On peut penser son village, son pays, son continent dans les limites de leurs horizons respectifs. Qui veut penser la planète doit aussi se tourner vers les pôles. Les pôles définissent l'axe de rotation de notre planète. Nous découvrons aujourd'hui qu'en prêtant attention à ces zones extrêmes et remarquables, au-delà de la curiosité et de l'émerveillement ébahi qu'elles nous inspirent, nous nous exposons à des questionnements inédits et mesurons l'étendue de nos responsabilités. Grand arpenteur des paysages polaires, le romancier François Garde, qui fut administrateur supérieur des Terres australes et antarctiques françaises (2000-2005), tire de sa connaissance intime des extrémités boréales et australes, et de son plaisir à la faire partager, une juste vision de ce que ces espaces sont aussi devenus pour nous : une source d'inquiétude, une raison d'agir et le marqueur de notre destinée. Mais si les pôles ont leur géopolitique, indissociable de l'évolution globale de nos sociétés et du gouvernement du monde, ils ont aussi leur morale, faite d'obstination et de patience, d'humilité et de solidarité. C'est au nom de celle-ci que François Garde intervient dans le débat.
Il fut l'un de nos derniers explorateurs. Au lendemain de la guerre, il suscite la volonté politique de la France d'être présente en Antarctique et, pendant trente ans, dirige les expéditions polaires en terre Adélie. Il ne passe cependant aucun hivernage au pole Sud, et lorsqu'il revient à Paris, il mobilise tous ses talents pour faire partager son rêve et trouver les moyens de mettre en oeuvre un programme scientifique sur cette autre planète qu'est le continent blanc. Toujours en quête de nouveaux horizons, il se lance dès le début des années 1960 dans la défense de l'environnement, déplorant la «bêtise» des gouvernements et des individus qui font passer leurs intérêts immédiats avant l'intérêt général de la planète. En 1977, au faîte de sa popularité, il se retire à Bora Bora, où il devient Mata Uira, «Yeux étincelants». Il continue à plaider en faveur de la France antarctique, tout en se souciant d'entretenir sa légende dorée. Il meurt en Polynésie en 1995.
Les institutions de la Nouvelle-Calédonie, fixées pour l'essentiel, conformément à l'accord de Nouméa du 5 Mai 1998, par la loi organique du 19 mars 1999, sont profondément originales et parfois même en rupture avec les traditions les mieux établies du droit français. Ce livre tente non seulement d'expliquer la nouvelle donne institutionnelle, mais aussi de montrer de quelle dialectique elle résulte.