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GALLIMARD
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«Écrire, parler sur des tableaux ? Les tableaux ne parleraient donc pas d'eux-mêmes ? Ne serait-ce pas ajouter un bavardage inutile, un obstacle au libre plaisir des images ? Justement, non. Le paradoxe n'est qu'apparent. Autant que de toile, de bois, de pigments, les tableaux sont faits de mots. Pas de voir sans savoir.On ne voit pas avec ses yeux (ou seulement un peu), mais avec sa langue, son oreille, sa mémoire des mots (peut-être aussi bien son odorat). Sans énonciation, pas d'éveil de l'image. Engendrés par des textes, donc, les tableaux engendrent eux-mêmes des textes, à l'infini, comme dans une énumération de générations bibliques. Montrer, décrire, énumérer, narrer, comparer, interpréter, juger. Toute image est déjà discours. Tout montage d'images n'est que montage de textes. L'image d'une image est déjà une façon de lire. Lire l'Histoire, les mythes, les personnages, le paysage, les croyances, les objets, les couleurs pures ou mêlées, les corps nus, l'Enfer, le Paradis. Seule la jouissance des mots transcrit celle des images.»
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Par une belle nuit d'été, à la faveur d'une fête, trois personnages se glissent au coeur de Pompéi : un homme, le narrateur, et deux femmes, une star de cinéma britannique et une jeune archéologue italienne spécialiste de l'érotisme antique. Dans les ruines des villas romaines, les trois complices se prêtent en toute simplicité à divers jeux amoureux. A la façon des Mille et Une Nuits, ils laissent s'écouler les heures en se racontant histoires et anecdotes qui mêlent les temps anciens aux temps modernes, le sexe antique à celui d'aujourd'hui. La silhouette menaçante du Vésuve plane sur ces scènes et déclenche les souvenirs du narrateur. Des souvenirs liés au volcan, à la ville de Naples, à sa baie et à ses îles enchantées, et qui semblent ponctuer toute une vie pour aboutir à cette nuit pompéienne.
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Un jeune marin à peine sorti d'une adolescence rêveuse fait escale à Valparaiso vers la fin des années cinquante. Port mythique, vénéré par les marins du monde entier, célèbre pour ses légendes, ses chansons, sa proximité relative avec le cap Horn, ses navires, ses escaliers entremêlés, ses ruelles labyrinthes, ses ascenseurs rouillés, ses bordels crasseux, la ville est aussi une sorte de piège, un bout du monde où l'exil et l'esprit d'aventure sont poussés à l'extrême, une expérience à sens unique dont on ne ressort pas indemne. À quai ou agrippé à l'échine des vagues, le héros de ce roman laisse derrière lui de formidables moments de vie, un sillage grouillant et étourdissant, une porte ouverte sur l'univers des sens. Il ne reste plus au lecteur qu'à s'embarquer pour partager cette course des tropiques.
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Le Vieux-Port de Marseille au temps de sa splendeur. Un soir de l'été 1875, deux très jeunes gens, un Français et un Polonais, se rencontrent au bord des quais pittoresques de la ville la plus remuante d'Europe. Ils sont tous les deux profondément marqués par l'Odyssée, par Victor Hugo, par Jules Verne et surtout par Baudelaire. Ils ne rêvent que d'aventures exotiques, de mers lointaines, de déserts ou de tempêtes, de rencontres surprenantes, de terres inconnues, de peuples sauvages. L'un deviendra le plus célèbre des poètes français, disparaîtra au loin, connaîtra une étrange carrière, exil, errances, avant de revenir mourir dans la capitale phocéenne. L'autre, d'abord marin pendant vingt ans, changera de langue et se métamorphosera en l'un des plus grands romanciers britanniques du XXe siècle. Ils ne se reverront jamais et pourtant leurs vies se croisent et offrent de troublants parallélismes, au coeur d'une Histoire fort mouvementée, de la Commune à la Grande Guerre. Le lecteur devinera aisément les noms de ces deux personnages devenus légendaires dont les destins croisés composent un vrai roman d'aventure et d'inquiétude.
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Dans Folioplus classiques, le texte, enrichi d'une lecture d'image, écho pictural de l'oeuvre, est suivi de sa mise en perspective organisée en six points :
- Vie littéraire : Itinéraires d'une oeuvre-monde - L'écrivain à sa table de travail : Les Mille et Une Nuits : une histoire de contes - Groupement de textes thématique : Créatures surnaturelles - Groupement de textes stylistique : Le rôle d'une description - Chronologie : Les Mille et Unes Nuits dans le temps - Fiche : Des pistes pour rendre compte de sa lecture Recommandé pour les classes de collège.
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«Pourquoi ne pouvons-nous pas voler comme les oiseaux ? Les êtres humains sont parfaits, ils ont cinq sens, ils peuvent parler toutes sortes de langues, ils ont des membres adaptés à la marche et à la course, façonnés pour se saisir de n'importe quoi et utiliser n'importe quel instrument. Ils peuvent tourner la tête et regarder dans toutes les directions, ils sont capables de faire des milliers de choses très différentes mais... Mais ils ne peuvent pas voler ! Ce serait pourtant la chose la plus joyeuse du monde. Souvent la nuit, il vole. Sans ailes, sans rien. Ça se passe très bien, couvertures et draps se soulèvent, il flotte un peu au-dessus de son lit, la fenêtre s'ouvre toute seule, il glisse comme une plume dans la cour, il monte à la hauteur des toits, il est emporté lentement, il franchit les toits du théâtre, il voit sa rue, son quartier, il glisse vers la Seine, ses ponts, il n'a pas besoin de se diriger, un vent léger souffle qui l'entraîne tranquille, il monte, il redescend quand une cour ou un jardin lui plaisent, il se sent toujours porté, il remonte, rase les façades noires, file devant les fenêtres allumées, la sortie des théâtres et des cinémas, les gens lèvent la tête, rient, lui font des signes de la main, il continue, survole le métro aérien, les péniches, les bateaux-mouches, les Halles avec tous les marchands qui préparent leurs étalages pour le matin, il revient vers la tour Eiffel, tourne autour, Paris lui appartient, puis son quartier, sa cour, sa fenêtre ouverte, il retrouve toujours son lit.»
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Comment écrire sur Casanova, qui s'est lui-même chargé de tout dire sur ses aventures, périlleuses, amoureuses, rocambolesques, dans Histoire de ma vie ?
Jaubert relève brillamment le défi en un récit composé d'une trentaine d'historiettes, pièces de théâtre, dont Casanova est le héros, faisant fi de la chronologie et empêchant ainsi l'ennui dont son sujet aurait eu horreur. L'insatiable curiosité de l'auteur ne se hausse jamais du col et permet de décrire, au détour d'une phrase, une anecdote incroyable, une nouvelle péripétie. Venise est partout, dans ses prisons où Casanova a tant souffert, dans les gondoles, dans les bordels, dans les salons où l'on pratique la magie. Casanova est hanté par le sexe et l'on découvre cent portraits vifs de jeunes charmeuses. Mais il manie l'humour avec verve, même à ses dépens. Le corps est là, décrit dans ses fonctions les plus nobles comme les moins ragoûtantes. Le lecteur est bousculé par ce fil sans cesse rompu, repris, rabouté, et est entraîné inexorablement dans un univers de poète, un peu truand, drôle, souvent sentimental.
Venise au XVIIIe siècle sert de toile de fond à ces tableaux. Les récits d'Alain Jaubert forment un portrait diffracté, inoubliable, d'un homme extraordinaire, un prince des Lumières fragile et attachant.
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La moustache d'Adolf Hitler et autres essais
Alain Jaubert
- GALLIMARD
- L'infini
- 1 Septembre 2016
- 9782070197347
«"Pour ce qui est du je-ne-sais-quoi dont les traits sont plus marqués, il est presque universel : il fait son impression sur le sentiment même du vulgaire, qui en est touché, bien que ce soit ordinairement sans y réfléchir", écrit Gracián.
Voici donc de l'inconscient avant la lettre : la moustache serait-elle un je-ne-sais-quoi?
Répondre à une question par une question est bien sûr une insulte à la raison, à moins d'être en présence d'un Socrate, mais peut-être les images - photos, films, caricatures, affiches, graffitis - ne se laissent-elles pas prendre à la logique des textes. Elles ne permettent pas non plus de réduire la tyrannie obsédante d'un visage à des équations. Les images renvoient à d'autres images, et le visage d'Adolf Hitler, aussi laid et comique soit-il, appartient à une histoire de la peur et de la séduction, à une histoire du sacré et de la profanation des idoles, en un mot à une histoire des images qui reste en grande partie à écrire.» Alain Jaubert.
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L'Art pris au mot ou Comment lire les tableaux...
Valérie Lagier, Dominique Moncond'huy, Henri Scepi, Alain Jaubert, Collectifs
- GALLIMARD
- 10 Mai 2007
- 9782070776054
Que comprenons-nous des tableaux que nous voyons ? Et d'abord, que voyons-nous ? Des couleurs, des formes agencées, des perspectives plus ou moins justes ? Que reconnaissons-nous de nous-mêmes, de notre quotidien, de notre imaginaire ? Qu'est-ce qui nous touche, nous émeut, nous fait frissonner ou nous ravit ? Que lisons-nous ? C'est à toutes ces questions que cet ouvrage répond en proposant de cheminer parmi trente chefs-d'oeuvre, depuis la position du spectateur innocent jusqu'à celle de l'amateur éclairé. Regarder, comprendre, aimer : un parcours idéal. Dans ces 30 lectures de tableaux : - un face-à-face permanent avec la littérature (une centaine de textes cités) - des informations techniques, des anecdotes vivantes, des ouvertures sur d'autres expressions artistiques, sous forme d'encadrés - d'autres tableaux qui réinterprètent le thème (plus de cent reproductions) Et pour garder sous les yeux les tableaux commentés : - 30 reproductions sous forme de fiches.