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Irmgard Keun
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Il n'y a qu'une ville à la taille de l'énergie de Doris : Berlin ! Fuyant la ville moyenne où elle végète, Doris, séduisante et séductrice, part à la conquête de la Babylone des années 30. Un objectif en tête : devenir une vedette. Elle plonge alors dans un univers éclatant et éclaté : le champagne coule à flot comme les êtres à pic dans la misère. Artistes, mondains, miséreux se lancent à corps perdu dans un dernier tour de piste avant le désastre qui s'annonce en Europe. Ne pouvant compter que sur elle-même, Doris va tout vivre au risque d'être emportée par ce torrent.
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Depuis quelque temps, un prisonnier qui appartient aux Allemands travaille au champ. On m'a dit d'aller lui apporter du café parce que lui aussi, c'est un être humain. Au début j'ai eu peur, parce que le prisonnier est un ennemi. Mais il était tranquillement assis sur une pierre, les mains sur sa pelle, ses yeux étaient fatigués et silencieux, rien ne riait, son menton était gris, tout était triste. J'étais là avec mon café, le ciel était grand et bleu et le champ brun sans fin. Pas un oiseau ne volait. La casquette du prisonnier était posée par terre, ses cheveux étaient comme de l'herbe fanée et s'agitaient dans le vent. Il voulait rentrer chez lui, sûrement. Il vient d'un autre pays. Les autres pays sont loin d'ici, je ne les ai pas encore vus à l'école mais mon père me l'a dit.
Si au moins je pouvais parler avec le prisonnier. J'ai cherché dans les mots étrangers que je connais, il y en a quelques-uns. J'ai dit : « Sésame, ouvre-toi, Abdullah, vodka, Oh là là mademoiselle, État libre du Libéria. » Le prisonnier m'a regardée sans rien répondre, mais il m'a fait un signe, et il a bu son café.
En Allemagne à la fin de la première guerre mondiale, une petite fille de 11 ans pousse son père à lancer une bombe à eau sur la voisine autoritaire et moralisatrice, écrit à l'empereur qu'il ferait mieux d'abdiquer parce qu'il n'a visiblement rien compris à son peuple, évite à un soldat de retourner au front en lui faisant attraper la scarlatine... et s'offusque qu'en plus d'être bornés et ennuyeux, les petits bourgeois réactionnaires qui l'entourent cherchent encore à la punir. Avec une absence totale de sens de la nuance et une confiance en soi qui n'a été altérée par aucun compromis, cette jeune narratrice offre à Irmgard Keun l'occasion de saper efficacement les bases idéologiques de l'Allemagne nazie dont elle s'est exilée, et de présenter l'humanisme et le pacifisme comme des convictions évidentes, relevant du simple bon sens.
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Un chef-d'oeuvre de la littérature allemande, écrit en 1937 et injustement oublié pendant des années, témoignage unique sur les tensions, les ambiguïtés et l'hystérie régnant dans l'Allemagne des années 30, dénonciation sans appel de l'idéologie nazie, un roman plein de charme et d'humour, lors même qu'il décrit les premiers instants d'un cauchemar. Et au passage, la redécouverte - ou la réhabilitation - d'une des personnalités les plus fascinantes de la littérature : Irmgard Keun.
Nous sommes à Francfort, en 1936, et la ville est surexcitée. Partout des banderoles, des oriflammes, les uns ont mis leurs plus beaux habits, les autres leurs uniformes tout neufs. Le Führer vient d'arriver, il prendra la parole à l'Opéra. C'est la fête.
Gaie, vive, jolie, Suzanne Moder a dix-huit ans. Avec ses amies, elle se moque des garçons dans leurs tenues de parade. Amourettes, chansons, discussions passionnées, pourquoi ne pas s'abandonner à ce monde nouveau, enthousiaste et fascinant ?
Mais en réalité, Suzanne a peur. Certains signes l'inquiètent : la police et ses perquisitions, les juifs et leurs regards traqués, les ouvriers qui murmurent...
Témoignage unique sur les tensions, les ambiguïtés et l'hystérie régnant dans l'Allemagne des années 1930, dénonciation sans appel de l'horreur totalitaire, un roman plein de charme et d'humour, lors même qu'il décrit les premiers instants d'un cauchemar. Un chef-d'oeuvre à redécouvrir, par une des personnalités les plus fascinantes et les plus injustement méconnues des lettres allemandes. -