraits, les anecdotes, le journal, l'histoire. Il concentre tout un univers de lumière, de bleu et d'or. Assurément il s'agit d'un chef-d'oeuvre de Lawrence Durrell, à mettre sur le même plan que le célèbre Quatuor d'Alexandrie. -
Un faust irlandais - moralite en neuf scenes
Lawrence Durrell
- GALLIMARD
- 26 Septembre 1974
- 9782070321414
Le Faust irlandais de Durrell qui se meut dans le décor d'une Irlande à la Yeats, quelque peu médiévale, ne désire ni jeunesse ni puissance. Il aspire à une harmonie basée sur la via negativa des mystiques, qui fait enseignement par le Tao d'une sage passivité. Peut-être Durrell, dont c'est la troisième pièce, nous livre-t-il ici, dans cette moralité en neuf scènes, le coeur de sa philosophie de la vie : un certain quiétisme où le plein est consubstantiel du vide : «J'ignorais, avoue Faust, combien ce néant pouvait être actif.»