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Un ouragan emporte nos sociétés hyperconnectées et hypermédiatisées. Le vent a tourné, nous l'éprouvons tous fortement. L'époque n'est plus seulement à la manipulation et au formatage des esprits, comme encore au milieu des années 2000, quand régnait sur le discours médiatico-politique le storytelling.
L'explosion du Web, l'éclosion des premiers réseaux sociaux créaient l'environnement favorable à la production et à la diffusion d'histoires. Or, de même que l'inflation ruine la confiance dans la monnaie, l'inflation des stories a érodé la confiance dans les récits. Le triomphe de l'art de raconter des histoires, mis au service des acteurs politiques, a entraîné, de manière fulgurante, le discrédit de la parole publique...
Dans le brouhaha des réseaux et la brutalité des échanges, la story n'est plus la clé pour se distinguer. La conquête de l'attention, comme celle du pouvoir, passe désormais par l'affrontement, la rupture, la casse des « vérités ». Désormais, viralité et rivalité vont de pair. Fini le storytelling ? Bienvenue dans l'ère du clash !
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Depuis la fatwa lancée contre Salman Rushdie, les meurtres d'écrivains se sont multipliés, en Iran, en Algérie, en Afghanistan, en Égypte... Mais la censure prend aussi de nos jours des formes moins repérables, celles qui installent partout le règne de l'homogène et sa phobie de l'art et de la fiction. Car la fiction menace le monde. Et le monde s'efforce de la conjurer. C'est une lutte sans répit, un combat inégal qu'interrompt souvent le gong des hôpitaux psychiatriques, ou simplement l'épuisement et la mort. Gogol signe sa reddition, brûle ses papiers et meurt. Kafka se tait et remet sa silhouette aux biographes et aux embaumeurs. Flaubert s'endort en colère. D'autres destins sont aussi évoqués : ceux de Broch, de Gombrowicz, de Kis... Mais la fiction ne cesse pourtant de rebondir ; ailleurs, aux confins de la langue et du territoire. Bouleversant les usages, heurtant le goût et les tabous, elle va son chemin et revendique son indépendance. C'est ce combat que raconte Tombeau de la fiction, qui peut aussi se lire comme un manifeste pour la liberté littéraire.
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Devenir minoritaire ; pour une nouvelle politique de la littérature
Christian Salmon, Joseph Hanimann
- Denoel
- Meditation
- 15 Mai 2003
- 9782207254745
" J'en suis revenu, au bout de dix ans, de cette ambition de créer une organisation mondiale dont la.
Légitimité reposerait sur un certain nombre de grands auteurs, de grands noms de la littérature. Une société au capital symbolique. Non pas une société anonyme mais un groupe d'Auteurs Connus, une association d'Illustres. D'où le malentendu constant avec les médias : qui êtes-vous ? D'où parlez-vous ? Voilà les questions de l'inquisition médiatique ! Nous sommes des ombres. Des ombres qui se déplacent guidées par des voix.
À la recherche des voix. Comme on le fait lorsqu'on est perdu en forêt. Des ombres qui parlent à des ombres. Des voix qui s'interpellent dans l'obscurité. Pour écouter et entendre. II faut devenir ombre ! C'est vrai des individus, c'est aussi vrai des agencements collectifs. Voilà ! Nous allons perdre le nom de Parlement. Nous allons, comme dirait Deleuze, "défaire le visage ", devenir imperceptibles. Tant pis pour les physionomistes du pouvoir et des médias.
Nous entrons dans la clandestinité ! " À l'occasion du dixième anniversaire de sa création, le Parlement international des écrivains a décidé de s'autodissoudre. Christian Salmon qui en fut l'animateur s'en explique dans ces entretiens. Avec Joseph Hanimann, correspondant à Paris de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, il revient sur une décennie d'engagement et tente d'explorer les voies et les formes d'une nouvelle politique littéraire.