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Hervé Mazurel
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Kaspar l'obscur ou l'enfant de la nuit
Hervé Mazurel
- La decouverte
- Poche Sciences Humaines
- 2 Février 2023
- 9782348077715
Le 26 mai 1828, Kaspar Hauser ?t son apparition sur une place de Nuremberg. Ce jeune homme, qui semblait avoir 16 ou 17 ans, savait à peine marcher et n'avait pas cinquante mots en bouche. La rumeur en?ant, il devint bientôt l'« orphelin de l'Europe » et demeure l'un des plus célèbres « enfants sauvages ».
Arraché au berceau, séquestré quinze années durant dans une cave obscure, coupé de la nature comme des autres humains, Hauser était vierge de toute socialisation. Rien ne le reliait à son temps et à son groupe, pas davantage à sa génération et à son sexe. Habitant un corps étrange, il était doté d'une sensorialité inouïe et d'une intense vie émotionnelle. Et ce jusqu'à ce qu'il vienne au monde une seconde fois et apprenne douloureusement les moeurs et usages de son temps.
Sans délaisser le mystère de ses origines et l'énigme de son assassinat, ce livre révèle, derrière cette vie minuscule, sans équivalent connu, un cas majuscule saisi à la croisée des sciences sociales et des disciplines de la psyché. Éclairant nos façons d'arraisonner le monde, l'examen approfondi de cette trajectoire aberrante dévoile ainsi, en contrepoint, jusqu'à quelles secrètes profondeurs le social-historique s'inscrit d'ordinaire en chacun de nous. -
L'inconscient ou l'oubli de l'histoire : profondeurs, métamorphoses et révolutions de la vie affective
Hervé Mazurel
- La decouverte
- 2 Septembre 2021
- 9782707197085
Et si l'inconscient lui-même n'échappait pas à l'histoire ? En le situant au-delà du social, au-delà de l'histoire, Freud a laissé la psychanalyse prisonnière d'un postulat encombrant. Il a fait comme si la structure de la personnalité qu'il observait chez ses patients viennois à la fin du XIXe siècle touchait à l'homme éternel et non aux représentants d'une époque, d'une culture, d'un univers social particuliers.
Nourri d'histoire des sensibilités, de sociologie psychologique et d'anthropologie critique, ce livre voudrait montrer en quoi notre vie psychique profonde est tout imprimée d'histoire. Pour s'en convaincre, il n'est qu'à scruter, sur la longue durée, les lentes transformations du refoulement pulsionnel et du contrôle des émotions. Elles sont étroitement corrélées aux révolutions silencieuses de nos moeurs, aux altérations souterraines de notre vie affective, aux déplacements discrets des désirs et des interdits, des seuils de pudeur et des frontières de l'intime. De là il faut conclure à l'existence de troubles d'époque et de névroses de classe. Et puis songer aussi au perpétuel renouvellement des fantasmes à partir desquels se meuvent les êtres intérieurs, aux variations du symbolisme des rêves, calquées sur les évolutions de l'imaginaire social et non sur des archétypes universels, ou encore aux mutations sourdes des complexes psycho-affectifs (dont l'OEdipe) au gré des métamorphoses de la famille, de la parenté et des rapports de genre.
Cet ouvrage invite ainsi la psychanalyse et toutes les sciences psychologiques à considérer qu'il a sans doute fallu des siècles d'histoire pour façonner les inconscients qui sont les nôtres. Une chose paraît d'ailleurs certaine : à trop séparer la psyché du social-historique, nous avons longtemps ignoré jusqu'à quel point notre vie affective et psychique demeure, dans ses strates les plus enfouies et obscures, pétrie de social et d'histoire. -
à fleur de peau ? Soudain l'inquiétante étrangeté du toucher ; à bout de souffle ? La société du masque
Hervé Mazurel
- Aoc
- 15 Mars 2021
- 9782956720188
« Nul n'aurait imaginé, il y a un an seulement, nos vies si puissamment ébranlées par l'épidémie galopante. Sans que nous sachions encore s'il s'agit de mutations durables ou momentanées, sinon définitives, la crise sanitaire altère à la fois nos façons de sentir et de ressentir, nos perceptions intimes de l'espace et du temps, comme nos attitudes et gestes coutumiers. » Hervé Mazurel - Historien des sensibilités, Hervé Mazurel s'est autorisé à esquisser quelques analyses à partir de bribes de réalité collectées lors de flâneries dans l'atmosphère étrange d'une métropole frappée par la pandémie et donc bien peu reconnaissable, et où se laissent lire, du fait d'un tel dépaysement, certains signes révélateurs d'évolutions en cours. Au printemps 2020, il avait donné à AOC un premier texte sur la manière dont le toucher se trouvait affecté par l'épidémie, avant d'en donner un second en ce début 2021 dans lequel il s'interroger sur la manière dont une civilisation du masque avait pointé son nez.
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Vertiges de la guerre ; Byron, le philhellènes et le mirage grec
Hervé Mazurel
- Belles lettres
- Histoire Belles Lettres
- 11 Octobre 2013
- 9782251381237
Que la guerre puisse être un objet de désir ? L'idée nous est presque devenue étrangère, tant les deux guerres mondiales ont puissamment déromantisé l'expérience combattante. Mais, à l'âge romantique, la guerre n'était pas tant jugée cruelle et sordide que belle et glorieuse avant tout. Arrimée à la culture de l'héroïsme et au modèle militaro-viril issus des grands conflits européens de la période 1792-1815, elle restait alors pourvoyeuse des plus hautes valeurs morales et esthétiques. C'est ainsi que, dès 1821, désespérant de l'éclipse des champs de bataille après Waterloo, des engagés volontaires venus de tout l'Occident, mêlant vétérans et jeunes romantiques, s'ébranlèrent vers l'Orient, fous d'enthousiasme, pour libérer les Grecs de quatre siècles de domination ottomane.Cette cause, en vérité, leur semblait sainte entre toutes. Au culte de l'Hellade et à la régénération des Grecs modernes, elle associait non seulement l'imaginaire de la croisade mais aussi le combat pour la liberté et celui de l'humanitarisme naissant.Au final, pourtant, l'aventure philhellène tourna au désastre. Car, à force de prismes déformants, le vaste mouvement de sympathie qui toucha les sociétés occidentales fit de ce conflit gréco-turc un puissant « événement-imaginaire ». Or, seuls ces volontaires en définitive firent l'amère expérience du fossé séparant la réalité du théâtre des opérations de l'image que l'on s'en faisait à distance. Sans compter que la mémoire collective n'en voulut retenir dans l'après-coup que la « belle mort » de Lord Byron à Missolonghi, le 19 avril 1824. Que le poète anglais, véritable icône du temps, abolisse par son sacrifice toute distance entre sa vie et son oeuvre, cela semblait alors dépasser toute littérature. Explorant l'histoire de ce fantasme collectif, ce livre s'efforce également de saisir comment de cette funeste expérience sont nés, paradoxalement, tant un mythe au long cours où puiseront ensuite de très nombreux volontaires Malraux s'engageant dans les Brigades internationales en Espagne qu'une profonde attirance en Europe pour les guerres lointaines et exotiques jusqu'à Lawrence d'Arabie au moins.Spécialiste de l'Europe romantique, historien des imaginaires et des sensibilités, Hervé Mazurel est maître de conférences à l'Université de Bourgogne.
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Histoire des sensibilités
Alain Corbin, Hervé Mazurel
- Puf
- Laviedesidees.fr
- 21 Septembre 2022
- 9782130827597
En dépit de racines intellectuelles anciennes, l'histoire des sensibilités est longtemps restée le fait de quelques pionniers. Sans doute parce qu'écrire l'histoire de la vie sensible et affective des individus et des sociétés d'autrefois est un projet aussi séduisant que difficile. S'y refuser revient pourtant à s'interdire toute compréhension véritable des femmes et des hommes d'autrefois. Ayant désormais acquis sa pleine légitimité, ce territoire d'enquête embrasse un large spectre qui va de l'étude historique des sens et des émotions jusqu'à celle des sentiments et passions.
Outre qu'elle sonde les relations du corps et de l'esprit, comme le partage nature-culture, cette histoire à fleur de peau autorise de riches déplacements dans l'articulation concrète des histoires singulières et des expériences collectives. À travers des exemples situés, l'ouvrage donne à voir tout ce que cette forme d'histoire anthropologique portant sur les façons de sentir et de ressentir, d'ici et d'ailleurs, d'hier et d'aujourd'hui, peut apporter à l'intelligence des sociétés. -
Sensibilités n.11 : insensibilités
Clémentine Vidal-Naquet, Anouche Kunth, Quentin Deluermoz, Hervé Mazurel, Thomas Dodman
- Anamosa
- Sensibilites
- 26 Janvier 2023
- 9782381910604
Qui veut éclairer les ressorts sensibles de la vie sociale doit affronter un jour ou l'autre le vaste continent de l'indifférence, de la désaffection, de l'absence de sentiment. Ce numéro anniversaire de Sensibilités lui en donne l'occasion. En rappelant, d'abord, que le contraire de l'émotion n'est pas tant la raison que l'insensibilité précisément : aux êtres comme aux choses.
Et l'on songe ici à ces indifférences logées au creux du quotidien. Celles qui se sont installées dans nos vies face à l'incessant chaos du monde, dans nos rues au contact de la misère sociale et affective, au sein de mégalopoles travaillées par la montée de l'individualisme. Mais cette puissance d'inattention trahit aussi, outre nos refus de voir et nos lâchetés partagées, l'anesthésie d'une sensibilité sur-sollicitée par l'information continue.
Observer l'insensibilité, c'est aussi entrevoir d'autres formes de sensibilités, parfois plus aiguës, plus intenses. L'insensibilité d'ailleurs, loin d'être seulement subie, peut être aussi désirée. Elle relève alors d'un travail, d'un façonnement des esprits et des conduites. Qu'il s'agisse des techniques d'endurcissement enseignées dans les casernes, de la distance émotionnelle minimale nécessaire aux soignants à l'hôpital ou encore de la surdité des savants à la souffrance animale dans leurs laboratoires. Plus paroxystique encore : celle de l'ascète, qui s'élève grâce à la négation de son corps ; celle du bourreau, qui ne s'exécute qu'en voulant congédier l'émotion.
L'insensibilité, degré zéro de la sensibilité, vraiment ?